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Préambule de la Constitution de 1946.

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Par   •  4 Décembre 2016  •  Dissertation  •  3 170 Mots (13 Pages)  •  4 858 Vues

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                                                                                                   Moustafa Bakry

Préambule de la Constitution de 1946



La Constitution du 27 octobre 1946 se présente sous la forme d'un texte en deux parties : la première le Préambule, expose la philosophie politique et sociale du régime et nous allons l'étudier. La deuxième comprend 106 articles consacrés aux institutions de la République.

Ce texte constitue une avancée juridique, politique, sociale extraordinaire, mais qui s'inscrit dans un contexte bien particulier.

Tout d'abord cette constitution est une œuvre de compromis. Il faut savoir qu'un premier projet de constitution venait d'être rejeté par le peuple et que l'Assemblée était composée de membres très partagés sur le sujet sans majorité forte. Cette constitution est l'œuvre de ce que l'on a appelé le Tripartisme.

On y trouve l'affirmation de droits nouveaux et la réaffirmation de droits acquis durement depuis la Révolution, qui s'inscrivent dans la stabilisation du régime républicain (enfin, après un grand siècle de tâtonnements politiques oscillant entre monarchie, empire et république, la république démocratique devient un régime acquis). Les restrictions du régime de Vichy et la deuxième Guerre Mondiale d'une part et les maux imputés à la fin de la 3ème République d'autre part entraînent la mise en place de cette nouvelle constitution qui veut affirmer l'individu comme un citoyen mais également un être à part entière appartenant à un groupe.

Ce préambule comprend un certain nombre de principes politiques, sociaux et économiques. Pour ce qui est des principes politiques, le préambule réaffirme l'attachement à la DDHC, il affirme l'égalité entre les sexes et plusieurs principes relatifs aux relations internationales. Concernant les principes sociaux, ils sont eux relatifs à l'homme situé dans la société. La nation pourvoit au développement de l'individu et de la famille, garantit la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs, établit les principes de solidarité nationale, de l'égal accès de tous à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. Enfin, les principes économiques se rapportent à l'homme situé dans un environnement économique (le travailleur). Les principes sont le droit au travail, la liberté syndicale, le droit de grève, la participation des travailleurs à la détermination collective des conditions de travail et à la gestion des entreprises. D'autres droits se rapportent à l'organisation de l'économie.
Pour poser une problématique la plus complète possible, nous poserons que ce préambule avait un enjeu juridique important car il concernait des droits nombreux et essentiels et dont la portée concerne la société d'hier, mais aussi celle d'aujourd'hui.

Dans la logique de cette problématique, nous verrons dans un premier temps l'enjeu juridique et original du préambule de la Constitution de 1946, puis nous nous intéresserons de façon détaillée à son contenu et enfin nous mettrons ce texte en perspective avec la société dans laquelle nous vivons et qu'il a contribuée à façonner.



I. L'enjeu juridique du Préambule de la Constitution de 1946 et sa portée


A) La valeur légale du texte


Il faut limiter la portée immédiate du texte du préambule, qui ne prendra une valeur juridique effective que dans le cadre de sa reprise dans le préambule de la constitution de la 5ème République.

1. En effet, le préambule ne revêtait pas entre 1946 et 1958 un caractère de « super-légalité », c'est-à-dire d'être au-dessus des lois juridiquement, comme le précisait l'article 92 de la Constitution, qui l'excluait des compétences du Comité constitutionnel. Ainsi, le parlement n'était pas contraint de respecter les principes du préambule. Le préambule fait passer d'un Etat libéral à un Etat interventionniste, alliant des libertés individuelles et des droits sociaux et ce passage implique dans la société certains tâtonnements qui ne pouvaient se faire sans porter atteinte à des droits individuels rattachés à une conception libérale de l'Etat. Il fallait donc que le Parlement ait une certaine marge de manœuvre pour légiférer en conséquence.

Cependant, le Préambule restait juridiquement important : D'une part les juridictions judiciaires le considéraient comme une loi ordinaire et l'imposaient aux particuliers dans leurs relations (par exemple, arrêt de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation du 27 mars 1952 qui décide, par référence à l'alinéa 7 du préambule, que la grève des salariés ne rompt pas, par elle-même, le contrat de travail.). D'autre part, les juridictions administratives et le Conseil d'Etat rangeaient les principales dispositions du préambule parmi les « principes généraux du droit ». Par exemple, l'arrêt Barel du 28 mai 1954 visait dans ses considérants le principe « de l'égalité de l'accès de tous les Français aux emplois et fonctions publics » et conférait donc une valeur législative à ce principe de 1789 maintenu en vigueur en 1946.

C'est en 1958 que le pas est franchi réellement, avec l'intégration du préambule de la Constitution de 1958 (qui reprenait celui de 1946 et la DDHC) au bloc de constitutionnalité pour en imposer le respect aux pouvoirs publics. Même si aucun texte ne donne une liste de ces principes, c'est le Conseil constitutionnel qui les détermine et les énonce, au fur et à mesure de la jurisprudence.


2. Par ailleurs, les libertés publiques et les droits sociaux sont ils inconcilibles ? Les libertés individuelles et les droits sociaux expriment deux philosophies de la société assez différentes. Les libertés individuelles reposent sur l'autonomie de l'individu qu'elles protègent des atteintes possibles du pouvoir. Pour les respecter, cela implique le moins d'action possible de la part des gouvernants. C'est le contraire pour certains droits sociaux, pour lesquels les gouvernants doivent agir. Pierre Pactet écrit ainsi : « Dans un cas, l'individu assume sa vie, ne demandant au pouvoir que d'y intervenir le moins possible –c'est la conception de la bourgeoisie aisée et libérale de la fin du 18ème et du 19 ème- dans l'autre, il compte sur ce même pouvoir pour lui procurer, dans un monde dominé par un extraordinaire progrès technique et par une division très poussée du travail, ce qu'il ne peut pas atteindre seul. ».

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