Explication linéaire du postambule : « Femme, réveille-toi... » d'Olympe de Gouges : Comment l’auteure incite-t-elle les femmes à partir à la conquête de leurs droits ?
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EXPLICATION LINEAIRE DU POSTAMBULE : « FEMME, REVEILLE-TOI… » DE OLYMPE DE GOUGES
Si la Révolution française permet de déclarer tous les citoyens égaux, elle laisse de côté les femmes, qui, malgré le rôle qu'elles ont joué en 1789, n'obtiennent pas dans les faits les mêmes droits que les hommes. C'est pourquoi en 1791, Olympe de Gouges rédige une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qui est une réécriture de la Déclaration des droits de l'homme. Dans ce texte, elle rappelle à l'Assemblée nationale la nécessité d'une réelle égalité entre les sexes pour permettre un gouvernement et une société équilibrés. Dans le «Postambule » qui sert de conclusion à son œuvre, c’est aux femmes qu’elle adresse un vibrant appel. Il s’agit donc de faire le bilan et d’insuffler aux femmes la force de lutter pour défendre leurs droits. Elle s'adresse directement à elles pour les inciter à rejoindre son combat. L’écrivaine entend ainsi les convaincre d'obtenir des droits réels. Après avoir attiré leur attention sur leur propre condition, elle dresse le constat des inégalités persistantes après la Révolution avant de formuler une série de conseils.
Projet de lecture : COMMENT L’AUTEURE INCITE-T-ELLE LES FEMMES A PARTIR A LA CONQUETE DE LEURS DROITS ?
Mouvements :
I) LIGNES 1 à 6: L’APPEL à UNE PRISE DE CONSCIENCE
II) LIGNES 6 à 16 UN TEXTE QUI CHERCHE à SUSCITER L’INDIGNATION(= sortir les femmes de leur aveuglement)
III) LIGNES 16 à LA FIN (l.23) : UN APPEL à LA REVOLTE(=incitation à la mobilisation pour vaincre les résistances des hommes à accepter l’égalité)
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« femme » | apostrophe | Permet d’impliquer directement la gente féminine : la cible de l’auteure est bien identifiée. Le singulier a valeur générale. | ||
« Réveille-toi, reconnais » | impératif | Est récurrent dans le texte et l’inscrit dans une démarche polémique | ||
« Toi » | 2ème personne du singulier | Le tutoiement traduit une familiarité, une complicité certaine. | ||
« réveille » | Métaphore du sommeil | Exprime de façon imagée l’ordre d’être active, et non plus passive. Elle sous-entend que les femmes ont leur part de responsabilité. La Révolution est assimilée à un réveil brutal (après un long sommeil = ancien régime) | ||
« Tocsin, entendre » | Vocabulaire de l’audition | Met en évidence la nécessité d’écouter et d’entendre cet appel d’urgence : le tocsin étant le tintement de cloche servant à donner l’alarme. | ||
« Le tocsin de la raison » | Métaphore sonore | Renvoie aux idéaux des Lumières et à la révolution. ODG présente ce moment comme un éveil à la conscience et à l’action. | ||
« Dans tout l’univers » | Cc de lieu et hyperbole | Indique l’universalité du message des philosophes, au-delà des frontières et des genres. Les femmes, quelle que soit leur nationalité, sont dotées de raison, d’esprit critique. Dépasse même les frontières de la France. | ||
« Reconnais tes droits » | Impératif et déterminant possessif | Met en évidence la nécessité que la femme obtienne la reconnaissance et la pleine jouissance de ses droits. Insiste sur la légitimité de ces derniers. | ||
« Le puissant empire…n’est plus environné »» | Négation | Révèle la fin de ces idées grâce aux combats des Lumières : l’époque ancienne est révolue. | ||
« Préjugés, fanatisme, superstition et mensonges » | Énumération dépréciative Champ lexical de l’obscurantisme et de l’injustice | Dresse la longe liste de toutes les cibles des philosophes, on reconnaît les travers dénoncés notamment par Voltaire. | ||
« Fanatisme, superstition, » | Lexique de la religion | Rappelle un des grands combats du XVIII : l’intolérance (« Écrasons l’Infâme ! » écrivait Voltaire) Ces mots constituent peut-être une attaque contre l’Église. | ||
« Le flambeau de la vérité a dissipé » | Métaphore de la Révolution + Sujet agissant | Montre la force de cette lumière (= Révolution = la lumière dans la nuit). | ||
« a dissipé » | Passé composé | Action achevée = fin d’un phénomène : Fin d’une ère d’injustice. | ||
« Nuages de la sottise » | métaphore | Exprime de manière imagée les zones d’obscurantisme | ||
« Nuages » | pluriel | Met en évidence le grand nombre de combats à mener. Les Lumières ont éclairé le ciel de la pensée | ||
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« Esclave, briser, fers, libre » | Champ lexical de l’esclavage et de l’affranchissement | Rappelle qu’avant la Révolution, les hommes vivaient comme des esclaves sous le joug de l’autorité politique et religieuse. | ||
« A multiplié, a eu recours » | Passé composé | Permet de rendre compte des actions récentes de la Révolution dont les conséquences perdurent. | ||
