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Politique Russe au Moyen-Orient

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Par   •  8 Novembre 2022  •  Dissertation  •  6 966 Mots (28 Pages)  •  215 Vues

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

TRAVAIL DE SESSION : LA POSITION DE LA RUSSIE AU MOYEN-ORIENT 

TRAVAIL DE SESSION

PRÉSENTÉ À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

 

Introduction

Le 30 septembre 2015, l’annonce officielle d’une intervention armée de la Fédération de Russie sur le sol syrien allait, de manière irréversible, bouleverser l’échiquier géopolitique dans la région du Moyen-Orient, habituellement chasse gardée des États-Unis et de leurs alliés. On assiste alors à un déploiement des forces armées russes en soutien à l’Armée Arabe Syrienne qui s’est enlisée, depuis 2011, dans une lutte face à une contestation de la part d’une myriade de groupes d’opposition armés à tendance plus ou moins radicale. Sous la demande officielle d’aide militaire, présentée par le président syrien Bachar Al-Assad, Moscou intervient aux cotés du régime de Damas qui ne contrôlait plus, à l’automne 2015, qu’une mince bande du territoire à l’ouest du pays, parsemée de part et d’autre, de poches de résistances rebelles qui luttent jusqu’à mettre à mal l’armée du régime[1]. Cette implication militaire directe signe le  couronnement d’un retour progressif de Moscou, depuis le redressement observé au lendemain des années 2000, au Moyen-Orient. En effet, la décision d’utiliser la force armée marque un tournant avec la posture tenue depuis les années 1990, qui ont été marquées par une absence notable de l’influence russe dans le monde, y compris au Moyen-Orient, où l’URSS possédait plusieurs leviers puissants. Ce retrait, d’un de ces terrains d’influence, à savoir le Proche-Orient, s’explique par l’extrême faiblesse, au lendemain de l’effondrement de l’URSS, des capacités militaires et économiques de la Russie. Dans ce sens, le chercheur russe Alekseï Malachenko ajoute concernant ce retrait volontaire que Moscou s’était « abstenue d’entreprises indépendantes dans la politique proche-orientale, laissant complètement l’initiative aux partenaires américains et européens »[2]. La première décennie des années 2000 voit l’arrivée au Kremlin du président Vladimir Poutine. Cette période verra également un climat favorable à un redressement économique de la Russie, ce qui permettra au pays de mener, dans une certaine mesure, une politique moins alignée sur l’occident, comparée à celle des années 1990. Ainsi, de spectatrice des évènements géopolitiques, la Russie devient un agent actif qui n’hésite pas à passer à l’action. En d’autres termes, l’entrée en guerre de la Russie en Syrie insuffle une nouvelle dynamique dans la diplomatie Moyen-Orientale de Moscou, dans la mesure où sa stratégie régionale est passée d’une posture largement réactive par rapport aux entreprises occidentales dans la région à une position davantage proactive, et en opposition[3]. Effectivement, la toile de fond de ce revirement de position est à placer dans une vision plus large des relations entre la Russie et l’Occident, Etats-Unis en tête. Dans le contexte d’une rivalité croissante, particulièrement sur le dossier ukrainien qui a amené à des sanctions unilatérales occidentales adoptées contre la Russie, Moscou cherche à développer des partenariats, notamment au Proche-Orient, qui proposent une alternative à ce qu’elle perçoit comme des vilités  « hégémoniques » de la part de l’Occident. Le retour de la Russie en tant qu’acteur alternatif qui n’hésite pas à user de la force armée au-delà de ses frontières pour affirmer sa volonté, signant ainsi un retournement géopolitique majeur de ce début du 21e siècle, explique le choix de notre sujet d’étude. Dans le cadre d’un objectif  plus affiché de la part de Moscou de s’affranchir de l’agenda géopolitique occidental, comme en témoigne l’intervention en Syrie et plus récemment celle en Ukraine, quelle position peut adoptée la Russie au Moyen-Orient ? Puissance incontestable mais limitée, ou alternative à l’offre occidentale, le cas syrien nous offre une formidable vitrine sur l’avancement de la position russe au Moyen-Orient, en tant que contre-modèle à la préséance occidentale. En effet, l’action russe dans la zone ne s’explique pas exclusivement par des intérêts étatiques directs mais par une réelle vision idéologique, se présentant comme une alternative à une théorie occidentale des relations internationales qui a été mise en difficulté par l’échec de la Pax americana, qu’a voulu instaurer Washington au lendemain de  la chute de l’URSS, et qui n’a pas résisté à la débâcle politique de son intervention en Irak [4]. En nous basant sur un travail d’identification et de comparaison de différentes interprétations scientifiques, nous allons tenter d’apporter des éléments de réponses qui démontreront la position effective de la Russie au Proche-Orient. Pour ce faire, trois axes seront exposés. Dans un premier temps, nous allons expliquer les intérêts qu’avait la Russie à intervenir dans le conflit syrien, car ce conflit sera la base de notre étude de la préséance russe dans la région. Dans un deuxième temps, nous allons faire un bref état des lieux de la relation qu’entretient Moscou avec les pays de la région et qui ont une influence directe sur le déroulement de la guerre en Syrie. Enfin, nous allons tenter de vérifier si cette stature d’alternative à l’offre occidentale au Moyen-Orient s’avère ou non convaincante pour les Etats de la région, ou dit autrement, si cette offre de substitution est couronnée de succès ou pas.

Développement

Il est essentiel de rappeler que la Syrie, et dans une grande optique le Moyen-Orient, ne sont pas une préoccupation récente de la politique étrangère de la Russie. En effet, depuis la Russie des Tsars, jusqu’à nos jours, en passant par la forte influence, au milieu du 20e siècle, de l’URSS dans cette région, la Russie, à l’exception de quelques périodes historiques où elle s’est retirée de la scène moyen-orientale, a été, pour plusieurs raisons, un acteur déterminant de cette région. Sur cette relation poussée, les auteurs qui étudient les relations entre les pays sont dans un consensus, à l’image des propos de Taline Ter Minassian qui affirme que « De cette époque datent les grands projets d’aménagement et de coopération technique, militaire et industrielle avec l’Égypte nassérienne ou la Syrie baasiste, socle d’alliances durables jusqu’à aujourd’hui entre le Kremlin et la Syrie de Bashar al Assad »[5]. L’implication militaire en Syrie et l’offre d’alternative derrière ne sont donc pas une nouveauté pour la région, étant donné que la Russie y a été fortement présente durant l’URSS.

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