Le blocage de la mobilité ouvrière et l’exacerbation des luttes de concurrence.

Exposé td sociologie « le blocage de la mobilité ouvrière et l’exacerbation des luttes de concurrence » dans Retour sur la condition ouvrière. Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard. Stéphane Beaud et Michel Pialoux.

I/ Les relations entre les ouvriers professionnels et les ouvriers spécialisés au sein de l’usine.

Les ouvriers sont divisés en deux groupes : il y a les OP (ouvriers professionnels) et les OS (ouvriers spécialisés). Les OP correspondent au « groupe supérieur » tandis que les OS sont « sans qualification ». Jusque dans les années 70, les OP représentaient l’élite ouvrière de l’usine. On peut dire que les OP sont comme un groupe de référence pour les OS. En effet les OP sont autonomes, ils ont une situation enviable, par exemple ils ont leur propre maison …

Donc dans l’âge d’or de la classe ouvrière il y avait un système de promotion. La voie de promotion la plus courante a été celle de devenir OP ; en passant par exemple par l’école d’apprentissage Peugeot (EAP) par exemple. Dans les années 1970-1980, il y a une sorte d’osmose entre la culture des OP et celle des OS, par exemple les OP ont intégrés les OS dans le syndicat ouvrier. Ils partagent les mêmes valeurs comme celle de la solidarité. Cependant il y a quand même des différences : les OP travaillent en horaire normal tandis que les OS travaillent en tournée. Les OP ont du temps, ils pratiquent des activités semi-clandestines alors que les patrons sont au courant et impliqués . Chacun y trouve son compte, on peut donc parler de corruption.

On pouvait observer une certaine solidarité mécanique de Durkheim : car on retrouvait un fort sentiment communautaire, ainsi qu’une pression du groupe, des similitudes etc. C’est à partir des années 80 que la relation entre les deux groupes a commencé à se dégrader. La robotisation, la modernisation ont entraîné la disparition de postes de travail que les OP occupaient. On parle alors de marginalisation des professionnels dans l’usine. Progressivement l’effectif des OP se réduit : passant de 6000 en 1980 à 2500 à 1993, et leur moyen d’âge évolue : passant de 44,5 ans en 1985 à 49 ans en 1995. Face à cet événement les ouvriers ont eu peur de ne plus pouvoir obtenir de promotion ce qui a eu un impact sur leurs rapport. Durant la récession de 1991-1992 certains OP ont dû faire le travail des OS mais n’étant pas habitués à ces conditions de travail, leur baisse de productivité à entraîné la suppression ou la diminution de primes collectives. A surgi à cet instant un sentiment d’humiliation chez les OP, ils se sont sentis rabaissés alors qu’ils avaient toujours voulu marquer la distance entre eux. La peur chez les OP et chez les OS a dissolu le groupe ouvrier, on parle de « chacun pour soi », on voit apparaître de la concurrence au travail. Les OP ont donc suivi une formation par peur du déclassement. Les OS eux, ont peur du licenciement. C’est aussi à partir de ce moment qu’on a pu voir une diminution du nombre de grèves (graphique). Plusieurs causes sont possibles, par exemple la désyndicalisation, le fait de moins s’impliquer dans les droits des ouvriers ou bien, la peur du chômage, du licenciement ainsi que l’individualisation des relations salariales. Il y a une diminution de la conscience de classe ouvrière et donc une perte d’identité collective. C’est la « désouvriérisation ». Une des causes possible est la stratégie du passager clandestin, qui s’appelle le paradoxe d’Olson. Il s’agit de laisser agir les autres et obtenir les bénéfices sans supporter les coûts. Collectivement on se dit « plus on est nombreux, plus on a de chances » mais individuellement on compare le coût et les avantages ». Si il y a une généralisation de cette stratégie alors il y aura moins de grève.

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