Postambule de la Déclaration des droits de la femme
Cours : Postambule de la Déclaration des droits de la femme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ANNE SOPHIE LEWANDOWICZ • 13 Juin 2024 • Cours • 1 803 Mots (8 Pages) • 122 Vues
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Eléments d’introduction
Etapes 1, 2, 3 : voir intro LL1 et LL2
Etape 4 : situé à la fin du postambule, extrait clôt l’œuvre d’ODG mais en changeant radicalement de ton ; ODG passe de considérations générales sur la condition féminine et la société au récit d’une anecdote personnelle vécue par elle
lignes 317-321 « Il est donc vrai que nul individu ne peut échapper à son sort ; j’en fais l’expérience aujourd’hui. J’avais résolu et décidé de ne pas me permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a décidé autrement ; voici le fait : »
Son expérience personnelle permet de démontrer ce qui est présenté comme une vérité générale ; elle ne peut échapper à sa condition de femme, présentée comme un destin inéluctable ; ODG fait ce récit pour montrer les injustices subies par les femmes ; à la fois autrice, narratrice et personnage de ce qui est rapporté, ODG donne un exemple concret du comportement grossier, méprisant et injuste de certains hommes vis-à-vis des femmes dans la vie quotidienne
Etape 5 : voir plan détaillé plus bas
Etape 6 Projet de lecture : comment ODG met-elle en scène l’injustice dont elle a été victime pour mieux la dénoncer ?
Mouvement 1 – l. 1-9 – chronologie de la matinée de l’auteure
ODG retrace sa matinée de façon à donner une certaine image d’elle et de mettre le lecteur de son côté
- ODG reconstitue de façon détaillée et précise son emploi du temps de la matinée
Nombreuses notations temporelles : CC temps (heures exactes, durée)
Nombreuses notations spatiales : CC de lieu (noms propres lieux dans Paris)
veut établir clairement les faits pour démontrer sans ambiguïté qu’elle n’a eu recours aux services du cocher que 1h30 (démonstration logique dont la ccl est nettement marquée par la conj de coordination « donc » + indices objectifs et extérieurs à elle-même (= indices et preuves), sa parole ne peut être mise en cause, toute personne qui le désire peut aller vérifier sur place)
- elle est par conséquent de BONNE FOI, FIABLE, HONNETE, ce qu’elle avance est VERIDIQUE
- Omniprésence de la 1PS : ODG se met en scène elle-même, elle dresse son autoportrait en tant que femme de lettres
Champ lexical du travail et de l’effort
- veut donner d’elle l’image d’une auteure TRAVAILLEUSE, cultivée, courageuse/acharnée, perfectionniste, qui s’investit totalement dans sa tâche
- façon de gagner le lecteur à sa cause, de le mettre de son côté
TR : ODG entre en scène dans ce récit d’anecdote d’une manière très particulière ; elle prépare le récit de la querelle qui va se faire juste après ; elle insiste sur son bon droit (les faits, la vérité, la raison sont de son côté) pour mieux rendre l’attitude du cocher choquante et déplacée
Mouvement 2 – l. 9-13 – récit de la querelle avec le cocher
Récit très bref mais très dynamique, qui constitue comme une sorte de chute au mouvement 1
- s’ouvre sur conj de coordination « mais » = opposition très forte, marquée avec ce qui précède ; en effet, contre toute attente, sa décision est en totale opposition par rapport à ce qu’elle a démontré juste avant ; le GV prépositionnel à valeur de but indique qu’elle anticipe les difficultés que le cocher va lui poser, elle prend les devants pour tenter d’éviter tout problème ; cela montre bien que le comportement à venir du cocher est fréquent
- récit très court et très vif ; tout se passe rapidement : juxtaposition de propositions très brèves traduit l’enchaînement des différentes étapes + discours narrativisé et discours indirect (ne prend pas la peine de rapporter les propos précis et exacts, seul leur sens général importe pour rendre compte de l’atmosphère de la scène) ; tout cela suggère que ODG aura beau faire ou beau dire, rien n’arrêtera la machine, il est inutile de lutter ; le cocher est buté et refuse d’entendre raison (« il exige » = il impose sa volonté sans être dans son bon droit)
- ODG se met en scène comme une cliente victime des abus et des excès du cocher qui veut l’intimider, l’impressionner ou la forcer à payer en l’embarrassant en public ; elle se montre (par opposition) comme une personne raisonnable, justifie sa décision par une formule qui sonne comme une morale/leçon (GN à valeur généralisante, pst indicatif à valeur de vérité générale) ; elle n’est pas une femme avare, bien au contraire (« je lui offre » : rien ne l’y obligeait, elle l’a fait de bon cœur)
TR : la querelle entre ODG et le cocher est rapportée de façon vive et dynamique pour mieux créer un contraste entre ce que ODG a démontré dans le 1er mouvement et ce qui lui arrive dans le 2e mouvement ; le comportement du cocher est d’autant plus condamnable que la seule à être dans son bon droit est ODG ; la réaction du cocher a ainsi quelque chose de révoltant. Mais elle n’est pas au bout de ses peines, sa mésaventure va se poursuivre dans le bureau d’un commissaire de paix
Mouvement 3 – l. 13-27 – récit de l’injustice subie par ODG auprès du commissaire de paix et morale qu’elle tire de cette mésaventure
Cette rencontre est mise en scène plus longuement, avec bien plus de détails
