Culture Générale - La Vitesse
Étude de cas : Culture Générale - La Vitesse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mcdcoeur • 15 Mai 2020 • Étude de cas • 2 843 Mots (12 Pages) • 4 198 Vues
CULTURE Générale – BTS MCO
DELOCHE Maëva
- Synthèse de document :
Et si la lenteur n’était pas une faiblesse mais, au contraire, une force ? La lenteur autrefois, était associée à la paresse, l’inefficacité ou à un manque de réactivité, elle était réservée « aux bons à rien ». De nos jours, le phénomène s’inverse : ralentir s’avère être un acte de redécouverte de soi et la vitesse se fait ressentir comme une agression permanente qui nous oblige à nous dépêcher de vivre. Et si on allait à son rythme ? Et si on prenait notre temps ?
C’est justement ce que ce corpus souligne au travers de deux textes et d’une chanson : David le Breton avec « Marcher » Eloge des chemins de la lenteur, publié en 2012, Anne-Laure Gannac avec Psychologies, publié le 5 Avril 2018 ; et le rappeur Oxmo Puccino avec « Slow life », sorti en 2015.
Le problème qui se pose aujourd’hui est de savoir comment, face à une société qui est en perpétuel mouvement, retrouver un rythme plus lent afin de mieux apprécier le monde et de redécouvrir les plaisirs de la vie.
Nous verrons dans un premier temps comment l’accélération des rythmes de vie amène à plus de lenteur, puis nous verrons dans un second temps, en quoi il est bénéfique d’apprécier le temps avec lenteur pour se retrouver et se redécouvrir.
Le monde dans lequel nous vivons est lancé dans une course effrénée contre le temps. Notre rapport avec le temps et le désir de vitesse, ainsi que la volonté d’aller toujours plus vite, sont omniprésents dans la société actuelle et ce depuis l’époque de l’industrialisation avec l’invention des chemins de fer.
Justement, David le Breton dans son Eloge des chemins de la lenteur, nous expose cette frénésie de la vitesse à travers l’exemple d’Henry Ford et de Taylor qui, dans les années 20, avaient redéfini la notion de travail et de temps avec rendement et vitesse. En effet, la rationalisation du temps de travail avait été revu et les ouvriers ne devaient cesser un instant de travailler afin de générer plus de profits. Il y avait une guerre contre la paresse et la flânerie dans une optique de course contre le temps pour produire plus et gagner plus, ce qui nous a conduit aujourd’hui à un monde capitaliste, à la mondialisation, où tout va trop vite. Trop vite au point où on peut se sentir dépasser par ce temps qui ne fait que courir à une vitesse oppressante.
Cette fascination pour la vitesse a permis aujourd’hui le développement de nouvelles technologies, qui sont mis à notre service afin de nous permettre de nous démultiplier, c’est-à-dire nous permettre d’exécuter plusieurs tâches dans l’instantanéité, afin de gagner du temps. Justement, Anne-Laure Gannac dans Psychologies donne l’exemple de Pierre Niox, aussi appelé « l’homme pressé » de l’écrivain Paul Morand, qui se plaignait de ne pas pouvoir faire plusieurs choses à la fois, ce qui le retardait. Anne-Laure Gannac, au contraire, montre que ce temps-là est révolu grâce aux nouvelles technologies tels que les téléphones portables ou les ordinateurs et tablettes qui nous permettent de tout faire, sans avoir à renoncer à quoi que ce soit, dans le but de jouir au maximum du temps.
Avec l’accélération technologique, les actions menées sont exécutées plus rapidement dans une optique de gain de temps, qui permettrait de pouvoir faire plus, de profiter davantage du temps libéré pour satisfaire ses envies sans plus attendre. C’est la promesse que fait le progrès, en proposant la vitesse comme quelque chose de nécessaire au sein des sociétés modernes, au point de changer en profondeur nos façon de vivre et de percevoir le monde.
Le monde contemporain est rempli d’impératifs de temps qui forcent l’homme moderne à profiter de son existence à travers un désir de vitesse et de réalisation rapide de soi. En effet, comme le souligne Anne-Laure Gannac, elle-même était pressée de grandir. Elle voulait toujours tout faire plus vite et plus tôt que tout le monde car elle était en lutte constante contre le retard, qu’elle personnifie comme le lapin d’Alice aux pays des Merveilles de Lewis Caroll. En effet, le retard et la lenteur sont en total opposition avec l’autonomie, l’efficacité et la rentabilité. C’est ce que Paul Morand a développé dans son Homme Pressé, en faisant de l’urgence un mode de vie et en développant l’idée que les plus lents et les moins réactifs freinaient la marche du progrès.
Mais comme le dit Jean de la Fontaine dans sa Fable « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». En effet, en réaction face à cette oppression de vitesse et d’accélération, David Le Breton explique que cela a engendré des volontés de ralentir, de calmer le jeu à travers la pratique de la Marche, qui s’impose comme une activité essentielle pour lutter contre une société aliénée par la vitesse. Loin de la frénésie du monde moderne, la marche permet de renouer avec notre corps et la nature. David Le Breton nous propose de redécouvrir la marche pour prendre son temps pour mieux apprécier et redécouvrir les plaisirs de la vie.
David Le Breton, tout comme Anne-Laure Gannac fait référence à Milan Kundera, qui en 1995, exposait les flâneurs comme des rêveurs, mais des rêveurs heureux, car en effet celui qui court après le temps finit par être frustré et malheureux car le temps est quelque chose d’immuable qu’on ne peut saisir.
C’est pour cela que Le Breton nous rappelle qu’il faut prendre le temps et se le réapproprier par l’exercice de la marche, qui n’est pas dans la recherche de la performance mais plutôt dans la quête de soi. Le marcheur ne va pas plus vite que son ombre, il n’est pas comme Lucky Luke, à dégainer plus vite que son ombre, au contraire, le marcheur contemple, respire, plonge au cœur de l’environnement dans une démarche de contemplation et d’attention : « contempler les fenêtres du bon Dieu » comme le dit un proverbe tchèque.
...