Le rôle de François Hollande sur la scène internationale

Barack Obama convie François Hollande pour une visite d’Etat, un privilège qu’il n’a pas accordé depuis deux ans. Pourquoi tant d’honneurs ?

La France est redevenue populaire en Amérique. Qu’ils soient démocrates ou républicains, les politiques sont tous d’accord pour saluer le courage de François Hollande sur la scène internationale. Les relations entre les deux pays n’ont rien à voir avec celles des années 2000 : il suffit de voir l’évolution du politologue conservateur Robert Kagan pour s’en convaincre. Il y a dix ans, il écrivait un livre très critique sur la France et expliquait que les Américains ne pouvaient pas compter sur les Européens en matière de diplomatie. Les Américains viennent de Mars et les Européens de Vénus, écrivait-il à l’époque ! Aujourd’hui, il ne jure plus que par la France. La guerre en Irak avait provoqué une rupture durable entre les deux puissances. Les interventions au Mali et en Centrafrique, ainsi que le traitement des dossiers syrien et iranien ont beaucoup rapproché la France et les Etat-Unis.

François Hollande n’a pas apprécié que Barack Obama veuille consulter le Congrès sur le dossier syrien, alors que la France lui avait déjà apporté son soutien. N’est-ce pas la vraie raison de cette ­invitation ?

Pour la plupart des observateurs américains, François Hollande s’en est beaucoup mieux sorti que Barack Obama sur ce dossier. Mais je comprends que cette affaire ait froissé l’Elysée. La visite d’Etat organisée aujourd’hui peut effectivement paraître comme un lot de consolation. Mais les deux pays ont bien d’autres raisons de souhaiter une telle rencontre.

La France est-elle devenue le partenaire privilégié des Etats-Unis en Europe ?

La France occupe un rôle diplomatique que ni les Britanniques ni les Allemands ne sont prêts à tenir aujourd’hui. David Cameron est bloqué par son Parlement. L’Allemagne s’y refuse par tradition. Le ministre des Affaires étrangères américain, John Kerry, a d’ailleurs beaucoup agacé les Anglais en indiquant que la France était le «plus vieil allié» des Etats-Unis.

Que vient chercher François Hollande, selon vous ?

Compte tenu de sa popularité , il gagne beaucoup à s’éloigner de la France ! Il gère mieux son image à l’international qu’il ne le fait sur la scène intérieure. Cela peut lui permettre de redresser la barre.

Quelle sorte de relations entretiennent les deux présidents ?

Ils ne se connaissent pas vraiment. Barack Obama est un président plutôt introverti. Contrairement à Bill Clinton, il ne joue pas la familiarité avec les autres chefs d’Etat. C’est un homme rationnel, qui calcule ses intérêts de manière froide. Barack Obama a souvent dit qu’Angela Merkel était le dirigeant européen dont il se sentait le plus proche à titre personnel. Leurs relations se sont évidemment beaucoup dégradées depuis que la chancelière a appris que son téléphone était écouté par les Etats-Unis .

Le scandale des écoutes a-t-il aussi assombri les relations entre la France et les Etats-Unis ?

C’est beaucoup moins grave qu’on ne le dit. La France, le Canada et le Royaume-Uni ont des pratiques similaires

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