Programme de recherche dans l'économie politique internationale
Analyse sectorielle : Programme de recherche dans l'économie politique internationale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 9 Novembre 2014 • Analyse sectorielle • 4 584 Mots (19 Pages) • 803 Vues
tégration économique et gouvernance internationales
Un programme de recherche
en économie politique internationale (EPI)
Pierre BERTHAUD
Maître de conférences, UPMF - UFR Economie, Stratégies, Entreprise (ESE)
et Laboratoire d’Economie de la Production et de l’Intégration Internationale (LEPII-CNRS)
pierre.berthaud@upmf-grenoble.fr
Texte HDR
Introduction
L’objet de ce texte est de préciser les problématiques de recherche que j’ai développées depuis la soutenance de ma thèse en 1992. Intitulée « Essai sur l’évolution de l’économie globale à partir de l’étude de sa composante pétrolière » [23] , cette thèse a décidé de ma spécialisation dans le champ de l’économie internationale et m’a conduit à m’intéresser aux défis que pose un thème alors nouveau (la mondialisation) à cette branche de l’analyse économique. Les outils de l’économie internationale (ceux de la théorie du commerce international et ceux de la théorie monétaire internationale notamment) ont été forgés en référence à un système fractionné en États-nations et à une représentation de leurs relations économiques en termes d’interdépendance. Cette représentation en termes d’interdépendance est-elle encore adaptée à l’étude des tendances nouvelles du système (intégration des marchés, formation de réseaux transnationaux, etc.) que la littérature commence à l’époque à réunir sous un seul vocable : celui de globalisation ou mondialisation ? La mondialisation justifie-t-elle le développement d’une problématique de l’intégration internationale en lieu et place de la problématique de l’interdépendance ou, à tout le moins, en complément à elle ? Ce type de questionnements sur les tendances de la mondialisation et sur les moyens scientifiques d’en rendre compte et de les expliquer constitue l’attracteur de mes recherches dans le champ de l’économie internationale. Amorcé dans ma thèse sur un terrain sectoriel (celui du système pétrolier international), il a ensuite évolué vers une perspective plus générale : celle de l’étude de la mondialisation dans ses diverses dimensions (commerciale, monétaire, financière, productive et industrielle notamment) et de la recherche des outils analytiques pour en produire une théorie. La globalisation ou mondialisation (les deux termes sont provisoirement considérés comme interchangeables ) constitue donc l’objet concret de ces recherches — un objet ou domaine d’études qui réclame qu’on en précise les formes et le contenu. La question de l’adéquation des outils traditionnels de l’économie internationale (prise ici au sens d’une sous-discipline ou d’un champ particulier de l’analyse économique) à l’analyse de ce domaine d’études, donc aussi celles des aménagements ou des modifications plus profondes à lui apporter, constituent le pendant analytique de ces recherches.
Mon travail sur ce plan m’a conduit à retenir deux problématiques principales et à chercher, pour l’avenir, à développer leurs articulations.
La première est celle de l’intégration internationale. Mes premiers travaux post-doctoraux sur la mondialisation [8, 11, 17, 19], mais également mes enseignements, notamment en Master 2 Recherche , m’ont conduit à considérer que les développements qu’à connus la théorie de l’intégration internationale au cours des dix dernières années forment le socle d’une théorie de la mondialisation qui manquait jusqu’alors à l’économie internationale (et, plus largement à l’analyse économique), en particulier parce qu’elle associe dans le même modèle (en les endogénéisant donc) le jeu de variables économiques et celui de variables politiques. On évoque à ce sujet la perspective d’une nouvelle économie politique de la mondialisation : nouvelle parce qu’elle renoue avec une tradition ancienne de l’analyse économique (celle qui positionnait la discipline dans le champ des sciences sociales en considérant que toute économie était nécessairement politique et réciproquement) mais aussi parce qu’elle incorpore et retient les progrès réalisés par l’économie « pure » (la démarche « économico-économique » qui a prévalu au cours des années 1970 et 1980), notamment en matière de définition d’outils d’analyse [Saint-Paul : 2001]. Ce genre de démarche a d’ores et déjà conduit l’économie internationale à réviser sa définition et son analyse d’objets aussi essentiels pour l’étude de la mondialisation que la nation, les frontières, les unions internationales, etc. [McCallum : 1995 ; Bolton & Roland : 1997 ; Alesina & Spolaore : 2003 ; Alesina et alii : 2005 ; Siroën : 2002, 2004, 2006]. Elle converge aujourd’hui sur la modélisation d’un processus d’intégration économique qui avance « main dans la main » avec l’intégration politique [Alesina, Spolaore & Wacziarg : 2000] et qui permet d’expliquer à la fois la tendance au fractionnement du monde (la mondialisation va de pair avec un accroissement du nombre des États-nations, de l’hétérogénéité de taille et la diversité de forme de ces pays) et la tendance à l’unification du monde (unification des marchés, mais aussi accords régionaux et expériences d’unions politiques entre les nations ou formation de coalitions à but stratégique…). Les forces qui nourrissent cette dualité (ou dialectique) de la mondialisation sont mieux comprises et modélisées qu’il y a dix ans. Elles ouvrent des perspectives tout à fait nouvelles pour l’analyse à la fois positive et normative de la mondialisation.
La seconde est celle de la gouvernance mondiale et, par extension, de la gouvernance de la mondialisation. Selon le rapport que le Conseil d’analyse économique a consacré à ce sujet [Jacquet, Pisani-Ferry & Tubiana : 2002], ce néologisme ouvre à « une réflexion sur la façon dont l’économie mondiale est gouvernée » qui évite la connotation excessivement centralisatrice du terme de « gouvernement » et « exprime le problème de base de l’organisation de l’économie internationale : comment gouverner sans gouvernement ? » (p. 12). La problématique de la gouvernance mondiale renvoie à l’étude de l’architecture des règles collectives, des normes et des politiques publiques qui encadrent, guident et contraignent l’activité des acteurs de marchés mais également celle des États. Elle conduit à « s’aventurer aux confins de l’expertise
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