La politique étrangère russe de Vladimir Poutine depuis le début des années 2010, une stratégie menaçante pour l’Union européenne ?
Dissertation : La politique étrangère russe de Vladimir Poutine depuis le début des années 2010, une stratégie menaçante pour l’Union européenne ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Kev Ix • 22 Avril 2019 • Dissertation • 4 090 Mots (17 Pages) • 977 Vues
« Il y a 25 ans, le mur de Berlin est tombé, mais la division de l’Europe n’a pas été surmontée, un mur invisible s’est simplement déplacé vers l’est » explique Vladimir Poutine, nous faisant comprendre la perception russe de la géopolitique en Europe, en pointant du doigt les pays de l’Union européenne à travers l’Alliance Atlantique qu’est l’OTAN. La querelle entre les deux confins de l’Europe n’est pas récente, l’effondrement de l’URSS en 1991 a permis la construction du processus d’union de l’Europe et d’intégration européenne des pays de l’Est durant les années 2000. Président de la Fédération de Russie pendant deux mandats consécutifs, de 2000 à 2004 puis de 2004 à 2008, réélu à deux reprises en 2012 puis en 2018 après quatre ans en tant que premier ministre sous Medvedev, de 2008 à 2012, il n’est pas exagéré d’affirmer que Vladimir Poutine contrôle la Russie depuis 2000. Pendant 18 ans, il a redressé son pays d’une décennie catastrophique, à la fois au niveau économique et politique pour beaucoup de russes. La première divergence entre la Russie et l’Union européenne relève de l’idéologie politique, est celle-ci et la clé de leurs tensions. La démocratie libérale que promeut l’UE va à l’encontre de la politique de Poutine, on le constate durant les années 2000 avec les « révolutions de couleurs » des pays de l’Est , après des élections truquées qui voyait les candidats pro-russes vainqueurs. Entre-temps, l’Alliance atlantique s’est élargie jusqu’à l’Est, intégrant sept pays en 2004. L’intervention russe face à l’attaque de la Géorgie en Ossétie du Sud traduit la volonté de Poutine que la Géorgie n’intègre pas légitimement l’OTAN. Après une période de difficultés économiques et politiques entre 2008 et 2012 dont nous aurons l’occasion d’expliquer, Poutine change sa politique. Il arbore un discours patriotique dans sa politique nationale, et durcit sa politique étrangère à l’encontre de l’Union européenne. De ce fait, la politique étrangère russe se durcit également, dans un premier temps avec la nouvelle doctrine de défense en 2010 qui place l’OTAN en tête des menaces, et dans un deuxième temps lors de son premier discours de politique étrangère en 2011 dans lequel il critique l’ingérence occidentale dans les affaires intérieures des pays souverains. La crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 provoque une crise entre l’UE et la Russie. Encore une fois, cette dernière accuse l’Occident de vouloir intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Le conflit enclenché entre l’UE et la Russie depuis 2014 sur fond de crise russo-ukrainienne intervient dans un contexte de popularité nationale pour Poutine et dans une volonté que l’OTAN ne s’élargisse pas, au profit de l’UE. Ces deux facteurs sont liés, l’élargissement de l’OTAN jusqu’à la frontière russe provoquerait une humiliation dans la conscience russe, et une menace pour la popularité et la postérité de Poutine. L’intérêt de notre étude est de comprendre comment la politique étrangère et les intérêts de Poutine sont-ils devenus un facteur de conflit avec l’Union européenne ? Afin d’y répondre, nous évoquerons dans un premier temps que le durcissement de la politique étrangère par Poutine est de manière à répondre aux difficultés nationales. Ensuite, nous expliquerons que l’opposition entre la Russie et l’Union européenne était inévitable, parce-que la doctrine Poutine amplifie la crise ukrainienne et provoque l’annexion de la Crimée au profit des intérêts politiques du dirigeant russe. Enfin, nous évoquerons la relation distante entre l’UE et la Russie depuis la crise, tantôt partenaires et tantôt adversaires.
Le durcissement de la politique étrangère de Vladimir Poutine répond à un contexte de crise que la Russie traverse. De retour à la présidence en 2012, l’objectif de Poutine est de raviver le patriotisme russe, dans une approche souverainiste et nationaliste. L’opposition à l’Europe, et à ses valeurs universalistes qu’elle souhaite incarner, est alors frontale et perceptible dans la communication et la politique du dirigeant russe. Comme les pays de l’Occident ainsi que leurs partenaires économiques, la Russie est touchée par la crise économique de 2008 qui se répercute sur les élections politiques, législatives en 2011 et présidentielles en 2012, dans lesquelles Vladimir Poutine ressort affaibli par rapport aux précédentes. Le dernier facteur conduisant au changement de stratégie du leader russe est l’échec de l’intégration de l’Ukraine dans l’Union eurasiatique et en parallèle la perpétuelle menace de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est.
Après une spectaculaire croissance économique depuis 2000 , les pays européens sont touchés par la crise financière américaine, dont la Russie à partir de janvier 2009. De plus, la guerre russo-géorgienne et la reconnaissance des républiques sécessionnistes par Moscou provoquent la fuite massive des capitaux étrangers de Russie. Durant les trois années qui suivent, l’économie russe connait d’importantes difficultés, avec par exemple la baisse de 7% des revenus des ménages et de 5% de leur consommation . Du fait des difficultés économiques et sociales, la crise entraine des répercussions politiques sur l’exécutif. Lors des élections législatives de 2011, plusieurs accusations de fraudes massives sont révélées et des manifestations éclatent. De plus, les résultats recueillis par le parti de Poutine, « Russie unie » sont décevants. Il perd sa majorité constitutionnelle à la Douma , et Poutine est réélu avec un score de 63% à l’élection présidentielle de 2012, permettant l’essor du mouvement d’opposition qui remet en question le monopole du parti présidentiel. Néanmoins, le principal facteur conduisant Poutine à nationaliser son discours est la menace perpétuelle de l’élargissement de l’OTAN.
Pour Fiodor Loukianov, « l’élargissement rapide de l’OTAN et le déplacement de la ligne de contact vers l’est ont été un cauchemar pour la Russie » . Aux yeux de Poutine, l’élargissement, à la fois de l’OTAN et de l’UE, menace la sécurité de la Russie et les considèrent ces organisations comme une arme politique pour répandre les valeurs occidentales. Dans une analyse plus politique, l’élargissement de l’UE et de l’OTAN constituerait un échec national pour Poutine. Par conséquent, son objectif est d’éviter tout élargissement de l’OTAN dans la zone d’influence russe, incluant les pays frontaliers comme l’Ukraine et la Géorgie. Néanmoins, l’OTAN et l’UE ont réussi à s’élargir durant les années 2000, une vague de dix pays ont intégré l’UE et sept dans l’OTAN
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