- ODG se met en scène comme quelqu’un qui n’est motivé par aucun sentiment de vengeance (l. 13-14 : garde anonymat du commissaire de paix pour ne pas lui nuire alors qu’il le mériterait ; sorte de prétérition, elle tait son nom mais pas sa faute vis-à-vis d’elle, qu’elle exprime dans une [PSC à valeur de concession]) ; elle ne laisse paraitre aucune colère, alors que celle-ci serait légitime
- ODG se met en scène comme quelqu’un de TENACE, qui ne se laisse pas faire en cas d’injustice, elle s’oppose à l’autorité quand celle-ci devient abusive ; elle veut faire valoir ses droits (15 « la femme qui réclamait sa justice », 21-23)
- Inversion totale des rôles entre ODG et le magistrat : ODG s’exprime avec le ton et le vocabulaire attendu d’un homme de loi, tandis que l’homme qui lui fait face se comporte de façon injuste et fait preuve de sarcasme ;
- leurs deux prises de parole au discours direct sont antithétiques : pour elle CALME (apostrophe respectueuse, injonction atténuée, niveau de langue soutenu), pour lui MOQUERIE (ironie)
- il manque à tous ses devoirs et commet une injustice patente : il n’écoute pas l’argumentaire de ODG (GV prépositionnel ce qu’elle a démontré dans le mouvement 1 et qui suffit à trancher en sa faveur), il ne fait preuve d’aucune empathie à son égard (adverbe), il ne maîtrise donc pas les compétences attendues et nécessaires, il tourne en dérision ODG et son action ; elle semble plus compétente que lui en matière de justice (champ lexical et technique/spécialisé du juridique)
- il devient l’incarnation de l’injustice et de l’abus de pouvoir : champ lexical de la force et de la violence (s’oppose à tous les idéaux des Lumières)
- ODG en fait un personnage antipathique et en donne une image très dépréciative (satire caricature + allusion à un psg de théâtre ridicule et sot dans une périphrase)
- ODG en conclusion du récit de cette anecdote tire une leçon de ce qu’elle a vécu : son exclamation finale montre qu’elle s’interroge sur le risque que ce genre de fonctionnaire incompétent fait courir à la société toute entière ; elle émet l’idée que de tels hommes nuisent au bien collectif (pas seulement celui des femmes comme elle), elle lance une réflexion sur l’amélioration de l’ordre social, pose une question d’ordre civique et politique ; selon elle, les idéaux des Lumières ne sont pas encore à l’œuvre dans les cadres de la société
Eléments de conclusion
Synthèse du développement : à vous de la faire
Ouverture possible :
- Lien entre ce récit et tout ce qui a précédé : cette anecdote ne s’éloigne pas tant que cela de la Déclaration en tant que telle ; en dénonçant le no respect de ces deux hommes envers la loi, ODG réitère l’idée que le respect de la loi doit être au fondement de la société pour que celle-ci soit harmonieuse et totalement égalitaire
- Lien avec le talent de conteuse de ODG (humour, suspense)
- Lien avec le théâtre, ODG a été dramaturge, elle maîtrise l’art théâtral et des références théâtrales visibles à travers cet extrait ; ce récit peut être qualifié de saynète
Neuf heures sonnent, et je continue mon chemin : une voiture s’offre à mes regards, j’y prends place, et j’arrive à neuf heures un quart, à deux montres différentes, au Pont-Royal. J’y prends le sapin, et je vole chez mon imprimeur, rue Christine, car je ne peux aller que là si matin : en corrigeant mes épreuves, il me reste toujours quelque chose à faire, si les pages ne sont pas bien serrées et remplies. Je reste à peu près vingt minutes, et fatiguée de marche, de composition et d’impression, je me propose d’aller prendre un bain dans le quartier du Temple, où j'allais diner. J’arrive à onze heures moins un quart, à la pendule du bain ; je devais donc au cocher une heure et demie ; mais, pour ne pas avoir de dispute avec lui, je lui offre 48 sols : il exige plus, comme d’ordinaire ; il fait du bruit. Je m’obstine à ne vouloir plus lui donner que son dû, car l’être équitable aime mieux être généreux que dupe. Je le menace de la loi, il me dit qu’il s’en moque, et que je lui paierai deux heures. Nous arrivons chez un commissaire de paix, que j’ai la générosité de ne pas nommer, [quoique l’acte d’autorité qu’il s’est permis envers moi mérite une dénonciation formelle.] Il ignorait sans doute que la femme qui réclamait sa justice était la femme auteure de tant de bienfaisance et d’équité. Sans avoir égard à mes raisons, il me condamne impitoyablement à payer au cocher ce qu’il me demandait. Connaissant mieux la loi que lui, je lui dis, « Monsieur, je m’y refuse, et je vous prie de faire attention que vous n’êtes pas dans le principe de votre charge ». Alors, cet homme, ou, pour mieux dire, ce forcené s’emporte, me menace de la force si je ne paye à l’instant, ou de rester toute la journée dans son bureau. Je lui demande de me faire conduire au tribunal de département ou à la mairie, ayant à me plaindre de son coup d’autorité. Le grave magistrat, en redingote poudreuse et dégoûtante comme sa conversation, m’a dit plaisamment : « Cette affaire ira sans doute à l’Assemblée nationale ? » « Cela se pourrait bien », lui dis-je ; et je m’en fus moitié furieuse et moitié riant du jugement de ce moderne Brid'oison, en disant : « C’est donc là l’espèce d’homme qui doit juger un peuple éclairé ! »[pic 2][pic 3][pic 4]
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