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Le vote, une expérience collective ou individuelle?

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Par   •  16 Avril 2018  •  Dissertation  •  1 912 Mots (8 Pages)  •  1 108 Vues

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Le vote : une expérience collective ou individuelle ?

Problématique : Nous allons démontrer que, nonobstant le principe démocratique du vote secret et individuel, l’électeur subit l’influence des sondages, des médias et de la même opinion publique.

INTRODUCTION

Le principe démocratique du vote secret s’est instauré en France en 1913 avec le but de permettre à tous citoyens la libre expression de leurs opinions, sans l’influence des notables ou de l’Eglise. Mais le vote libre et individuel est encore loin d’être acquis : comme le politologue Bernard Manin explique dans son ouvrage Principes du gouvernement représentatif[1], vers la fin du XIX ͤ siècle les électeurs passent de l’influence des notables à l’influence des partis politique. Ces derniers contribuent à la collectivisation de la vie politique et ils encadrent les choix électoraux à travers leurs programmes. Les partis, bien ancrés dans la stratification sociale, sont le reflet des classes sociales sur lesquelles ils s’appuient et desquelles ils sont les porteurs des intérêts[2]. Le paysage politique devient le miroir des conflits de classes et les partis se construisent sur les clivages sociaux : les partis de gauche deviennent la voix des ouvriers et la droite s’identifie avec les classes moyennes et supérieures[3]. A partir des années ‘70 les partis commencent à perdre leur place prééminente dans le scenario politique en faveur de l’avènement des médias. Les identités partisanes sont en crise, les électeurs se montrent plus intéressés au contexte et la politique se re-personnalise. On assiste au développement d’une « démocratie du public[4] » ou démocratie d’opinion. Le peuple commence à être représenté non plus par les partis mais par l’opinion public mesuré avec les sondages. Les sondages d’opinion deviennent subordonnés aux intérêts politiques[5] et l’opinion publique représente la légitimation de l’homme politique modern. Le concept d’opinion publique, même si largement répandu et utilisé par les médias, reste encore un sujet peu claire et débattu. Selon l’idéal démocratique dominant, l’opinion publique devrait être le « jugement social qu’effectue une communauté consciente d’elle-même sur une question d’intérêt général après une discussion rationnelle et publique »[6]. On verra que cette vision d’une opinion publique informées et unanime est utopique et que dans les faits, pas tout le monde est capable de formuler une opinion rationnelle sur tous les sujets : elle se révèle donc volatile et complexe. Avec les nouvelles influences des médias, les électeurs restent aussi soumis aux traditionnelles emprises exercées par la famille, le territoire et le milieu sociale. Nous allons donc démontrer que, nonobstant le principe démocratique du vote secret et individuel, les électeurs subissent des influences qui rend le vote une expérience collective. Tout d’abord on analysera les différents modelés explicatifs du vote, avec leurs changements et dynamiques, ensuit nous allons expliquer le déclin des partis politiques pour terminer sur l’avènement de la démocratie du public et ses effets sur la pratique du vote et sur l’électorat.

PLAN

  1. «  On ne vote jamais seul » [7] : les modèles explicatifs du vote
  1. Les modèles psychosociaux qui resituent les électeurs dans leurs territoires et leurs réseaux d’interconnaissances [8]

Ce modèle, présenté par André Siegfried dans son ouvrage Tableau politique de la France de l’Ouest[9] et approfondi par les américaines dans le livre The people’s choice, s’appuie sur les grandes enquêtes empiriques conduites aux Etats-Unis après la deuxième guerre mondiale. Elles démontrent que le territoire et les structures sociales et religieuses présentes affecte sensiblement le choix électoral. « Une personne pense politiquement comme elle est socialement », la communauté ou le groupe social, ethnique ou religieux est un élément décisif et dans la plupart des cas il détermine le choix électoral de ses individus. L’origine géographique, la famille et le milieu sociale créent dans l’électeur un « code comportemental » qui affecte sa formation politique[10]. Ce modèle, même si considéré par certains dépassé, il est tout à fait actuel : dans les dernières élections législatives en Italie, qui ont eu lieu le 4 mars 2018, un clivage remarquable s’est présenté entre les régions du nord et celles du sud au niveau du vote, clivage qui reflet les profondes différences sociales entre les deux blocs du pays[11].

 

  1. « Le vote sur enjeux »[12] : les électeurs votent en tenant compte de la situation et du contexte des élections

A partir des années ’70, les changements dans la société ont entrainés naturellement un changement dans l’approche des électeurs au vote. Le phénomène tient à des facteurs conjoncturels : l’avènement des médias dans la scène politique, les enjeux internationaux et la crise des années ’70. En ‘68 la France connait le mouvement social plus massif de son histoire : les contestations du monde du travail, essentiellement ouvrières ; les luttes des immigrés, la politisation de l’intime qui rassemble les luttes pour les droits des femmes et les mobilisations des homosexuels, la lutte pour l’amélioration de l’environnement avec la naissance de l’écologie politique ; enfin les mouvements d’opposition aux autoritarismes qui rassemblent toutes les résistances à la répression, l’antimilitarisme et le pacifisme.[13] Tous ces bouleversement ont amenés les électeurs à s’éloigner des anciennes opinions politiques traditionnelles ; ils sont plus réactifs au contexte et ils manifestent intérêt pour les candidats et les positions qu’ils défendent[14]. Ce modèle du « vote sur enjeux » on le retrouve aujourd’hui, dans une France frappé par le terrorisme, où la question de l’immigration et de la sûreté l’emporte sur la fidélité au partis ou l’appartenance à une classe sociale.

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