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Contention chez la personne âgée

Rapport de stage : Contention chez la personne âgée. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Octobre 2017  •  Rapport de stage  •  3 346 Mots (14 Pages)  •  1 004 Vues

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La contention physique chez la personne âgée : conflit de valeurs entre bientraitance et sécurité

« Faire pour l’autre, sans l’autre, c’est faire contre l’autre. »

Proverbe touareg.

  • Lieu :

Mon stage entrant dans la typologie « soins de courte durée » se déroule actuellement dans un service de neurologie. Spécialisé dans la prise en charge des pathologies neurologiques et vasculaires, le service est constitué de professionnels de santé (médecins, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes etc.) mais également d’autres intervenants tels que les psychologues ou l’assistante sociale.

  • Présentation de la situation vécue :

Actuellement étudiante en deuxième année en soins infirmiers, j’effectue mon stage avec des infirmières diplômées d’état (IDE) exerçant leur profession en tant que tel au sein du service depuis quelques années déjà. Durant ce stage, je participe à la prise en charge d’un des patients, Mr R., hospitalisé depuis quelques semaines déjà.

Mr R. est âgé de 74 ans et actuellement hospitalisé pour un accident ischémique constitué postérieur droit : il a été transféré du service de réanimation où il était entré pour un état de mal épileptique.

Cela fait maintenant deux semaines que je prends en soins Mr R. C’est une personne dépendante qui a besoin d’une aide totale pour tous ses soins : en passant des soins d’hygiène, de confort, à la prise de ses repas, et de même pour l’administration de ses thérapeutiques. Il arrive à communiquer verbalement mais ne parle pas beaucoup. Cependant, c’est aussi quelqu’un qui sait se faire entendre dans ses demandes ou ses refus. Mr R. est très algique : il ressent des douleurs dans tout le corps surtout durant les mobilisations qu’il manifeste souvent par des plaintes et des gémissements.

Cette semaine, je commence mon service l’après-midi. Lors de mon premier de tour de chambre, je prends les paramètres et m’occupe de chacun de mes patients en demandant aux plus autonomes s’ils ont besoin de quelque chose et m’occupe d’apporter les soins d’hygiène à ceux qui ont un niveau de dépendance plus accru. Je termine toujours par Mr R. car c’est un patient qui a besoin de beaucoup de soins et de plus, il est placé en isolement contact. J’enfile donc ma sur-blouse, mes gants et emmène avec moi tout mon matériel préalablement préparé pour m’occuper de lui. Lorsque j’arrive dans sa chambre, je suis surprise de voir Mr R. complètement découvert de ses draps laissant son corps fébrile exposé dans son lit, les jambes et les bras passant en dessus-dessous des barrières ! Je me rapproche alors du lit dans l’objectif de l’aider à le redresser correctement, quand je fais halte devant les barrières :

Je suis de nouveau surprise quand je vois que le change de Mr R. est complètement défait, ouvert, exposant ses parties intimes. De plus, je vois qu’il a les mains recouvertes de selles : des doigts jusqu’aux poignets. De même que tous ses draps, ses coussins anti-escarres, les barrières et beaucoup de matériel encore. Je remarque qu’il est également mouillé jusqu’aux os dans sa blouse par de l’urine, qu’on en retrouve également au sol.

Je reste perplexe devant la situation, car c’est la première fois que je me retrouve confrontée à ce genre de problématique. Je perds un peu mes moyens car je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire, du moins je ne sais pas par quoi commencer. Je reprends mes esprits au bout de quelques minutes et m’organise pour mettre en œuvre mes soins. Je commence par communiquer avec lui, en demandant s’il va bien, s’il peut me raconter ce qu’il s’est passé. Il me fixe du regard, ne me répond pas immédiatement et se met tout à coup à hausser la voix pour me dire qu’il veut rentrer chez lui, qu’il en a assez des gens qui se battent la nuit en bas de chez lui : je comprends instantanément que son discours n’aborde aucune cohérence avec la situation présente. Je saisis donc la télécommande de son lit afin de remonter celui-ci, il se met alors à s’agiter et essaye de m’agripper, d’attraper mon épaule avec sa main, je fais un pas en arrière pour l’esquiver en vue de l’état de celle-ci. Je lui dis alors de baisser les bras et de se calmer et de m’écouter attentivement. C’est ce qu’il fait. Je me rapproche au niveau de sa tête, lui demande de me regarder dans les yeux et lui dit : « Mr R, il faut m’écouter attentivement. Il faut que vous vous calmiez : vous savez où vous êtes ? vous êtes à l’hôpital, dans votre lit. Je suis Andréa vous vous rappelez ? l’étudiante infirmière qui s’occupe de vous. Regardez-vous, regardez-vos mains et votre corps, je dois faire votre toilette pour que vous sentiez-mieux. D’accord ? » Il relève légèrement la tête afin de fixer ses mains qu’il tend devant lui et balaye son corps, son lit du regard. Il semble perplexe, stupéfait de se voir dans un tel état et me demande pourquoi il y a des selles partout. Je lui réponds que je ne sais pas non plus mais qu’il ne doit pas s’en faire, je lui explique d’abord que je vais nettoyer le matériel et que je vais appeler une collègue, s’il est d’accord, pour qu’on puisse nettoyer tout ça ensemble. Ce qu’il accepte.

Après avoir nettoyer les barrières, les coussins et l’équipement qui faisait obstacle pour atteindre Mr R, j’appelle une collègue via la sonnette de la chambre : l’aide-soignante avec laquelle je travaille aujourd’hui arrive et me demande ce qu’il se passe. Je lui explique que j’ai besoin d’elle pour faire la toilette de Mr R. Elle est également surprise de voir celui-ci dans cet état et elle lui demande ce qu’il s’est passé. Il ne répond pas, et je lui fais signe discrètement que je lui expliquerai après. Nous faisons alors sa toilette, changeons tous ses draps, sa blouse, lui mettons un change avec un étui pénien, le redressons dans son lit, le recouvrons afin qu’il puisse se réchauffer et je finis par lui prendre ses paramètres. On désinfecte à nouveau les surfaces du matériel et du mobilier pour s’assurer que tout soit propre et débarrassons notre matériel. Je reviens vers Mr R. pour lui demander si ça va mieux, s’il a besoin de quelque chose. Il reste muet et ne me répond pas. Je lui mets la sonnette près de lui et lui rappelle que s’il y a un souci qu’il n’hésite pas appeler.

Quelques heures plus tard, je repasse dans sa chambre afin de voir comment il va. A ma grande surprise, une nouvelle fois, je le retrouve dans le même état que lors de mon premier passage, si ce n’est que cette fois, le désordre était plus conséquent. J’appelle ma collègue pour lui dire que j’aurais à nouveau besoin de son aide pour Mr R : exaspérée, elle ne comprend pas ce qui arrive à Mr R. Elle me dit de patienter un instant, afin qu’elle puisse prévenir à nouveau l’infirmière avec qui je travaille ce jour-là. Quelques minutes après ça, celles-ci reviennent et je vois que l’infirmière tient entre ses mains une paire de sangles de contention pour poignet : elle nous explique qu’une fois que la toilette sera faite, il faudra les lui mettre pour qu’il arrête de tirer son change et pour qu’on n’ait plus à retrouver ses mains dans ses selles.

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