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Le Dilemme Du Prisonnier

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Par   •  9 Mai 2012  •  3 220 Mots (13 Pages)  •  2 049 Vues

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Bonnie et Clyde, deux criminels notoires, sont suspectés par la police d’avoir commis un vol à main armée. Ils sont arrêtés et interrogés séparément. Manquant de preuves, les policiers cherchent à les faire avouer. Pour cela, ils proposent à chacun l’arrangement suivant : « Si tu avoues avoir participé au vol tout en dénonçant ton complice et si celui-ci nie, alors nous te promettons l’immunité et tu seras libéré sur le champ alors que ton complice (coupable désigné) sera condamné à 5 ans de prison. Si c’est toi qui nies et ton complice qui avoue, c’est toi qui seras condamné à 5 ans de prison et ton complice qui sera libéré. Si vous avouez tous les deux, vous écoperez chacun de 3 ans de prison (le juge tenant compte de votre « coopération » avec les autorités). Maintenant, si vous persistez à nier, vous serez tous les deux condamnés à 1 an de prison (bénéficiant ainsi de la clémence du jury en raison d’insuffisance de preuves). »

Bien entendu, l’objectif de chaque prisonnier est de minimiser le nombre d’années d’emprisonnement. La stratégie d’aveu (A) est ici une stratégie dominante pour les deux protagonistes. En effet, quel que soit le choix de son complice, chaque prisonnier obtient toujours un résultat meilleur en avouant. Si Clyde choisit de nier (N), Bonnie est condamnée à 1 an de prison si elle nie alors qu’elle est libre si elle avoue. Si Clyde choisit d’avouer (A), Bonnie est condamnée à 5 ans de prison si elle nie, mais réduit sa peine à 3 ans si elle avoue également. Le jeu étant parfaitement symétrique, le même raisonnement vaut pour l’autre prisonnier. Au total, quel que soit le choix de son complice, chaque prisonnier a toujours intérêt à avouer. Ainsi, la solution logique du jeu (le seul « équilibre de Nash », dans le jargon de la théorie des jeux) est que chaque prisonnier avoue, chacun étant alors condamné à 3 ans de prison, alors qu’en « coopérant », c’est-à-dire en niant tous les deux, ils auraient écopé chacun d’une seule année d’emprisonnement.

Dans le dilemme du prisonnier, la décision de chacun est fonction de l’action de l’autre. Cette théorie ruine complètement toute la théorie de la main invisible.

Le dilemme du prisonnier illustre le conflit entre les incitations sociales à coopérer et les incitations privées à ne pas le faire : chaque prisonnier fait face à un dilemme entre sa rationalité individuelle qui lui dicte d’avouer et de dénoncer son complice et sa rationalité collective qui lui dicte de se taire.

Robert Axelrod a surnommé le dilemme du prisonnier « le colibacille des sciences sociales ». Ce modèle simplifié englobe en effet un très grand nombre de situations sociales puisqu’il incarne le conflit fondamental entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif. Suggéré par une expérience menée en 1950 par les mathématiciens de la Rand Corporation Melvin Dresher et Merrill Flood, puis explicité la même année par leur collègue Albert Tucker, le dilemme du prisonnier a fait l’objet d’un nombre vertigineux d’investigation scientifiques.

Le conflit entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif caractéristique du dilemme du prisonnier se retrouve dans de très nombreuses situations sociales. En économie, notamment, un grand nombre de phénomènes constituent des dilemmes du prisonnier. Par exemple, deux entreprises leaders sur un marché ont souvent tendance à se livrer une concurrence sans merci (en termes de prix, de publicité, etc.) alors qu’une entente aurait permis de limiter les coûts pour chacune d’entre elles. De même, dans le domaine des relations internationales, la course aux armements est un exemple classique de dilemme du prisonnier. Deux pays se livrant à une surenchère dans les investissements militaires se retrouvent finalement dans une situation où ils se neutralisent en termes d’influence, c’est-à-dire une situation très proche de celle qui aurait pu exister si aucun pays ne s’était individuellement lancé dans l’opération. Le dopage dans le sport de haut niveau est également un bon exemple. Chaque sportif a intérêt à utiliser des produits interdits dans l’espoir d’améliorer ses performances. Le problème est que si chaque concurrent utilise la même stratégie, on se retrouve avec le même classement final, mais avec un coût potentiellement très élevé en termes de santé publique (et d’éthique).

Ainsi, le dilemme du prisonnier apparaît comme la situation la plus fréquente dans les interactions sociales. Il incarne l’idée fondamentale selon laquelle la confrontation des intérêts individuels ne débouche pas nécessairement sur l’optimum social. C’est pour cette raison qu’il est au cœur de la théorie économique, mais également d’analyses en science politique, en sociologie ou encore en anthropologie. D’une manière générale, on peut d’ailleurs considérer que c’est bien pour résoudre les situations de ce type qu’ont été mises en place un grand nombre des conventions et des institutions qui régissent aujourd’hui nos sociétés : Etat, lois, éthique, etc. C’est pourquoi le dilemme du prisonnier constitue, pour certains, la matrice fondamentale des sciences sociales, c’est-à-dire le modèle « universel » sur lequel pourrait à terme s’opérer leur unification.

Présentation de l’auteur :

La théorie des jeux permet d'identifier des éléments importants caractérisant certains types de situation. La construction d'une matrice de « gain » est un outil d'analyse répandu .Le fameux « dilemme du prisonnier » en est un exemple .Ce dilemme du prisonnier étant un ouvrage écrit par Nicolas Ebert professeur de sciences économiques à l'Institut d'études politiques de Strasbourg et enseignant la microéconomie et la théorie des jeux au même établissement. Il est aussi membre du LARGE (Laboratoire de recherche en gestion et économie). Ses travaux récents portent notamment sur l'utilisation de l'économie expérimentale comme méthode pédagogique.

Parmi ses ouvrages les plus connus on trouve :

Les relations de long terme banque-entreprise, Vuibert, collection « Entreprendre - Série Économie », Paris, 1999 (ISBN 2-7117-7535-6)

La théorie des jeux, Dunod, collection « Les topos : éco-gestion », Paris, 2004 (ISBN 2-10-048555-5)

Le dilemme du prisonnier, La Découverte, collection « Repères : économie » n° 451, Paris, 2006 (ISBN 2-7071-4883-0)

L’objet de l’ouvrage :

L’objet de l’ouvrage intitulé « Le dilemme du prisonnier », publié

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