La raison de la religion
Dissertation : La raison de la religion. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ameliemtr • 26 Avril 2022 • Dissertation • 1 813 Mots (8 Pages) • 413 Vues
Colle : La raison de la religion
Comme l’affirme Pascal dans les Pensées « Le coeur a ses raisons que la raison ne connait point ». Ainsi la croyance, venant du coeur, parait complètement incompatible avec la raison et impossible à rationaliser. La croyance semble dépasser la raison.
Si l’on considère la définition de la religion d’Emile Durkheim « système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent » nous pouvons ainsi dire que la religion relève de la croyance, l’adhésion intime du sujet à un dogme selon ses convictions appelée la foi. Par « raison » nous pouvons entendre la faculté supérieure commandant divers éléments comme le langage, la connaissance, la pensée et la moralité. Mais également la faculté de combiner les jugements pour atteindre le jugement le meilleur possible, c’est à dire la vérité. Elle nous amène à donner des explications dites rationnelles.
Attribuer la raison à la religion parait alors contradictoire. Comment est-il possible d’attribuer à une croyance quelque chose de rationnel alors que celle-ci relève de la conviction personnelle. Donner une valeur explicative aux croyances religieuses parait complexe. Nous pouvons alors nous demander si il est possible d’apporter une explication rationnelle à la religion. Ou si au contraire la raison est un entrave à la croyance. Enfin nous nous demanderons, si ne pas user de raison dans le cadre religieux, ne poserait-il pas divers problèmes.
Dans un premier temps, nous aborderons les difficultés à tenir une rationalité religieuse. Puis, nous montrerons une certaine forme de rationalité dans la religion. Enfin, nous verrons que ne pas faire usage de raison dans le cadre religieux peut s’avérer problématique.
Conserver la raison dans le cadre religieux parait complexe, voir impossible.
D’une part, par la définition même de la religion. Cette dernière se repose sur la foi, la croyance, l’adhésion aveugle et inconditionnelle du croyant. Sa manifestation par des rites et des pratiques ne peut s’expliquer par le biais de la raison. Croire et savoir ne sont pas la même chose, croire parait même aux antipodes du travail de la raison qui est l’analyse, la réflexion, la prudence… La croyance apparait comme une vérité absolue et irréfutable pour le croyant. Pour Alain, la religion est comme la « certitude sans preuve » et où la foi est selon lui le plus haut degré. La certitude de la foi n’est pas de l’ordre de la raison et de la démonstration car elle repose sur la volonté. La foi est alors irrationnelle au sens où la certitude qu’elle engendre n’est pas de l’ordre de la raison mais de l’intimité du coeur. On peut donc dire que la religion reste alors une croyance plus qu’une connaissance et donc ne relève pas de la raison.
D’autre part, la raison éprouve des difficultés à expliquer la religion. En effet, la religion appartient au domaine la métaphysique, c’est-à-dire l’ensemble des discours après l’étude des phénomènes naturels, ayant pour but la recherche rationnelle de la connaissance de l’être comme l’âme et la religion. Mais, durant le siècle des Lumières, s’est développée l’idée de l’expérience pour atteindre la connaissance. Selon Kant, la connaissance se fait par la raison et l’expérimentation. Ainsi si l’on considère que la connaissance ne peut porter que sur les éléments dont nous faisons l’expérience et avec un certain usage de la raison alors dans ce cas la religion est inconnaissable et irrationnelle. L’usage de la raison est restreinte aux éléments en dehors de la métaphysique. Kant appelait ces problèmes métaphysiques que la raison seule ne peut pas trancher des « antinomies de la raison pure ». La raison et l’entendement trouvent alors leur limite. La raison est ainsi incapable de tout expliquer et la religion est alors irrationnelle.
Toutefois si l’inexplicable est du coté d’une impuissance de la raison à tout expliquer ne peut-il pas engendrer une forme de religion? La religion pourrait alors siéger au coeur même de l’activité de la raison.
Malgré les contradictions qu’impliquent les termes de religion et de raison, il est possible d’établir un lien entre la croyance et la rationalité.
Tout d’abord, si l’on se penche sur ce lien, on peut remarquer que ces deux notions sont intimement liées, la religion incite même à faire usage de raison. En étudiant les messages de la religion, on peut retrouver une forme de recherche de la moralité qui est dictée par la raison. Dans les différentes religions, on remarque qu’elles proposent des commandements sur les différentes actions et même les différentes réflexions à suivre. Pour bien les appliquer en contexte, l’homme fait usage de raison. La religion semble avoir pour but d’orienter la raison. En prenant l’exemple des 10 commandements, on peut le remarquer. En effet, par les diverses injonctions telles que « tu ne convoiteras point » on peut noter que le but est de faire preuve de moralité, qui est un élément commandé par la raison. La recherche de la moralité est donc une preuve de l’usage de la raison par la religion.
De plus, le principe de religion naturelle semble également correspondre à l’usage de la raison dans la contexte religieux. Les théoriciens de la religion naturelle sont les philosophes des Lumières. Cette religion est dite naturelle dans le sens où les idées d’un dieu (intelligent, usant de raison et ordonnant le monde) et de la loi morale ne sont pas étrangères à la nature humaine. Il suffit d’écouter la voix de la nature, de redonner ses droits à la lumière naturelle pour rassembler les hommes dans une croyance commune, car la voix de la nature est indéniable. Et comme elle est universelle et éternelle elle rend possible une religion fondée en raison. Les lumières sont donc confiants dans les forces de la raison humaine capable sans le recours à la révélation ou la grâce de poser les dogmes d’une religion universelle.
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