Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un moyen ou un obstacle ?
Dissertation : Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un moyen ou un obstacle ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gwendodo99 • 12 Novembre 2018 • Dissertation • 3 893 Mots (16 Pages) • 2 965 Vues
Chapitre 2: Autrui
Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un moyen ou un obstacle ?
(Introduction)
Autrui peut se définir comme un autre sujet, ni animal ni objet, un autre homme, ou comme le suggère Sartre « ce moi qui n'est pas moi ». C'est dire qu'autrui est un être doué de conscience (un Moi), une personne, mais qui, par son unicité, n'est pas comme moi, est différente. La rencontre avec autrui pose donc problème car nous rencontrons ainsi à la fois le même que nous avec une conscience, des désirs, une liberté autant que nous, et un autre homme avec une conscience, des désirs, et une liberté qui diffèrent. Cette ambiguïté fondamentale qui caractérise autrui semble devoir alors marquer nos rapports avec autrui et notre rencontre avec lui : soit cette rencontre serait marquée par le conflit, l'opposition, réduisant autrui à un obstacle pour moi, soit elle serait marquée par l'harmonie, l'échange pacifique, la complémentarité, … où autrui prendrait plutôt la figure d'un moyen pour moi. Toutefois, autrui n'est-il que cela ? Certaines rencontres ne sont-elles pas teintées d'une autre dimension où autrui ne serait ni moyen ni obstacle mais autre chose ? Le respect, fondement de la morale où autrui est censé être traité pour lui-même, en prenant en considération sa dimension de personne humain ne peut-il pas être cette alternative ?
Le problème est ici de savoir comment « bien » rencontrer autrui, comment être certain de se rapporter à lui comme à un autre homme ?
(I. Autrui comme obstacle)
Autrui peut tout d'abord prendre la figure négative de l'obstacle ( du latin ob : devant ; stare : se tenir) c'est-à-dire ce qui vient empêcher ou réduire mes possibilités.
(A°) Autrui comme obstacle à la conscience que j'ai de moi-même, et à l'affirmation de mon identité.
Exercice : exemple d'introduction :
Autrui peut se définir comme « ce moi qui n'est pas moi » (Sartre), et on peut donc s'interroger sur notre capacité à connaître cet être qui est à la fois comme nous et en même temps radicalement différent par son unicité. Ainsi pour Merleau-Ponty la question se pose de savoir s'il est possible de saisir véritablement l'intériorité d'autrui, ce qui l'est au fond : peut-on prétendre se mettre à la place d'autrui ou bien faut-il renoncer à cette prétention et admettre qu'on reste chacun, autrui et moi, seul, enfermé dans se subjectivité?A cette question, Merleau-Ponty répond qu'on ne saisit d'autrui que son comportement, tel qu'il apparaît dans des conduites extérieures, et que ce comportement, même s'il peut être compris et partagé dans des situations communes, n'est pas autrui. Le texte commence par l'idée que notre perception d'autrui se limite à son comportement (ligne 1 à 7. Puis Merleau-Ponty explique, à travers des exemples de situations communes où l'on peut comprendre le comportement d'autrui, qu'on ne saisit jamais autrui (ligne 7 à 19). Enfin il conclut sur l'impossibilité de saisir ce qu'autrui à d'unique.
Exemple du début d'explication :
Merleau-Ponty commence par analyser la manière dont nous « percevons autrui ». S'inspirant de la phénoménologie, courant philosophique qui s'intéresse au « phénomènes », (à la manière dont les choses nous « apparaissent »), il centre sa réflexion sur la manière dont autrui nous apparaît, extérieurement, dans des situations vécues. Ce qui est mis en avant dans cette démarche est alors le « comportement » d'autrui, à comprendre comme manière d'être, manière d'agir, de se tenir ou de parler lorsque l'on est dans le monde, en rapport avec les autres ou la réalité extérieur. Pour Merleau-Ponty autrui ne m'apparaît pas tel qu'il est en lui-même, intérieurement, mais il m'apparaît à travers son corps, « visage », « main », corps qui témoigne justement, extérieurement de ce que l'on ressent intérieurement et qui propose des expressions communes, que chacun peut comprendre. Merleau-Ponty prend l'exemple du deuil et de la colère, exemples classiques dans lesquels le corps témoigne visiblement, pour tout le monde de ce qui est ressenti intérieurement : larme pour le deuil ou cris pour la colère.
COURS
Ainsi autrui peut prendre tout d'abord la figure d'un obstacle menaçant notre subjectivité puisqu'il est un sujet comme moi, une conscience comme moi, mais posé en face de moi comme différent. Cette identité et cette différence peuvent donc interférer avec tout ce que je suis, autrui peut m'empêcher d'être moi-même plus qu'un animal ou qu'un simple objet ne peuvent le faire. Ce rapport dit d'intersubjectivité (rapport de sujet à sujet) peut jouer en faveur d'autrui, sa subjectivité cherchant à s'opposer à la mienne ou à s'imposer contre la mienne par différents moyens :
* il peut chercher à m'influencer pour faire en sorte que je sois par exemple comme il le désir ou comme lui. Cette influence possible ou emprise d'autrui sur moi peut s'expliquer par différents traits spécifiques à l'homme. C'est un être de désir, dont les manques dépassant le simple besoin animal, prennent des formes soumises et passives. En effet, ces désirs nous portent notamment à « aimer autrui », rechercher sa présence et son jugement, son approbation parfois. Cela nous rend donc dépendant et fragile au point de préférer parfois nous soumettre (à sa personnalité, à son regard, …) plutôt que de rester seul, ou de défendre notre personne au risque de perdre ce qu'il nous apporte. Ainsi on peut préférer devenir ou être celui ou celle qu'il désire que l'on soit et perdre sa personnalité. Plus gravement, cette perte de soi peut aller jusqu'à la psychose, maladie psychique dans laquelle notre moi perd de son unité au point aussi de perdre un certain contact à la réalité. Dans Family Life de Ken Loach, la jeune fille devient folle (schizophrène) parce qu'elle subit une mère pathogène, qui la dépossède d'elle-même, en lui imposant des « injonctions paradoxales » (théorie de la « double contrainte » défendue par G. Bateson pour qui le fou n'est pas fou en lui-même mais est rendu fou par autrui). Par exemple, sa mère reproche à sa fille son manque d'indépendance, tout en l'empêchant d'accéder à cette indépendance.
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