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Responsabilités au pluriel

Commentaire d'arrêt : Responsabilités au pluriel. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Décembre 2014  •  Commentaire d'arrêt  •  644 Mots (3 Pages)  •  712 Vues

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Les devoirs, au pluriel, s'entendent comme l'ensemble des obligations déterminées auxquelles la loi ou la morale nous contraignent. Autrui désigne cet alter ego, cet autre moi-même, qu'incarne toute personne humaine semblable à moi. S'interroger sur la possibilité d'un devoir envers une "chose" autre qu'autrui revient à se demander si la loi ou la morale peuvent validement imposer un tel impératif, qui introduirait une dissymétrie contestable. En principe, les citoyens respectent la loi parce que cette loi oblige également tous les autres citoyens ; et si l'individu suit une conduite morale, c'est bien, comme le dit Kant, parce qu'il attend une conduite similaire en retour, de la part d'autrui. Le fondement même de la loi et de la morale supposent la possibilité d'une réciprocité de comportements, réciprocité qu'on ne peut évidemment pas attendre d'une chose comme "un animal" ou d'un concept comme "la patrie".

A première vue, loi et morale se donnent seulement pour but de régler et d'harmoniser les relations interpersonnelles. Aussi les obligations qu'elles imputent aux sujets de droit (ou aux sujets moraux) ne visent-elles, en principe, que d'autres personnes humaines. Il est d'ailleurs bien difficile, dans l'ensemble des devoirs que nous impose la loi, d'en trouver un qui échappe à cette règle. Les devoirs civils (les contraintes du code de la route, par exemple, ou les obligations des parents au sein de la famille) visent souvent des personnes déterminées (autres usagers de la route, enfants). Dans d'autres cas, autrui est désigné collectivement : lorsqu'un soldat "fait son devoir" en partant au front, il défend sans doute cette abstraction qu'est la "patrie", mais dans les faits, cette "patrie" s'incarne bien dans des personnes physiques (famille, amis, voisins etc.). Il arrive également qu'autrui soit bénéficiaire "par ricochet" d'un devoir visant, en apparence, une chose extrajuridique. Ainsi, les "devoirs envers l'environnement" (interdiction de polluer par exemple) ont pour ambition, en fait, de préserver les droits d'autrui à un environnement sain. Directement ou indirectement, donc, autrui s'avère bien toujours le bénéficiaire ultime des devoirs.

Quid, cependant, du devoir de respecter ses devoirs, et de les accomplir ? L'expérience enseigne que certains citoyens ne respectent pas les obligations que la loi leur impose. Dès lors, la loi et la morale peuvent bien enseigner qu'on "doit" respecter la loi et la morale : un individu résolu à violer la loi ou à se soustraire à la morale n'en accomplira pas moins son forfait. Aussi respecter la loi et la morale ne peuvent constituer des "devoirs" stricto sensu ; et pourtant, une majorité de citoyens s'y sentent tout de même obligés. Pourquoi ? N'est-ce pas, tout simplement, par crainte de l'exclusion - dans le souci de ne pas se mettre en marge de la société ? Cette attitude sociable, que Kant nomme la "bonne foi", même dictée par un intérêt bien compris, n'en est pas moins impérative. Respect de la parole donnée, respect de l'adhésion personnelle à l'Etat, elle constitue à proprement parler un devoir

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