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Critique littéraire Chanson douce

Fiche : Critique littéraire Chanson douce. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Janvier 2018  •  Fiche  •  728 Mots (3 Pages)  •  770 Vues

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Sujet d'invention

     Cela faisait sept ans que Christophe exerçait son métier de veilleur de nuit. Sept ans à dormir le jour, sept ans à toujours être fatigué, sept ans à travailler dans le même musée, à tous les soirs répéter la même ronde, à passer devant les mêmes oeuvres, les mêmes tableaux, sept ans que ce portrait l'hypnotisait sans qu'il sache pourquoi, sept ans qu'il s'arrêtait devant cette jeune femme qui lui semblait familière, comme s'il la connaissait d'une autre vie. Sept ans, aussi, qu'il était malheureux. Seul.

    Ce portrait lui était spécial. Il avait quelque chose d'indéfinissable, semblable à une aura mystique, une lumière dans le regard, comme s'il était toujours éclairé. Christophe se lassait de son métier, mais cette peinture le tenait en haleine et paraissait presque le raccrocher à la vie. "Pourtant, pensait-il, ce portrait n'est qu'un portrait."

    Comme chaque soir, à vingt-et-une heures, Christophe commençait sa ronde, passant dans ces allées qu'il connaissait par coeur, marchant lentement, respirant doucement, en silence. Il s'arrêta devant le portrait et le contempla, comme à son habitude. Malgré la pénombre dans laquelle il observait cette femme, il en connaissait chaque détail sur le bout des doigts. Mais quelque chose avait changé. Un détail infime, dont il ne parvenait pas à saisir la nature, et qui lui avait donné un tout autre aspect, une dimension étrange, une impression de vie plus forte encore que celle qu'elle donnait déjà. Alors il s'approcha, pour l'observer de plus près, essayer de saisir ce qui avait changé ; mais c'était impossible.

    Soudain le portrait battit des cils et se mit à sourire. Christophe, interloqué, n'osa bouger. En ce soir de pleine lune, il était éberlué. Sous ses yeux grands ouverts, la jeune femme s'animait, se réveillant d'un long sommeil. Il voulait la toucher pour être sûr qu'il ne révait pas mais il ne controllait plus rien, pas même ses muscles. Il ne sentait plus son corps, comme hors de lui-même. Elle prit la parole et lui dit :

- Christophe, je n'ai que peu de temps, alors je vais aller au plus vite. Je ne suis pas là par hasard, je sais que tu m'observes chaque nuit et je te connais désormais mieux que quiconque. J'aimerais savoir si tu es heureux.

Il n'avait jamais réfléchi à son bonheur. Etait-il heureux ? Savait-il au moins, ce qu'était le bonheur ? L'avait-il déjà connu ? Il pensa à sa vie, plongea dans ses souvenirs les plus lointains : il avait toujours été seul, se tuant au travail pour au final, ne toucher qu'une misérable somme d'argent. Pas de famille, pas d'amis ; seulement le silence des tableaux. Il avait tout donné mais rien reçu en retour, insatisfaction éternelle. Elle continua :

- Te rends-tu compte de ce que tu rates ? Cette vie à laquelle tu ne goûteras jamais si tu ne change pas ?

- Mais je t'ai toi, ma belle de nuit, répliqua Christophe, lui-même peu convaincu par cette affirmation.

- Mais je ne suis qu'un coup de pinceau sur une toile, un tableau parmis tant d'autres, dit-elle en riant doucement. Un tableau n'est pas une source de bonheur, tu comprends ? Tu ne peux pas continuer à te morfondre, tu dois sortir, rencontrer des gens. Tu désespères d'être seul mais tu ne fais rien pour changer. Tu travailles et tu dors, ça n'est pas une vie... Tu me considères peut-être comme une compagne mais il n'en est rien, jamais un tableau ne pourra te rendre aussi heureux qu'une vrai femme. Il te faut quelqu'un de réel.

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