La raison pour en finir avec la religion ?
Cours : La raison pour en finir avec la religion ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mélodie cornette • 27 Octobre 2024 • Cours • 7 687 Mots (31 Pages) • 62 Vues
La religion. Cours 2024.
La raison doit-elle en finir avec la religion ?
Ce cours est long parce qu’il corrige en même temps le Ds sur Spinoza, qu’il contient des textes et aborde des questions qui sont liées au devoir, à l’État, à la société…
Introduction.
La religion désigne un ensemble de faits sociaux dont le dénominateur est le rapport au « sacré ». C’est l’ensemble des croyances, pratiques, règles de comportement qui caractérisent le rapport des hommes au sacré. Ce rapport est un rapport de culte, il s’agit de rendre un culte.
Le « sacré », c’est ce que j’admire, vénère, craint comme n’étant pas « profane », c’est-à-dire que le sacré est à part, séparé et distinct des choses et des êtres « ordinaires », communs, d’un monde qui n’a rien de divin. (texte page 332)
Le sacré renvoie souvent à un dieu (monothéisme) ou à ses prophètes (messagers) et incarnations. Il peut renvoyer à plusieurs dieux, c’est le polythéisme. Il peut aussi y avoir religion et sacré sans dieu, c’est le cas de l’animisme par exemple qui prête aux êtres vivants une part de divin, de sacré, d’esprit supérieur (cf étude de Descola sur les Jivaros Achuars, peuple animiste). Le sacré peut aussi « venir de notre monde », comme le Bouddha dans la pratique bouddhiste. Ce qui fait que nous devons distinguer divinité et transcendance, divinité et existence hors de, au-delà de ce monde « immanent » dans lequel nous vivons. (immanence/transcendance).
Nous avons souvent parlé des religions du Livre, judaïsme, christianisme, Islam. Elles sont fondées sur la Bible, le pentateuque (cinq premiers livres). Selon ces religions, c’est un texte « révélé » à des prophètes, comme Moïse, par Dieu lui-même. On parle alors de religions révélées. Ces religions diffèrent par l’interprétation qu’elles ont de ce texte biblique et par le fait qu’elles lui ajoutent d’autres sources révélées, comme le Coran pour les musulmans ou les Évangiles pour les chrétiens.
L’étymologie du mot « religion » n’est pas sûre. On rattache ce mot au verbe religare, « relier ». La religion serait un lien entre les hommes et le/les dieux et aussi un lien entre eux par les cultes, rites et règles qu’elle met en place. On rattache aussi ce mot à relegere, « respecter », « recueillir », la religion serait essentiellement « recueillement », attitude méditative envers le sacré, accueil d’une parole et de pratiques venues d’une tradition.
La raison est la faculté de distinguer le bien du mal, le vrai du faux ou, plus sobrement, « faculté de connaître et de déterminer sa conduite » donc en fonction de deux critères : un but (morale), des moyens (l’efficacité, le calcul). Comme faculté de connaître, elle se distingue de la sensibilité parce qu’elle est la faculté de combiner des données et des jugements et de faire émerger des idées, des concepts (abstraits) et des déductions logiques. Elle se distingue de l’imagination, de la mémoire. Elle vise une objectivité universelle, c’est-à-dire un point de vue qui ne soit pas le reflet d’impressions ou de données personnelles mais qui aboutisse à des calculs, des idées, des arguments, des constructions logiques, etc., qui se veulent non subjectifs.
La Raison vient du latin, ratio, le calcul, le « compte », qui a donné aussi le rapport (on dit le « ratio » entre X et Y). La raison a également une dimension de calcul, d’évaluation des risques, des moyens, de l’efficacité, de l’efficience, de l’intérêt, etc. On parle, depuis le début de l’année d’une raison « pragmatique » ou calculatrice qui, à côté de la dimension des fins, buts (raison morale), calcule et évalue les moyens, relie des données du réel pour évaluer l’action à entreprendre.
C’est aussi la cause ou le motif : la raison de tel fait, « la raison de ta présence ici est ton amour pour moi ». C’est aussi une justification que quelqu’un se donne ou donne à quelqu’un d’autre. C’est-à-dire qu’ « avoir raison » est le contraire « d’avoir tort ». Avoir raison, c’est se justifier ou justifier une idée ou un comportement face à un autre, par rapport à un autre. Le justifier en termes de « vérité » et de « justice », mais aussi de « liberté ». j’ai « raison », cela veut dire que ce que je dis ou fais se « justifie » parce que c’est soit « vrai », soit « juste ». Avoir raison peut, parfois, renvoyer à d’autres justifications comme la liberté, la nécessité d’agir . « Chercher à avoir raison », c’est chercher à se justifier face à autrui, à justifier son comportement (raison pratique) ou sa manière de pensée (raison théorique) face à un autre comportement ou une autre façon de penser.
Le titre du cours est volontairement polémique et provocateur. La raison, incarnée dans la philosophie et les sciences, depuis la fin de la Grèce archaïque, en Occident en tout cas, a proposé une alternative critique aux religions et aux mythes. Nous en avons parlé dans la courte introduction à l’année de philosophie, avec les « physiciens », Pythagore, Thalès, Anaxagore ou Empédocle… Cette critique de la croyance et des pratiques religieuses, considérées comme « superstitieuses », « obscurantistes », voire fanatiques ou ignorantes, on la retrouve tout au long de la modernité, chez Spinoza, dans la philosophie des Lumières, et plus récemment, dans la philosophie « scientiste » qui voit dans la religion un phénomène du passé.
La philosophie, à l’exception peut-être de la scolastique médiévale (cf cours sur Spinoza), comme les sciences se présentent comme « sortie » critique de l’âge du mythe et du religieux. Pourtant, cette « sortie » ne s’est toujours pas produite. Le fait religieux n’a pas disparu, au contraire. La pratique comme les croyances, des religions du Livre notamment, n’ont pas disparu. Comment comprendre que cette prévision d’Auguste Comte, fondateur de la sociologie et « scientiste », selon laquelle la religion était vouée à disparaître à l’âge des sciences, des « faits scientifiques », des technologies ne se soit pas produite ?
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