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Et si les salariés se révoltaient ?

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Par   •  23 Avril 2020  •  Fiche de lecture  •  8 654 Mots (35 Pages)  •  554 Vues

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Tiffany Vieux

M2 SES

FICHE DE LECTURE

« Et si les salariés se révoltaient ? Pour un nouvel âge du capitalisme »

Patrick Arthus et Marie-Paule Virard

3 pages

PRESENTATION DES AUTEURS

Patrick Artus (1951) est un économiste français. Il est directeur de la recherche et des études de Natixis mais également professeur associé à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne. Ses principaux domaines d’expertise sont l’euro, les monnaies, la croissance, les banques, la finance ou encore les marchés.

Marie-Paule Virard est quant à elle une journaliste, ancienne rédactrice en chef du magazine Enjeux-Les Échos de 2003 à 2008.

Tous deux ont beaucoup collaboré et coécrit des ouvrages, comme Comment avons-nous ruinés nos enfants ?, 2006 en obtenant le « Prix des lecteurs du livre d’Economie » ; La folie des banques centrales, 2016. Plus récemment, en 2018, ils publient l’ouvrage  Et si les salariés se révoltaient ? Pour un nouvel âge du capitalisme, ouvragent pour lequel ils obtiennent le « Prix stylo d’or ».

PRESENTATION DU CONTEXTE DE L’ECRITURE DE L’OUVRAGE

Cet ouvrage traite d’un thème d’actualité : changer de système par la révolte. Depuis plusieurs années le système capitaliste est l’objet de critiques économiques, sociales et politiques.

Depuis la mondialisation et surtout la globalisation financière qui a eu commencé durant les années 1980, le mouvement des capitaux s’en trouve facilité permettant aux actionnaires de prendre toujours un peu plus de poids au sein des entreprises. Ce phénomène semble responsable de l’évolution du capitalisme contemporain qui se caractérise par la prise du pouvoir dans les entreprises par les actionnaires. Certains parlent même d’un « capitalisme patrimonial », organisé autour du principe de la « valeur pour l’actionnaire », apportant une transformation majeure des économies capitalistes, laissant peu de place pour la reconnaissance des salariés.

En pratique, ce renouvèlement du « capitalisme actionnarial » se traduit par une déformation du partage des revenus en faveur des plus riches (l’exemple de l’abaissement de la pression fiscales sur les salaires les plus élevés, plus précisément la suppression de l’ISF l’année dernière en France), par une tendance à la substitution du travail par le numérique et la robotisation car potentiellement plus rentables, mais encore par le phénomène de l’ubérisation offrant des conditions de travail largement critiqués, car moins coûteux en termes de charges patronales. Toutes ces nouveautés sont orientées vers toujours plus d’accumulation, orientées vers les objectifs des actionnaires, participant alors à la paupérisation des salariés. Mais il faut également regarder cette situation avec un œil plus sociologique. En effet, ce capitalisme moderne s’est développé, mis en place, au dépend des classes moyennes et populaires, se sentant alors oubliées, déconsidérées, déclassées, ou encore reléguées. Les classes moyennes sont mêmes menacées dans leur existence avec la bipolarisation croissante du marché du travail, contribuant à former deux pôles extrêmes, effaçant la « constellation centrale » d’Henri Mendras.

C’est ainsi, dans ce contexte sociétal, que la France fait face à de nombreuses contestations depuis plusieurs années. Les volontés de réformer le système salarial, et notamment se révolter pour se faire entendre sont alors particulièrement nombreuses durant cette année 2018.  On pense bien évidemment au cri de révolte qui fait entendre en novembre dernier en France, et a fait écho dans de nombreux autres pays : le mouvement des gilets-jaunes.  Cette  « la France d’en bas » exprime sa souffrance qui est collectivement partagée chez les salariés.

Cet ouvrage s’inscrit alors dans un contexte sociétal de mécontentement, de tensions et de révolte, dans un contexte où les inégalités s’aggravent dans la plupart des pays de l’OCDE, où les écarts de revenus entre les 5% des plus aisés et les 5% des plus pauvres s’aggravent. En bref, dans un contexte de vouloir réformer le système capitaliste.

LES IDEES CLES DEVELOPPES DANS L’OUVRAGE

L’idée générale est la détérioration du sort de la grande majorité des salariés dans les pays de l'OCDE. Cette détérioration se fait suite à de nombreuses modifications :

La bipolarisation du marché du travail est défavorable pour les salariés qui doivent désormais supporter les risques (chômage, baisse des salaires), à la place des actionnaires. Cela se traduit par un marché du travail plus flexible proposant des contrats de travail moins protégés et des emplois précaires, à durée déterminées (87% des contrats en 2017 étaient des CDD). « La bipolarisation nourrit la pauvreté ».

La déformation des salaires en faveur des actionnaires n’a pas eu d’effet sur l’économie réelle : la théorie du ruissellement ne fonctionne donc pas, et fragilise la classe moyenne.

Les auteurs défendent alors l’idée d’une généralisation et d’une participation des salariés dans le partage des profits. Pour citer une phrase signifiante de l’une de leurs idées principales : «  si les salariés participent à l’amélioration de la situation des entreprises lorsque celles-ci traversent une mauvaise passe, si la protection de l’emploi est faible, il serait naturel que, symétriquement, ils bénéficient de leur prospérité lorsque tout va bien ».

Le numérique et la robotisation attaquent les emplois industriels, « les cols bleus » essentiellement participant également à développer la pauvreté, la hausse des inégalités et une panne de l’ascenseur social. Mais les auteurs précisent qu’il ne faut pas voir une technophobie de la part de ces salariés mais plutôt y voir la volonté de préserver un métier et le mode de vie associé.

D’autant que « le grand remplacement » n’est pas à l’ordre du jour. La peur de la destruction d’emplois du fait de la robotisation doit être atténuée, mais cependant, cette robotisation participe à modifier le contenu des jobs.

Alors qu’ils proposent une réindustrialisation, P. Arthus et M-P Virard expliquent bien pourquoi il serait impossible de le faire en France, car les nations restant industrielles ont su faire leur preuve auparavant, notamment l’Allemagne (technologie de pointe) ou encore la Chine (faiblesses des coûts du travail).

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