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Samuel Hayat, « La République, la rue et l’urne »,

Fiche de lecture : Samuel Hayat, « La République, la rue et l’urne »,. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Octobre 2019  •  Fiche de lecture  •  927 Mots (4 Pages)  •  1 674 Vues

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Samuel Hayat est chargé de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Ses travaux portent à la fois sur la représentation politique, les révolutions du XIXe siècle, les idées politiques, mais aussi sur le mouvement ouvrier et la démocratie. Il travaille actuellement sur la sociologie des organisations et des idées ouvrières en France au XIXe siècle.

Il s’agit d’un extrait de la revue Pouvoirs (c’est l’une des premières revues françaises consacrées aux institutions et à la science politique).

Les républicains associent « rue et désordre » alors qu’ils célèbrent cette même rue comme « origine de la République ». L’instabilité qui caractérise la vie politique française depuis 1789 fait craindre aux partisans de la République l’émergence de « groupes politiques dont le but serait la destruction du régime ».

Une épée de Damoclès pend au-dessus du régime naissant : la rue devient à la fois source de légitimité et de déstabilisation éventuelle du pouvoir républicain. En effet, si l’idéal démocratique fait de la rue un espace propice aux revendications populaires, la répression de cet élan décrédibiliserait le régime en pleine phase de légitimation.

Les républicains au pouvoir conçoivent la rue comme lieu d’agrégation des masses qui, par leur nature irrationnelle, sont sujettes à la manipulation. L’enjeu pour eux est alors de domestiquer cette nouvelle entité politique afin de mieux asseoir leur régime.

Comment les évènements populaires qu’a connus la France au XIXe siècle influencent-ils la perception de l’élite républicaine de la rue ? Comment cette même élite parvient-elle à imposer au peuple sa définition de la démocratie ?

L’auteur a procédé à des recherches historiques et des consultations d’archives, qui ont permis de mettre en lumière les processus historiques à l’origine de la conception actuelle de la démocratie et de la République, ainsi que de la place qu’occupe la rue dans la vie politique française.

À la suite des sommets de violence atteints lors d’épisodes comme ceux de la Commune ou de la Semaine Sanglante, les républicains doivent mettre à distance le militaire. Ayant fait le choix d’instaurer un régime démocratique, ils prennent conscience qu’ils consacrent par-là l’expression libre et publique des opinions. Puisque l’histoire prouve qu’il existe une corrélation entre l’intensité de la répression de l’État et le niveau de radicalisation des protestations, le recul de la violence étatique tend à réduire également celle des foules. L’apparition des revendications dans l’espace de la rue n’est plus interdite, l’État les contrôle au profit du « maintien de l’ordre ».

Afin de pacifier les relations entre le pouvoir et les gouvernés, l’armée se retire peu à peu de l’espace public et laisse place à la force policière. S’imposer « en douceur » dans l’espace de la rue en régulant l’action populaire permet au régime d’asseoir sa position dominante dans la relation qu’il tisse avec le peuple. L’autorisation de s’emparer de la rue n’est donnée aux manifestants qu’après négociation.

Ainsi, bien que le régime tienne à faire de la rue un lieu de cohabitation entre l’État et

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