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EN QUOI LE THEATRE PEUT-IL ETRE CONSIDERE COMME UN MIROIR DE L HUMANITE?

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Par   •  8 Avril 2016  •  Dissertation  •  1 854 Mots (8 Pages)  •  9 000 Vues

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DISSERTATION

EN QUOI LE THEATRE PEUT-IL ETRE CONSIDERE COMME UN MIROIR DE L HUMANITE?

Le dramaturge Olivier Py nous parle du théâtre en ces mots « Le théâtre est le miroir du monde qui est le miroir du théâtre ».  Avec l’emploi de la métaphore du miroir et le parallélisme inversé liant le théâtre au monde, il entend faire comprendre qu’ils ne sont qu’uns. Le théâtre présente en effet le paradoxe au fait qu’il est à la fois art et langage, de s’inscrire dans une dimension tant universelle que vivante. Il est sans doute légitime de se demander si en tant que spectateur, lorsque nous sommes confrontés aux voix, aux gestes et au souffle des comédiens, nous ne sommes pas en réalité face à notre propre reflet.

        Nous essayerons donc de comprendre quel est le lien entre l’humanité et le théâtre.

        Dans un premier temps, nous verrons son affinité au monde réel, avant de nous pencher sur son aspect déformant ; enfin, nous seront amenés à en envisager les limites.

        Il est au théâtre une affinité tout a fait particulière avec le monde réel.

        En effet, l’auteur crée des personnages dans lesquels on se reconnaît très souvent. Prenons Huis Clos de Jean Paul Sartre ; ne présentant que trois personnages, cette pièce a l’avantage de suffisamment développer ceux-ci. (Nous passerons outre de leur côté « méchant ») Garcin est marié à une femme qu’il aime, il est pacifiste, et l’on est témoin d’une véritable évolution de son caractère face à la peur : au début aimable, la peur et l’impatience dévoilent un caractère banal, lâche et agressif.  Inès semble quand à elle impolie et arrogante au début, puis laisse paraître son intelligence et un complexe d’infériorité. Enfin Estelle qui est bavarde, délicate et superficielle, révèle une dépendance totale aux autres et un manque de confiance en soit. Ce ne sont au final pas des héros, mais simplement des humains avec des défauts et des personnalités tout à fait courantes, dans lesquelles il est facile de s’identifier. L’auteur ne cherche pas à les embellir et fait ainsi le portrait d’une société défectueuse. Avec Vincent, Léonard Nimoy va même jusqu’à faire une biographie sur scène de Vincent Van Gogh, un personnage ayant réellement existé. A travers d’un personnage dont on ne sait rien ou presque, l’histoire au départ fictive nous présente l’intégralité d’une personnalité attachante. Nous ne sommes plus dans l’identification du spectateur à partir de personnages fictifs, mais réellement dans la mise en scène d’une vie.

        Au delà des personnages, ce sont les faits, les actes et les situations qui sont le plus souvent issus du réel. C’est ainsi que Jean Racine fonde toute une tragédie autour de la séparation de deux amants dans Bérénice (par intérêts car Titus ne peut mettre en danger sa mission à la tête de Rome au nom de la passion qui l’unit à son amante). Le Vème acte montre les deux personnages acceptant leur séparation, et contrairement a beaucoup de tragédies classiques, ils ne se réfugient pas dans la mort, ce qui donne un aspect beaucoup plus réel a cette situation relativement propre aux humains. Dans Antigone de Sophocle ce n’est pas la situation en elle même qui est représentative de notre société (quoi que ce fut sans doute le cas dans l’Antiquité) mais le comportement du personnage éponyme. En effet, Antigone doit choisir entre obéir la loi ou accomplir les rites funéraires pour ses frères, interdits par le roi Créon. Ce conflit moral qui oppose le respect des règles et des lois aux convictions morales et affectives est effectivement représentatif de notre société.

        Nous sommes finalement amenés à penser que ce qui est représentatif de notre société fait écho à un certain aspect intemporel des œuvres de théâtre. Le mythe d’Antigone a ainsi été repris plusieurs siècles plus tard par Jean Anouilh. Celui-ci en dira à propos de son œuvre « L’antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre. Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre » donnant raison aux dires d’Eugène Ionesco, « Au théâtre, ce ne sont pas les idées qui demeurent puise toutes les idéologies sont finalement dépassées, périmées, ce qui reste, ce sont les passions, les personnages ». Jean Paul Sartre place quand à lui son drame Les Mouches dans l’univers mythologique des Atrides. La pièce se déroule donc dans la Grèce Antique, mais les sujets traités sont intemporels : le repentir, la liberté, et même la politique contemporaine à l’auteur. Il avancera lui aussi que « le cadre historique n’a aucune espèce d’importance, le théâtre populaire ne doit pas forcement parler du fait quotidien d’aujourd’hui, pourvu que le sens de ces histoires soit quelque chose qui concerne nos vies »

        Le théâtre se peut donc se révéler un véritable reflet de nos sociétés et de l’humanité.

        Le théâtre n’est pourtant pas toujours exact et souvent exagéré, voir déformé.

         Molière a travers son œuvre a crée un impressionnant univers comique, reposant essentiellement sur le comique de caractère. Comme son nom l’indique, l’Avare repose sur un personnage avide et totalement obsédé par ses possessions. Certes les individus avares et capables de se désoler autant que dans le célèbre monologue de l’acte IV sont sans doute courants, mais Molière caricature totalement Harpagon, le rendant si grotesque qu’il en devient presque irréel ; il n’en reste pas moins humain, La Flèche le dira même « Le seigneur Harpagon est de tous les humains, l’humain le moins humain ». Alfred de Jarry poursuit la caricature des personnages en imaginant Ubu Roi, inspiré d’Oeudipe Roi (tragédie antique de Sophocle). Le Père Ubu, capitaine de dragons, ancien roi d’Aragon, comte de Sandomir, roi de Pologne, docteur en pataphysique, grand maître de l’ordre de la Gidouille ... est totalement parodique, absurde, provocateur et satirique. Alfred de Jarry aurait crée ce personnage pour se moquer d’un de ses professeurs, ce qui laisse tout de même transparaître un fond de réalisme. Avec Le Rhinocéros, Eugène Ionesco met en scène une épidémie de « rhinocérite », maladie qui effraie tous les habitants d’une ville et qui les transforme en rhinocéros. Cette œuvre emblématique du théâtre de l’absurde pourrait sembler vide de sens si on n’y trouvait pas une métaphore face à la montée des totalitarismes à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et qu’on n’y trouvait pas les thèmes du conformisme et de la résistance. Ceci donne raison a Giraudoux qui écrira « Le théâtre c’est le réel dans l’irréel ».

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