Postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791)
Fiche de lecture : Postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Braguette • 6 Février 2023 • Fiche de lecture • 2 818 Mots (12 Pages) • 385 Vues
Séance 8/ lecture linéaire 2: Postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791)
POSTAMBULE[pic 1]
Femme, réveille-toi ! Le tocsin[1] de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation[2]. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire[3] est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l’homme. La réclamation de votre patrimoine fondée sur les sages décrets[4] de la nature ! Qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise[5] ? Le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison[6], ne vous répètent : « Femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? » — « Tout », auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence[7] en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles[8] adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir[9] ; vous n’avez qu’à le vouloir.
Etude du texte
Pbm : Comment l’autrice encourage-t-elle les femmes à se battre pour leurs droits ?
1er mouvement des lignes 1 à 9 : la femme doit prendre conscience que l’homme l’a flouée
Idée secondaire | Citation |
Olympe de Gouges veut créer un choc, un sursaut de la part des femmes | Femme, réveille-toi ! Le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. |
--> Echos avec le passage intitulé Les Droits de la femme qui précède la Déclaration car deux textes introduits par une apostrophe interpellant directement les destinataires:
*** Donc, effet d’écho entre les deux textes, l’un appelant une prise de conscience des hommes et l’autre, des femmes. --> 2 impératifs. But = pousser les femmes à agir rapidement. --> allégorie de la raison devenue une cloche d’alerte = présentation de ce moment comme un tournant décisif, une prise de conscience liée au moteur des Lumières, la raison. | |
Olympe de Gouges considère la Révolution comme le moment opportun pour agir | Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. |
--> Négation partielle « ne… plus » = rupture temporelle liée à la fin de l’Ancien Régime et au début d’une nouvelle ère grâce à la Révolution. --> Enumération « de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges » = * cible une ignorance et une intolérance contre lesquelles les femmes doivent lutter. * oppose ici deux comportements antithétiques : >l’un favorable au progrès, à la raison dispensatrice de connaissances > l’autre stigmatisant l’ignorance et l’imposture. *** La lumière de la vérité doit donc se propager afin de lutter contre l’obscurantisme et engager les femmes sur la voie de la révolte puis de l’émancipation. | |
Les Lumières sont mises en avant | Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. |
--> Métaphore filée (la « vérité » est implicitement comparée à un « flambeau » dispensateur de lumière) qui se déploie dans la suite de la phrase avec la métaphore des « nuages de la sottise et de l'usurpation » =
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Olympe de Gouges insiste sur l’égoïsme et l’ingratitude de l’homme qui n’a pas partagé son émancipation avec la femme | L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. |
--> Champ lexical de la révolte (cf termes « forces » (l. 103), « réclamation » (l. 111), « détruit » (l. 110), « étendards » (l. 122) et expression « briser ses fers » (l. 104).) comprend également l’antithèse entre « leur faiblesse » (l. 119) et « la force » (l. 121). --> Progression lexicale de « l’homme esclave » (l. 103) à « [d]evenu libre » (l. 104) = souligne le caractère émancipateur de cette révolte rejetant l'assujettissement au profit de l’affranchissement + traduction de l’indignation d’Olympe de Gouges devant les inégalités entre les hommes et des femmes mais surtout, appel à la mobilisation, incitation à une prise de conscience qui doit mener à des actions d’insoumission. --> opposition de deux époques : emploi d’abord dominant du passé composé à travers les « a dissipé » (l. 102), « a multiplié » (l. 103), « est devenu » (l. 104), « que vous avez recueillis » (l. 107), « vous avez régné » (l. 109), « est détruit » (l. 110) = bilan amer des acquis de la Révolution : les femmes ont été les oubliées des principes en théorie égalitaires et progressistes des révolutionnaires. |
2ème mouvement des lignes 9 à 18 : L’auteur essaie de vaincre les réticences des femmes en les sortant de leur aveuglement
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