ISAP DEASS
Analyse sectorielle : ISAP DEASS. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fjcd • 4 Octobre 2019 • Analyse sectorielle • 6 631 Mots (27 Pages) • 661 Vues
J'effectue mon stage de troisième année au sein d’un Centre d’Action Médico Sociale Précoce. Le CAMSP propose la prise en charge d’enfants de 0 à 6 ans présentant une difficulté pouvant aller d’un trouble passager à un handicap plus sévère : problèmes d’alimentation, de sommeil, de comportement, retard de langage, trouble autistique, trouble du développement moteur, psychologique ou sensoriel. L’ensemble des actions cherche à soutenir un développement harmonieux des capacités de l’enfant, de favoriser son intégration sociale et scolaire et d’accompagner les familles dans les difficultés rencontrées.
Les CAMSP ont été créés par le décret du 15 avril 1976 en application de l’article 3 de la loi du 30 juin 1975 d’orientation en faveur des personnes en situation de handicap. Ils assurent le dépistage, la cure ambulatoire, la rééducation de tout jeune enfant (0-6 ans) présentant ou susceptible de présenter un handicap. Ses missions sont redéfinies par la loi du 18 décembre 1989 en faveur de la promotion de la santé, de la famille et de l’enfance. Le financement est assuré à 80% par l’assurance maladie et 20% par le département (au titre de la Protection Maternelle Infantile). Ces centres peuvent être spécialisés ou polyvalents. Le centre dans lequel j’interviens est polyvalent, au vu des professionnels composant l’équipe pluridisciplinaire. Ce CAMSP est une structure extra hospitalière, il est lié au pôle pédopsychiatrique d’un centre hospitalier.
Dans le cadre de mon stage, j'ai rencontré Madame C qui est la mère d’Adam[1], suivi au C.A.M.S.P. Un accompagnement social s'est mis en œuvre. Dans le cadre de mes missions de stagiaire Assistante de Service Social au C.A.M.S.P, j'ai pu travailler en complémentarité avec l’équipe pluridisciplinaire ainsi que les partenaires liés à la situation.
La première rencontre avec Madame C a eu lieu au mois de novembre 2013. Nous nous sommes vus une deuxième fois afin de démarrer un accompagnement dans l'accès aux droits lié à l’ouverture de l’A.E.E.H[2] et du complément mais aussi dans la mise en place d’une Technicienne en Intervention Sociale et Familiale. Cette intervention s’est inscrite en parallèle avec d’autres axes de travail sur la situation de Madame C et du projet de son fils Adam, en lien avec l’équipe pluridisciplinaire. Quatre entretiens se sont effectués au CAMSP, une rencontre tripartite avec Madame C, la T.I.S.F et moi-même, et un accompagnement physique avec Madame C afin de rencontrer une association de parents ayant des enfants en situation de handicap. L’accompagnement s’est déroulé sur une période de 4 mois et demi, avec une « absence » de Madame C au mois de mars dans la prise en charge.
- CADRE INSTITUTIONNEL DU LIEU DE STAGE[3]
Le C.A.M.S.P n’a pas de service social à proprement dit. L’A.S.S fait partie intégrante d’une équipe pluridisciplinaire dans la prise en charge des enfants accueillis. La composition de l’équipe est définie ainsi: deux pédopsychiatres, un pédiatre, un infirmier, trois psychologues, une psychomotricienne, une kinésithérapeute, une éducatrice spécialisé, une éducatrice de jeunes enfants et une institutrice spécialisée.
L’A.S.S a un bureau pour travailler sur ses suivis mais celui-ci n’a pas pour fonction d’accueillir les familles. Des bureaux de consultations sont mis à disposition pour toute l’équipe du C.A.M.S.P, dont l’A.S.S pour les entretiens. Dés l’inscription de l’enfant au CAMSP, une demande de soins ou d’évaluation est demandée. Dans un premier temps, toute l’équipe est sollicitée, à accueillir en binôme, l’enfant et ses parents, dans le cadre d’un temps d’accueil. Celui-ci se déroule sur plusieurs entretiens, afin de les accueillir, de faire connaissance, et de relever des éléments permettant l’élaboration de la demande de soin. Dans un second temps, la prise en charge de l’enfant est discutée et définie en équipe lors d’une réunion consacrée aux accueils. Selon les axes de travail mis en avant lors de la réunion, le binôme peut être modifié pour continuer le travail avec la famille.
L’A.S.S a pour missions l’accueil des familles, l’évaluation socio-familiale, l’ouverture de droit, un travail d’orientation après le CAMSP, de protection de l’enfance, de participer au projet de l’enfant en équipe pluridisciplinaire, de travailler en équipe et en partenariat[4].
- LA RENCONTRE AVEC MADAME C
Elle est passée par le binôme, composé d’une pédopsychiatre et d’un infirmier, qui suit Adam pour prendre rendez-vous avec moi. Le binôme m’avait présenté à ce moment là à Madame à la fin de leur entretien. La rencontre s’est réalisée une semaine après au CAMSP, dans un bureau de consultation où la pédiatre se met habituellement pour ses consultations médicales. Madame est seule, elle est venue sans Adam qui est à la crèche. Elle apparaît avec un teint fatigué, ses yeux sont très brillants et elle montre un sourire qui paraît masqué une préoccupation importante. D’après ces éléments, je mets tout en œuvre pour que Madame se sente à l’aise et prise en compte par mon écoute et ma disponibilité vis-à-vis de sa situation. La première demande de Madame C est une demande d’A.E.E.H pour son fils. Elle l’exprime mais à demi mot, en disant qu’elle en a entendue parler mais qu’elle ne sait pas ce qu’il en retourne vraiment. On arrive à parler de la relation avec Adam. Elle la qualifie de relation fusionnelle: « je pense à lui tout le temps », « je voudrais l’emmener avec moi sur mon lieu de travail », « quand je le laisse à son père je suis pas tranquille ». Elle dit que cette relation l’empêche d’être plus présente avec ses filles et qu’elles le lui reprochent. En effet, elle fait état de troubles du comportement d’Adam qui l’oblige à avoir une surveillance accrue envers lui, il peut se mettre en danger. Madame C m’évoque les conditions de l’annonce du diagnostic de son fils qui est porteur d’un handicap qui se manifeste dès la naissance par un retard mental et psychomoteur. Celle-ci fut violente et en différé. Elle retrace sa grossesse qui fut difficile moralement, et met l’accent sur des rapports conflictuels pendant cette période avec le père. Elle a pu dire de cette période : « J’ai eu peur de mourir ! ». A l’annonce du diagnostic, Monsieur est à l’hôpital et Madame travaille. Il gardera le diagnostic pour lui pendant un certains temps. Il l’annoncera très tardivement à Madame. Le choc et la violence de l’annonce s’entremêlent pour elle. Madame exprime avoir de grandes difficultés à accepter le handicap de son fils « mon fils est comme les autres enfants physiquement, c’est un beau petit. De sa naissance à l’annonce du diagnostic rien ne pouvait m’indiquer ce handicap, c’était un beau bébé». En fin d’entretien, elle se met à pleurer et formule un besoin de parler, de pouvoir s’exprimer personnellement de ce qu’elle vit.
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