Les stratégies de la Russie pour se forger une puissance mondiale

Composition Russie HGGSP

Introduction :

Accroche : Le 1 mars 2018, lors de son discours annuel à la Nation russe, V. Poutine vante les progrès militaire de son pays.  Une manière de montrer au reste du monde les atouts de son hard-power.

Parallèlement, cette présentation, relayée par les médias du monde entier témoigne de stratégies multiples mises en place par le pouvoir politique pour consolider le poids de la Russie dans le monde et étendre son influence à toutes les échelles. Le pouvoir de convaincre plus que de vaincre semble être au cœur des choix de Poutine aujourd’hui. En 1991, disparaissait l’URSS. Son implosion et son démantèlement ont conduit à la naissance de 15 nouveaux Etats dont le plus grands est la Russie. Ce changement politique majeur a eu de très nombreux impacts, à la fois géographique, géopolitique, géoéconomique et sociaux. Ancienne super-puissance de la guerre froide dans un monde bipolarisé autour de l’URSS et des Etats-Unis,  la Fédération de Russie cherche aujourd’hui à renouer avec le statut de grande puissance et à réaffirmer son hégémonie au sein de l’espace post-soviétique. Aussi, quels défis la Russie a-t-elle dû affronter depuis 1991 ? Quelles stratégies le pouvoir politique a-t-il mis en place ? La Russie de Vladimir Poutine est-elle finalement parvenue à réaffirmer durablement sa puissance ou n’est-elle qu’  « un colosse aux pieds d’argile » ? C’est la raison pour laquelle, nous aborderons tout d’abord une Russie fragilisée par la thérapie de choc. Puis, sa volonté de s’affirmer à l’échelle continentale et enfin, les stratégies choisies pour influencer le reste du monde.

1. Une Russie fragilisée par une « Thérapie de choc »

1. Thérapie de choc

Boris Eltsine, nouveau président de la Fédération de Russie mène le pays vers la démocratie libérale. Les années 1990 connaissent une multiplication de partis politique et une réelle liberté d’expression. Parallèlement, la politique étrangère russe en 1990 est marquée par un désengagent sur la scène internationale, rompant ainsi avec la logique de superpuissance de l’ex URSS. Cependant, cette démocratisation inédite de la société se déroule dans un cadre économique extrêmement difficile. La transition économique mène le pays vers le capitalisme. Les grandes entreprises, notamment pétrolières qui appartenaient à l’Etat sont privatisées. En 1991 et 1992, l’économie s’effondre brutalement. L’inflation explose ainsi que la dette du pays. La nouvelle Russie voit son système économique profondément modifié. Les russes passent ainsi d’une économie communiste  sous le contrôle d’un parti unique à une économie libérale, c’est- à dire libéré du pouvoir de l’Etat. Cette transition est qualifiée de thérapie de choc, illustrant la violence et la frustration des populations. La Russie s’enfonce alors dans une décennie noire.

1. Une société en souffrance

L’impact sur les populations est terrible. La misère se développe et les protections sociales disparaissent peu à peu. L’espérance de vie chute dans une société où mafia et corruption prospère.  Les richesses sont rapidement captées par les oligarques, seigneurs du pétrole, qui font aujourd’hui de Moscou, la ville qui concentrent le plus de milliardaire au monde. De plus, la disparition de l’URSS marque la fin d’un monde. Avec la création des 14 autres Républiques, Moscou perd son influence sur ¼ de son territoire et de la moitié de sa population. Cette période est ainsi marquée par le retour au pays de 25 millions de russes qui forment désormais une minorité diversement appréciée. C’est le retour de ceux que l’on appelle les pieds-rouges.  Enfin, la nouvelle Fédération de Russie est un Etat multinational, c’est-à-dire qu’il est composé de centaines de peuples. L’éclatement de l’URSS est également l’occasion pour ces minorités de revendiquer leur indépendance. La Tchétchénie déclare ainsi son indépendance en 1994. Pour éviter un effet domino, Moscou déclenche la guerre et écrase le mouvement indépendantiste considéré comme séparatiste. En février 2000, lors de la deuxième guerre de Tchétchénie, les troupes russes sous l’autorité d’un lieutenant-colonel Vladimir Poutine s’empare de la ville Groznyi.

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