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La vie peut-elle être heureuse ?

Mémoire : La vie peut-elle être heureuse ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Décembre 2013  •  9 994 Mots (40 Pages)  •  1 792 Vues

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La vie peut-elle être heureuse ?, troisième partie.

III/ BONHEUR ET MORALE

Notions abordées : BONHEUR, DESIR, MORALE, DEVOIR, (AUTRUI), RAISON, LIBERTE, RELIGION

TR : on a jusqu’ici abordé la question de la possibilité du bonheur pour l’homme, en tant qu’être fini (I) et être de désir (II). Il reste à se demander si le bonheur est-il une affaire de mérite, dépend-il de la vertu* d’un homme ? Autrement dit, le bonheur dépend-il de la manière dont on décide de se conduire dans la vie ? Problème : le bonheur est-il le fruit du hasard ou du destin ou bien peut-on le maîtriser par nos choix ?

NB : deux sens du mot vertu en français :

- Sens ancien : accomplissement parfait de la nature d’un être. Exemple : la vertu d’un couteau = bien couper : on parlera d’un bon couteau.

- Sens moral moderne : disposition volontaire et réfléchie à faire le bien /vice : à faire le mal.

Au premier sens du mot vertu, il faudra s’interroger sur ce qui définit la nature de l’homme et ce qui lui permet de s’accomplir pleinement : qu’est-ce qu’il faut cultiver en soi pour atteindre le bonheur, qui marque la réalisation complète de notre être ?

Au second sens, il faudra s’interroger sur la nature du bonheur dans son rapport avec la morale :

- est-il moral (conforme aux exigences morales) : être heureux supposerait d’être vertueux et réciproquement ; le but de la morale serait le bonheur, autrement dit la vertu serait un moyen pour atteindre le bonheur.

- immoral (contraire à la morale) ? On ne pourrait faire son bonheur qu’au détriment des exigences de la morale : le bonheur supposerait l’égoïsme / souci d’autrui. La morale impliquerait le sacrifice de notre bonheur personnel.

- ou amoral (sans dimension morale, étranger à la distinction bien/mal) ? Bonheur et vertu appartiendrait à deux domaines indépendants, sans effet l’un sur l’autre. Je peux être heureux sans être bon, ou être bon sans être heureux.

 Ce questionnement renvoie au problème des relations entre l’aspiration au bonheur et l’exigence morale (le souci du bien) : peuvent-elles aller de pair ou sont-elles contradictoires ? Si elles sont contradictoires, peut-on les réconcilier ? Enjeu crucial pour l’homme : réponse conditionne possibilité de se réaliser pleinement.

NB : le problème se pose très concrètement dans notre vie (exemple qu’on pourrait utiliser pour l’introduire dans un sujet de dissertation) : dilemme (cas de conscience) qu’on peut avoir à affronter : que choisir entre une conduite qui sert notre intérêt mais qui implique qu’on sacrifie certaines exigences morales et une conduite morale, mais qui implique de sacrifier notre intérêt ?

- constat que dans la vie, la vertu n’est pas toujours récompensée (sort malheureux de l’homme bon) alors que le crime peut payer (le méchant s’en sort très bien), nous amène à nous demander si cela vaut vraiment la peine de nous conduire moralement.

- Mauvaise conscience qui nous accompagne quant on a agi à son avantage mais en violant certains principes moraux : est-ce qu’on peut savourer notre bonheur s’il est issu d’une mauvaise action ? Plus largement : est-ce que l’homme injuste peut être heureux ?

 questionnement sur la légitimité de la quête du bonheur : est-elle la fin suprême que l’homme doit donner à son existence pour se réaliser pleinement ? Entre-elle en conflit d’autres exigences, morales notamment, et si oui qu’est-ce que l’homme doit privilégier ?

NB : Intérêt du détour philosophique : pas nous dicter notre conduite (nous en sommes les seuls responsables), mais éclairer nos choix.

• Pour réfléchir à la conduite de notre vie, à la ce que nous devons rechercher pour nous accomplir pleinement, les philosophes se sont interroger sur ce qu’il faut reconnaître comme la fin ultime (/ fin relative = moyen pour autre but qu’elle-même) qu’on doit se fixer dans nos actions, la plus haute valeur qui permettra de juger celles-ci, à travers la notion de Souverain Bien : bien suprême (supérieur à tous les autres, le plus valable, le plus important, le plus essentiel). Or il y a un grand débat sur sa nature, où s’affrontent des conceptions très différentes du bonheur, de la vertu et de leurs relations. On peut dégager trois grandes orientations, qui peuvent abriter elles-mêmes des positions très diverses :

I/ Celle qui fait du bonheur identifié au bien-être le souverain bien (morale du bonheur ou eudémonisme, version hédoniste), en ne séparant pas le bonheur de l’exercice de la vertu (on ne peut pas être heureux sans être vertueux ou inversement). Mais les conceptions du bonheur et de la vertu peuvent être ici très diverses. Différence entre :

o La thèse de Calliclès (personnage du Gorgias de Platon) qui considère que le bonheur c’est la jouissance et la vertu la capacité à s’en procurer le plus possible en se mettant tout entier au service du désir. Cf. A/ 1)

o La thèse d’Epicure qui considère que le bonheur c’est l’ataraxie (plaisir comme état d’équilibre, de plénitude, où l’âme et le corps sont en paix) et que la vertu réside la maîtrise des désirs par la raison. Cf. A/ 2) a-

o La thèse de l’utilitarisme (Bentham, Mill), qui pose que le bonheur = le plaisir qui est digne de l’homme et que la vertu a pour critère l’utilité (est bonne l’action qui augmente la quantité générale du bonheur humain). Cf. A/ 2) b-

II/ Celle qui considère que le souverain bien ne réside pas dans le bonheur et distingue la recherche de celui-ci de la conduite morale : perspective de Kant (morale du devoir). Cf. B/

III/ Celle qui considère que la vertu, définie comme l’accomplissement par l’homme de sa dimension raisonnable n’implique pas le sacrifice du bonheur, mais permet au contraire de le réaliser. Critique de la morale judéo-chrétienne. Perspective de Spinoza. Cf. C/

A/ L’HEDONISME EST-IL UN EGOÏSME OU PEUT-IL INCLURE LE SOUCI D’AUTRUI ?

• Première perspective qu’on va examiner : celle qui identifie le souverain bien au bonheur, et le bonheur au plaisir : l’hédonisme (hedonê = plaisir en grec). Doctrine qui fait du plaisir la plus haute valeur, le but suprême de la conduite humaine en ne dissociant pas la recherche du plaisir de l’exercice de la vertu.

 Problème qu’on va travailler

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