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Philosophie : Sommes Nous Prisonnier De Notre Histoire ?

Mémoire : Philosophie : Sommes Nous Prisonnier De Notre Histoire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Mai 2013  •  1 488 Mots (6 Pages)  •  3 856 Vues

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Sujet: sommes nous prisonnier de notre histoire ?

L’histoire peut être vue comme un ensemble de conditions qui nous sont imposées. Nul n’a choisi la date de sa naissance, son milieu familial, sa société, ni, plus généralement encore, l’époque où il vit. Il est donc compré- hensible qu’un sentiment d’oppression soit parfois ressenti par la conscience individuelle. Ce constat est même susceptible d’être étendu à l’échelle de plu- sieurs générations. Le monde d’après 1945, par exemple, est nécessairement différent de celui qui précéda la guerre. Devons-nous pour autant accepter la thèse selon laquelle nous sommes prisonniers de notre histoire ? Celle-ci apparaîtrait alors comme une puissance fatale, étrangère à la volonté humaine. Mais quel est le fondement de cette idée ? N’est-il pas plutôt soutenable de dire que l’histoire est le produit des actions des hommes ? Il serait alors para- doxal que nous puissions être emprisonnés par ce que nous faisons.

Un prisonnier est un être privé de liberté. Il subit des contraintes, c’est à dire l’action de forces qui s’opposent à ses désirs ou à sa volonté. Il n’agit pas par devoir, mais sous l’effet d’une nécessité, qui prend la forme d’obstacles physiques, assortie de la menace de sanctions encore plus dures si l’envie lui prenait de désobéir. Cela revient à dire qu’un être qui se sent prisonnier ne reconnaît pas la légitimité de ce qui pèse sur lui. Il le subit comme un phénomène dont il espère être délivré un jour. L’histoire peut-elle être assimilée à une prison dont nous serions les détenus ? Cela paraît vraisemblable. L’histoire est constituée d’époques qui s’enchaî- nent en évoluant. Ces périodes se définissent par un certain état des mœurs, des idées politiques, des techniques, des sciences, bref, un ensemble que l’on résume par le nom de civilisation et qui trace un cadre aux actions des hommes. Il est donc toujours possible qu’une conscience singulière se sente enfermée dans son époque.Si nous suivons l’analyse de Tocqueville, la Révolution française peut appa- raître comme un coup de tonnerre, mais l’étude du siècle qu’elle conclut montre qu’elle n’a pas surgi de rien. Tocqueville en étudie les causes et montre notamment comment les mentalités avaient été lentement mais sûrement gagnées à l’idée d’égalité universelle. La montée de la bourgeoisie dans tous les domaines de la vie publique rendait insupportable les privi- lèges d’une noblesse devenue inutile. Enfin le développement, par la monarchie elle-même, d’une administration efficace et centralisée, allait aussi servir les desseins de la nouvelle république.Il s’ensuit que tout n’est pas possible à n’importe quelle époque. Certains individus peuvent ainsi se sentir brimés par l’esprit de leur temps. Leur désir de liberté se heurte à la situation générale dans laquelle le hasard de la nais- sance les a placés.

Hegel critique l’idée qu’une philosophie pourrait sauter par-dessus son époque, en soutenant que cet effort se condamne à n’engendrer que des chimères. Si une théorie entend dépasser son temps, elle ne sera qu’un caprice issu de l’imagination de son auteur. Le monde ainsi engendré par ce saut sera une pure abstraction, une fantaisie particu- lière aussi inconsistante qu’une empreinte dans de la cire molle. Hegel entend ainsi souligner qu’une pensée ou une action ne sont effectives qu’à la condition de s’inscrire dans leur époque, pour la modifier ou pour la com- prendre dans ses traits essentiels.

Le sentiment d’enfermement paraît de plus reposer sur une méprise. Comment pourrions-nous subir ce que nous produisons, que ce soit à un niveau individuel ou collectif ? L’énoncé du sujet parle de notre histoire. Il paraît donc contradictoire de prétendre que nous la vivions comme une puissance étrangère, semblable à la contrainte qu’un gardien exerce sur un détenu.

Cependant, si la critique hégélienne incite à ne pas tomber dans une opposi- tion schématique qui facilite les plaintes rapides du sentiment, il faut reconnaître la réalité du phénomène de l’aliénation. Cet état caractérise la situation de celui qui ne se reconnaît pas dans ce qu’il accomplit. L’individu se trouve ainsi placé dans une situation contradictoire et douloureuse. Il est comme un auteur dépossédé de son produit. Marx et Freud ont, chacun dans leur domaine, étudié la réalité de ce fait.

L’analyse marxiste de l’économie politique montre que le travailleur dépense ses forces pour créer des richesses dont il sera spolié par les détenteurs des capitaux et de moyens de production.

Sur le plan psychologique, Freud établit qu’un aliéné est quelqu’un qui engendre des pensées qu’il refuse de reconnaître

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