Analyse de situation

Lors de mon stage dans un service de médecine générale dans un hôpital, je me trouvais dans les couloirs du service lorsque l’on m’interpelle pour venir en aide à une infirmière en position difficile. J’arrive dans la chambre double où se trouvent deux patients, Mr M et son voisin de lit. L’infirmière est là, accompagnée de deux aides-soignants. Elle porte des gants et je remarque qu’elle est en train de retirer la sonde rectale de Mr M, sonde rectale qui lui avait été placée pour son transit liquide important. Mr M est atteint de clonies, des convulsions suivies de contractions musculaires rapides et involontaires qui lui surviennent à n’importe quel moment de la journée. Il est porteur d’une affection neurologique (en lien avec les clonies), ce qui cause chez lui des périodes où il n’est plus cohérent et ne comprends pas ce que l’on lui dit.

Ce jour-là, l’aide-soignant qui a effectué la toilette de Mr M. a remarqué qu’aucunes selles n’étaient présentes dans la sonde rectale et la poche stérile. Il en a donc informé l’infirmière qui prend en charge ce patient et qui a pris la décision de retirer la sonde rectale, pensant le problème des diarrhées résolu. Connaissant les problèmes de santé du patient, raideur, convulsions, contractions musculaires, elle décide d’appeler à l’aide afin que les aides-soignants et moi-même tenions le patient en position de décubitus latéral gauche pour lui faciliter l’accès au rectum. L’infirmière explique au patient le geste qu’elle s’apprête à effectuer, une ablation de la sonde rectale. Il exprime son consentement, et nous le tournons sur le côté. Au bout de quelques minutes, l’infirmière se rend compte que Mr M n’avait pas de selles dans la sonde car il est porteur d’un fécalome (le fécalome étant une accumulation de selles déshydratées et stagnante dans le rectum, empêchant un bon transit). Elle décide alors de lui extraire ce fécalome, à l’aide de la sonde rectale. Elle commence des mouvements d’aller-retour avec la sonde rectale dans le rectum de Mr M. mais ne trouve pas le fécalome alors elle continue son geste mais de plus en plus profond. Mr M. à une crise de contractions multiples et excessive, il exprime sa douleur par des cris et des pleurs. Toute cette scène se déroule devant les yeux du voisin de chambre, Mr L, qui, assis sur son fauteuil et impuissant face à cette scène, nous regarde avec des yeux écarquillés et se bouche les oreilles. J’essaie de rassurer Mr M. comme je le peux mais malheureusement, cela ne fait pas effet. Il se débat pour que l’on le lâche mais l’infirmière doit terminer son soin. Au bout de 10 minutes difficiles, l’infirmière arrive enfin à extraire le fécalome. Le soin est terminé, le patient est habillé, ses draps ont été changé, j’aide un aide-soignant à le placer sur son fauteuil. Mr M. pleure, ne parle

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pas, ne réponds plus à nos questions, et a le regard dans le vide. Je décide de rester un petit peu pour le rassurer, mais cela ne marche pas, alors je décide de le laisser seul et je suis sortie de la chambre.

Durant ce stage, on m’a beaucoup répétée que le consentement du patient était primordial, ainsi que les concepts d’intimité, de pudeur, de dignité. Lors de cet acte, mon ressenti était négatif vis-à-vis de ces concepts. J’ai alors demandé en aval à un aide-soignant pourquoi n’avions-nous pas fait sortir le voisin de lit, Mr L. ? Il m’avait répondu que ce n’était pas nécessaire car c’était son voisin de lit et qu’il n’était pas valide donc nous aurions dû le laisser sur un fauteuil dans le couloir. J’avais une réponse, mais mon questionnement persistait, n’y avait-il pas un autre moyen d’éliminer ce fécalome ? Je suis allée me renseigner, il est possible de pratiquer ce geste avec les doigts (et des gants à usage unique non stériles), il n’est mentionner nulle part l’utilisation de la sonde rectale. Il est précisé que les extractions manuelles sont utilisées en dernier recours si les lavements n’ont pas fonctionnés. Or lors de ce soin, nous n’avions pas utilisé de lavement pour Mr M.

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