Évolution de la notion de terrorisme en France : Phénomène devenu protéiforme
Analyse sectorielle : Évolution de la notion de terrorisme en France : Phénomène devenu protéiforme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Boris Glinkowski • 7 Décembre 2017 • Analyse sectorielle • 8 473 Mots (34 Pages) • 984 Vues
Rapport
Évolution de la notion de terrorisme en France :
Phénomène devenu protéiforme
Boris Glinkowski
Le mot terrorisme est aujourd'hui au centre des attentions , médiatisé de manière exagérée, utilisé pour chaque événement préoccupant, utilisé par tous les acteurs politiques français et étrangers, et par toutes les populations . Pour autant il est une chose omise par tous , personne n'est réellement capable d'en donner une définition que chacun trouverait correcte, en effet , dans les faits le consensus est introuvable. Les enjeux sociétaux , culturelles, dialectiques , historiques, politiques ou même religieux (et cette liste est loin d'être exhaustive) qui entrent en compte dans la définition que chacun peut donner du terrorisme font de ce terme une chose probablement bien plus nébuleuse qu'Al-qaïda elle même.
Selon Thierry Deffarges « Qualifier un événement de terroriste relève souvent de l'usage commode d'une terminologie dont le niveau de généralité contribue plus à brouiller qu'à clarifier des situations observables ».[1]
On peut d'abord penser que la meilleure définition du terrorisme est sans doute la moins précise , car ce serait la définition la plus extensible qui permettrait de couvrir toutes les acceptions qui existent de ce terme. Cependant , une trop grande généralité dans les termes utilisés pour une définition aboutit souvent à son insuffisance pour atteindre l'exactitude de ce que ces termes doivent décrire comme réalité. En d'autres mots , cette définition est insuffisante à elle-même.
L'auteur poursuit d'ailleurs: « Comment mettre sur le même plan le narco-terrorisme des guérillas colombiennes, la lutte armée du Hamas palestinien, l'attaque contre le World Trade Center du 11 septembre 2001, ou encore les violences en Irlande du Nord ? Les dimensions socio-économiques, culturelles, idéologiques ou politiques sur lesquelles reposent ces situations sont si différentes qu'il semble difficile de les réduire à une forme unitaire de violence. ».
Peut-être alors, plutôt que de trouver une définition consensuelle du terrorisme ne vaudrait-il mieux pas en accepter l'infinie diversité. D'autres auteur en ont même conclu à son inexistence.[2] Non pas comme le Général Ivashov (Chef d’état-major des armées russes au moment des attentats du 11 septembre 2001 ) qui prône la théorie du complot, mais plutôt en considérant qu'il n'existe pas un type généralisé , une doctrine unique de terrorisme. C'est le passage de l'unité du phénomène terroriste à son acception protéiforme.
Différents points démontrent cela, qu'il s'agisse de l'impossible consensus au niveau international sur une définition commune malgré les nombreuses tentatives de l'ONU par exemple , de la variabilité qui existe au sein des différentes listes terroristes étatiques qui révèle que chaque État se positionne différemment des autres sur la question, ou de la difficulté à cerner l'acte terroriste au niveau pénal. L'évolution du terrorisme est marquée par le prolongement continu de son infinie diversité au gré des différents usages de la terreur qui se sont observés durant l'histoire . Ouvrant toujours un peu plus la notion, ces évolutions ont fait du terrorisme un phénomène pratiquement aussi vieux que l'humanité en lui retirant toute sa singularité originelle ( sa définition historique).
Comment ce terme a t-il évolué et que recouvre t-il aujourd'hui ?
D'abord, le phénomène terroriste est peut-être à détacher de son vocable , ou plus exactement , de la date de naissance de son vocable . Le terrorisme comme concept actuel existait avant l'apparition des mots « terrorisme » ou « terroriste ».
De plus ces termes ont , depuis leur consécration, embrassé diverses définitions selon les usages diachroniques dont ils ont fait l'objet.
Ensuite, le flou autour du terrorisme est issu de sa subjectivité et de son usage rhétorique , tout cela renforcé par sa difficulté à se définir juridiquement tant au niveau national qu'international. Les enjeux autour de la définition du terrorisme sont autant politiques que juridiques . Souvent conçu par les pays du tiers monde comme une lutte opposant le faible au fort , du combattant pour la liberté face à l’oppresseur, le terrorisme est aujourd'hui une notion trop large qui épouse bien trop de situations pour que chacun y trouve son compte . Ce terme n'a pas toujours revêtu une acception aussi large, si les États du monde avaient recherché un accord sur sa définition au début du 20e siècle , sans doutes l'auraient-ils trouvé.
Cette vision qui placerait l'arme terroriste entre les mains des plus faibles dans le cadre d'une sorte de choc des civilisations comme le prônait Samuel Huntington est cependant à remettre en question, nous le verrons par la suite.
Voici la définition actuelle du terrorisme : « Ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système. »[3]. Il s'agit donc principalement d'un terrorisme qui s'oriente vers l’État. Telle n'était pas la définition du terrorisme autrefois.
- Un phénomène difficile à fixer dans le temps :
A/ Une genèse lexicographique comme point de repère
La naissance lexicographique se fait au cours de la Terreur pendant la Révolution Française, période de la mise en œuvre des mesures d’exception, de la création du tribunal révolutionnaire, de la radicalisation de la violence et des exécutions de masse par les dirigeants révolutionnaires.Il existe historiquement deux périodes de Terreur, une première du 10 août au 20 septembre 1792 qui prend fin avec la Victoire de Valmy et une seconde du 5 septembre 1793 au 28 juillet 1794.
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