Les fausses confidences, Marivaux, acte I, scène 2
Étude de cas : Les fausses confidences, Marivaux, acte I, scène 2. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar carla dadomo • 26 Avril 2021 • Étude de cas • 714 Mots (3 Pages) • 901 Vues
Une intrigue se prépare
Dorante vient de se faire engager par Araminte, une riche jeune femme, comme intendant. Il rencontre son ancien valet, Dubois, désormais au service d’Araminte. Il est d’accointance avec elle pour séduire la jeune femme.
Dorante :
Quand pourrai-je reconnaître tes sentiments pour moi ? Ma fortune serait la tienne ; mais je n’attends rien de notre entreprise, que la honte d’être renvoyé demain.
Dubois :
Eh bien, vous vous en retournerez.
Dorante :
Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu’il y a de mieux, veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances ; et tu crois qu’elle fera quelque attention à moi, que je l’épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ?
Dubois :
Point de bien ! Votre bonne mine est un Pérou[1]. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, monsieur, vous vous moquez ; il n’y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible. Il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de madame.
Dorante :
Quelle chimère[2] !
Dubois :
Oui, je le soutiens ; vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise.
Dorante :
Elle a plus de cinquante mille livres de rente[3], Dubois.
Dubois :
Ah ! Vous en avez bien soixante pour le moins.
Dorante :
Et tu me dis qu’elle est extrêmement raisonnable.
Dubois :
Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant ; vous m’en direz des nouvelles. Vous l’avez vue et vous l’aimez ?
Dorante :
Je l’aime avec passion ; et c’est ce qui fait que je tremble.
Dubois :
Oh ! Vous m’impatientez avec vos terreurs. Eh ! que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m’en charge, je le veux ; je l’ai mis là. Nous sommes convenus de toutes nos actions, toutes nos mesures sont prises ; je connais l’humeur de ma maîtresse ; je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis ; et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est ; on vous épousera, toute fière qu’on est ; et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes ; entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître ; et il parlera. Adieu ; je vous quitte ; j’entends quelqu’un, c’est peut-être M. Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) À propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L’amour et moi, nous ferons le reste.
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