Peut On Tout Vendre ?
Recherche de Documents : Peut On Tout Vendre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nadoumoka • 22 Avril 2014 • 1 016 Mots (5 Pages) • 1 331 Vues
[Introduction]
Dante plaçait dans son enfer les hommes d'affaires, les marchands, les banquiers et les usuriers. Il avait sans doute de bonnes raisons de le faire ! Toutefois, nous ne sommes pas là pour nous moquer des malheurs d'outre-tombe de nos prochains, mais pour examiner si, ici-bas, la morale a sa place en économie. La question peut surprendre. En effet, pourquoi l'activité économique échapperait-elle à la morale, elle qui concerne l'ensemble de l'action humaine afin de déterminer l'action droite ? Mais, d'un autre côté, il semble y avoir un tel décalage entre le domaine des valeurs morales et la valeur financière, entre le principe du devoir, qui commande à la morale, et celui de l'intérêt, qui commande à l'activité économique, que la question semble presque incongrue.
Nous examinerons d'abord si la morale a sa place en écono¬mie, sous quelles formes et dans quelle mesure. Le second volet de notre problématique étudiera de plus près les rapports de l'intérêt et de la morale : y a-t-il une morale de l'intérêt?
[Partie I. L'économie immorale.]
La morale impose au domaine de l'action humaine de res¬pecter un certain nombre de principes. Ses valeurs prennent à rebours les motifs qui nous font agir d'habitude. Là où nous obéissons à notre seul intérêt, la morale nous rappelle le souci de l'autre, et dérange notre égoïsme. Sans être complètement altruiste, la morale en tout cas exige que nous ne prenions pas notre seul intérêt en considération.
Or, sur quoi repose l'activité économique ? Non sur les
valeurs morales, mais sur l'intérêt égoïste. Tel est son moteur.
Les bases mêmes de l'entreprise sont faites d'égoïsme : quand elle baisse ses prix, c'est pour éliminer ses rivales. Que penser également quand une entreprise en rachète une autre pour rafler ses parts de marché et qu'elle ferme ses usines ? Tout cela est bien immoral, dira-t-on. Et pourtant, elle n'a rien fait que d'assurer les conditions de sa survie dans un univers très concurrentiel.
L'économie semble donc être une zone d'activité qui fait entièrement exception à l'action normative des valeurs. La seule règle qu'elle connaisse est que « la fin justifie les moyens », qui est précisément une règle pragmatique, et non morale, de l'action. Il ne s'agit donc pas de dire que les chefs d'entreprise sont personnellement des êtres immoraux, mais que l'activité économique en tant que telle n'a rien d'une acti¬vité morale.
L'on pourrait multiplier les exemples où l'on voit que l'éco¬nomie ne s'encombre pas de principes : fuite des capitaux, spé¬culation financière contre la monnaie et les intérêts d'un pays, parfois de son propre pays, trésoreries occultes, désir d'accu¬muler le plus d'argent possible, pratiques non concurrentielles quand cela arrange, pour ne rien dire de la «criminalité en col blanc » : abus de biens sociaux, malversations. Qui parlait de morale ?
Plus grave, on remarque un mépris de l'homme qui s'exprime de différentes manières : par la mise en place d'une organisation taylorienne du travail qui fait du travail une tâche abrutissante, par certaines pratiques où le personnel se trouve
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