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Commentaire de texte empire carolingien

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Par   •  6 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 508 Mots (11 Pages)  •  1 048 Vues

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COMMENTAIRE DE TEXTE de ordine palatii

« Celui qui commet la folie de négliger l’intérêt public, et se livre en insensé à ses désirs personnels et égoïstes, offense par là à tel point le Créateur », ainsi se termine l’Histoire des fils de Louis le Pieux écrite par l’historien Nithard, quelques mois avant sa mort au combat, en juin 844. Il exprime ici le fait que le roi qui n’agirait pas selon les préceptes divins porterait atteinte à la primauté de l’Église sur le pouvoir temporel et ce-dernier, devant rendre des comptes devant Dieu, risquerait le châtiment divin.

Le texte est un document littéraire, politique mais aussi, dans une certaine mesure, juridique. En effet, il s’agit d’un extrait tiré d’un traité nommé De ordine palatii. On pourrait traduire cela par « l’organisation du palais » : ici, l’auteur liste les devoirs du roi carolingien dans les premières années du IXe siècle, à l’époque du règne de Charlemagne et de Louis le Pieux. Il relève du genre médiéval du miroir des princes.

Ce texte est reproduit au sein de la Bibliothèque de l’École des hautes études, grande collection française d’ouvrages de sciences humaines. Plus précisément, le livre utilisé est le tome 58 aux éditions M. Prou à Paris en 1885.

Le traité a été écrit par Hincmar de Reims, très grand juriste, né d’une grande famille carolingienne et auteur d’autres traités comme par exemple De divorcio Lotharii et Teutbergae relatif au divorce de Lothaire II et Teutberge. Par ailleurs, il est archevêque de Reims et conseiller influent à la cour de Charles II le Chauve.

Le texte a été rédigé en l’an 882 lors de l’accession au trône de Francie occidentale du roi Carloman II. Il se situe donc dans une période dominée par la dynastie carolingienne, période durant laquelle, Charlemagne, grand père de Carloman II, entreprend une tentative de reconstruction de la res publica après sa totale disparition durant la dynastie mérovingienne. De ce fait, il va restaurer l’Empire en 800 et faire renaître la chose publique dans le cadre d’une mission que doit remplir l’Empereur, le ministerium regis, qui découle de l’idée de théocratie instaurée par le sacre de Pépin le Bref. L’Empereur doit recte agere, étant donné qu’il tient son pouvoir de Dieu, qu’il est « sacré par la grâce de Dieu », il est investi d’une mission sacrée, dont celle de rendre la justice de Dieu sur terre. Ces liens de plus en plus forts entre la royauté et l’Église fondent alors une théocratie.

Cependant, cette tentative sera de courte durée. En effet, le partage de Verdun en 843 va morceler le pouvoir et annoncer le régime seigneurial.

Ici, le texte étudié traite des devoirs d’un roi, et nous montre en quoi le pouvoir spirituel doit dominer le pouvoir temporel pour assurer une mission commune : la recherche du bien commun et le salut des âmes.

La monarchie carolingienne n’a bien évidemment pas inventé cette théorie des deux pouvoirs. Cette vision est notamment issue des penseurs l’antiquité romaine, ainsi et selon eux deux royaumes coexistent : le royaume terrestre et le royaume des cieux. Cette doctrine de l’Église se fonde sur les textes déjà existants comme la Bible, l’Ancien ainsi que le Nouveau Testament, qui sont hissés au rang de textes à valeur juridique.

Ce texte présente un intérêt politique et juridique. Il donne tout d’abord et avant tout à voir la façon dont doit être exercé le pouvoir par le roi en France. Cette liste de règles se fonde sur des textes religieux : on appelle cela le droit canonique. On va s’intéresser ici principalement à l’aspect politique, bien que les deux soient consubstantiellement liés.

Ainsi, nous étudierons les étapes qui ont menées à l’enracinement de la théocratie sous la monarchie carolingienne (I) et comment elle a profondément changé la façon dont le pouvoir est exercé (II).

I – La mise en place primordiale de la théocratie

L’introduction du gouvernement de Dieu par les hommes a deux fondements : l’instauration du sacre (A) et la distinction des pouvoirs terrestre et spirituel (B).

A. L’instauration du sacre : un symbole de la représentation de Dieu sur terre

La sacralisation du pouvoir est la première étape en vu de l’introduction de la théocratie. À la première ligne, on peut lire « que le roi comprenne donc à quelle charge il a été promu ». L’auteur fait référence au sacre. En effet, après avoir renversé Childéric III, Pépin le Bref, fondateur de la dynastie carolingienne, va sa faire sacrer deux fois pour légitimer puis consolider son pouvoir ainsi que celui de ses fils. Le sacre royal, qui remonte à l’Ancien Testament, symbolise l’alliance entre le pouvoir, la foi chrétienne et la vie intellectuelle qui oriente toute l’idéologie du régime. Ainsi, le roi est tenu de respecter les préceptes chrétiens sous peine de colère divine. Comme indiqué aux ligne 5 et 6 : « beaucoup ont péri pour n’avoir pas tenu compte de ces paroles ; nous le lisons dans les histoires, nous l’avons entendu lire, et même nous le savons par des exemples de notre temps ». Si le monarque ne s’en tient pas aux devoirs prescrits par l’Église, il pourrait être excommunié. L’excommunication est une exclusion de la communauté et de la communion ecclésiale, c’est la sanction la plus sévère du droit canonique.

De plus, aux lignes 26 et 27, on relève que « Le roi ne doit pas faire difficulté de se conformer en toutes manières aux règles ecclésiastiques, s’il ne veut offenser le Roi des rois », par « Roi des rois », l’évêque désigne sans aucun doute Dieu. Si le monarque veniat à manquer à ses devoirs, il porterait atteinte à Dieu. Grâce au sacre, le roi ne gouverne plus en son nom propre, mais au nom de Dieu.

Ainsi, le sacre fonde le gouvernement des hommes par Dieu et par l’intermédiaire du roi institué par Dieu, l’État et l’Église ont une mission commune : assurer la prospérité et salut des âmes.

B. La théorie ancienne des deux pouvoirs

La doctrine de l’Église relative à la théorie des deux pouvoirs a des origines lointaines. En effet, dès la 2ème ligne, on l’auteur cite un extrait du Livre de Psaumes « « Et maintenant, comprenez, soyez instruits vous qui jugez la terre. Servez Dieu avec crainte et réjouissez-vous en lui tremblant. Suivez

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