Les facteurs des relations internationales à l'œuvre dans le conflit au Yémen.
Dissertation : Les facteurs des relations internationales à l'œuvre dans le conflit au Yémen.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mathieu Le Dieu • 17 Février 2020 • Dissertation • 2 317 Mots (10 Pages) • 605 Vues
Les facteurs des relations internationales à l'œuvre dans le conflit au Yémen.
Le conflit qui a actuellement lieu au Yémen n'est que la continuité des instabilités qui touchent le pays depuis le début du siècle dernier. Ce pays a en effet connus au cours du XXe siècle une succession de guerres, liées entre autre aux tensions qui avaient lieu à l'international. La guerre qui s'y déroule aujourd'hui est une fois encore liée à une lutte des pouvoirs des grandes puissances de la région et le reflet des tensions Nord-Sud qui
persistent dans ce pays.
Afin d'essayer d'y voir plus clair voyons les événements qui s'y sont produits depuis le début du XXe siècle. Le Yémen jusqu'à la fin du XIXe siècle était un régime chiite zaydite qui était dirigé par un imamat. Avec la prise de Sanaa en 1872 par l'Empire Ottoman, la majeure partie de la région est soumis à la souveraineté Ottomane, ne laissant qu'un petit royaume zaydite. Pendant ce temps au sud, la ville portuaire d'Aden est sous protectorat britannique, ce qui mène le pays à être le théâtre d'affrontement entre les deux puissances qui le dominent sur fond de première guerre mondiale.
En 1962, alors que le royaume zaydite du Nord après la chute de son suzerain a repris contrôle de ses terres, une révolution sunnite éclate. Ce coup d'état soutenu par l'Egypte de Nasser permet aux rebelles de prendre le pouvoir malgré le soutien surprenant de l'Arabie Saoudite au royaume chiite. La République arabe du Yémen ou Yémen du Nord est née.
De même dans le sud toujours sous protectorat britannique, une rébellion nationaliste éclate toujours soutenue par l'Egypte mais également l'URSS et en 1967 naît la République démocratique populaire du Yémen ou Yémen du Sud.
Bien que des tensions entre les deux jeunes états persistent, notamment à cause de la guerre froide (le Yémen du Nord étant proche des Occidentaux tandis que le Yémen du Sud est un régime marxiste), des velléités d'union émergent de l'entente des deux pays.
En 1990 malgré le mécontentement des zaydites qui se voient noyés dans l'émergence d'un état plus puissant (et toujours soutenus par l'Arabie Saoudite) les deux Yémen fusionnent, le président de l'ex-Yémen du Nord, Saleh, devient président du Yémen. Depuis les guerres civiles se succèdent et aujourd'hui les tensions persistent dans une relative indifférence de la communauté internationale pourtant impliquée dans le conflit.
Quels sont les enjeux qui motivent les différents acteurs à intervenir dans ce conflit ?
Nous allons voir dans un premier temps comment un siècle de divisions a mené localement à une guerre civile puis comment le Yémen est devenu le terrain d'une guerre froide entre les deux plus grandes puissances du monde arabe et enfin quel rôle joue la communauté internationale dans ce conflit.
Peu après sa naissance, en 1994, le Yémen doit faire face à une première guerre civile lorsque l'autorité du président Saleh est remise en question par son vice-président Ali Salem al-Beidh à la tête d'un groupe sudiste socialistes sécessionnistes. Après des violences internes qui feront près de 10 000 mort, la tentative de création d'un nouveau Yémen du Sud échoue laissant aujourd'hui encore un ressentiment chez les séparatistes du Sud.
Par ailleurs, les populations zaydites ont été de plus en plus marginalisés par leur histoire récente ainsi que par la politique stigmatisante menée par le pouvoir yéménite envers eux et ont vu grandir en elles un sentiment de menaces envers le terrorisme salafiste d'un côté et l'impérialisme américain de l'autre. C'est de là que naît le mouvement Houthis. En 2004 leur rébellion contre le régime de Saleh va marquer le début de la guerre du Saada (nommée après la région du Saada où les Houthis sont localisés). Ce conflit verra se succéder les insurrections Houthistes et les répressions du régime. En 2009, l'Arabie Saoudite, soupçonnant son grand rival Iranien de soutenir les populations chiites zaydites, va intervenir en bombardant les zones Houthistes ce qui va les pousser à signer un cessez-le-feu et mettre un terme en 2010 à ce conflit.
Le manque de contrôle du pouvoir sur sa population, au travers de divisions internes à mené à des guerres civiles. Ici on voit le facteur démographique à l'œuvre. Il concerne aussi l'extrême pauvreté du pays qui va mener à une révolution.
En 2011, le Yémen va lui aussi connaître son "printemps arabe" (vague de contestations contre les régimes des pays arabes, lié à une communication sur les réseaux sociaux qui peut soulever la question du facteur technologique). La population yéménite qui souffre d'extrême pauvreté, qui possède l'un des Indice de Développement Humain les plus faibles de la planète et qui encore et toujours souffre des clivages en son sein commence à manifester contre le régime de Saleh le poussant à la démission. Le pouvoir revient alors au vice-président Abdrabbo Mansour Hadi.
Cette transition qui a alors lieu au Yémen est perçue par une grande partie comme un écran de fumée, qui n'apporte pas de changements majeurs au système laissant le pays au mains des mêmes élites dirigeantes qui n'améliorent en rien les conditions de vie locales. De plus un plan de restructuration du pays par provinces ne satisfait pas les Houthis qui revendiquent un accès à la mer Rouge. Ces derniers profitant de l'instabilité générale s'allient avec l'ancien président Saleh et ses fidèles et lancent une offensive sur la capitale Sanaa. Ils prennent le palais présidentiel, provoquent la fuite du président Hadi vers la seconde ville du pays Aden et poursuivent leur avancée vers le Sud jusqu'à Aden.
Alors que la région peuplée au Nord du pays tombe progressivement entre les mains des Houthis, la situation au Sud s'envenime également. Les mouvements sécessionnistes qui contribuent à la précarité du pouvoir de Hadi favorisent l'expansion de l'organisation terroriste Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique ainsi que l'émergence de l'Etat Islamique.
Face à cette poudrière qui menace d'exploser juste de l'autre côté de sa frontière sud, Ryad intervient en 2015, donnant au conflit yéménite une dimension internationale.
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