« Briser, multiplié » | Les verbes d’action | Mettent en valeur la démarche de libération des révolutionnaires et leur destruction de la monarchie absolue. | ||
« besoin de recourir aux tiennes » | pluriel | Montre l’importance des femmes dans ce mouvement révolutionnaire qui ont combattu aux côtés des hommes. L’homme est redevable. | ||
« Devenu libre, il est devenu injuste » | Sorte de parallélisme de construction + opposition libre /injuste | Rapport de cause à effet montré comme immédiat (la liberté de l’homme a entraîné son injustice vis-à-vis des femmes) Acte d’accusation directement adressé aux hommes. | ||
La femme a été oubliée par l’homme. Il a fait preuve d’une ingratitude injuste. L’homme a acquis la liberté, et même si la femme a été d’une aide précieuse, il ne manifeste aucune reconnaissance. | ||||
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« Ô Femmes ! Femmes » | Apostrophe emphatique au pluriel + répétition | Cette 2ème étape du texte montre une volonté de s’adresser plus universellement aux femmes et redonne du rythme au texte. Forte expressivité dans ce passage = discours oral au ton vif + dialogue fictif. | ||
Injustice qui désole l’auteure. Signale un changement de ton, Olympe est ici indignée devant l’inaction, l’aveuglement des femmes qui sont ici en position d’accusées. | ||||
« vous » | Deuxième personne du pluriel | Olympe de Gouges adopte le vouvoiement et donne ainsi un caractère plus solennel à son apostrophe. | ||
« Quand cesserez-vous d’être aveugles ? » | Question rhétorique | Question provocatrice. Sonne comme une remise en question, un appel à ouvrir les yeux. | ||
« Aveugles » | Métaphore + adjectif péjoratif | Renvoie à une cécité, non pas physique, mais mentale : ODG veut inciter les femmes à sortir des ténèbres dans lesquelles elles sont enfermées et semblent se complaire. | ||
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De « quels » à « répondre » | Questions-réponses en cascade | Le discours s’anime par un dialogue fictif entre la pamphlétaire et les femmes. Marque l’inscription du passage dans le registre oratoire et rend compte de l’engagement de l’auteure ainsi que de sa colère. | ||
« avantages » / « mépris » | Opposition des connotations | 1ère prise de conscience que les femmes doivent avoir :
Met en évidence le fait que les femmes n’ont pas retiré d’avantages de la Révolution, au contraire.. | ||
« plus » | Adverbe de comparaison | Montre ce qu’elles ont gagné, malheureusement. | ||
« Mépris ,.. dédain » | Termes péjoratifs | Exprime sa colère devant le dénigrement dont les femmes sont victimes | ||
« Mépris plus… Dédain plus… » | Parallélisme et gradation | Permet d’insister sur le fait que de façon assez ironique elles ont lutté pour que les hommes aient plus de droits sur elles et + de mépris. | ||
« Dans les siècles de corruption » | Cc de temps | Évoque le passé, elle fait ici allusion aux temps troublés avant la Révolution, à l’Ancien Régime. | ||
« Vous n’avez régné que » | La négation restrictive Champ lexical du pouvoir | Marque la limite de leur pouvoir : elles gouvernaient les hommes seulement parce qu’ils étaient eux-mêmes défaillants. Cette négation réduit la portée de leur pouvoir qui est illusoire. | ||
« Votre empire est détruit » | métaphore | Exprime la perte du royaume du pouvoir qui est donc à rebâtir, à reconstruire. | ||
« Que vous reste-t-il donc ? » | Une nouvelle question rhétorique | Est un appel bref à la réflexion, elle répond d’ailleurs à cette question de façon lapidaire. | ||
« La conviction des injustices de l’homme » | pluriel | Dénonce tout ce dont sont victimes les femmes : le manque de reconnaissance de leur implication dans la période révolutionnaire. | ||
« La réclamation de votre …. nature » | La longueur de l’expression | Représente bien tout ce à quoi les femmes ont droit= des droits naturels que la société a bafoués. La liberté et l’égalité : des droits naturels pour les femmes que les lois doivent enfin reconnaître. | ||
« Les sages décrets de la nature » | Argument d’autorité | Exprime la légitimité de leur réclamation, elle explique aux femmes qu’elles devraient avoir le droit de faire une réclamation de leur patrimoine. Les lois doivent rétablir cette égalité naturelle. | ||
« Qu’auriez-vous à redouter » | Nouvelle question rhétorique | Est une incitation à réclamer, à réagir ! | ||
« Une si belle entreprise » | Cc de but | Met en valeur le bel objectif qu’elles se doivent d’atteindre. | ||
« Le bon mot du législateur des noces de Cana » | Périphrase | Désigne en fait le Christ, il ne faut pas que les femmes aient peur de s’opposer à ceux qui font la loi ( qu’elle soit politique et religieuse) Allusion à l’épisode de la vie du Christ lors des noces de Cana : le Christ aurait déclaré à sa mère Marie qu’il était de nature divine quand elle n’était qu’humaine. Dans cet épisode, Marie s’est inclinée devant son fils. Depuis le péché originel = rôle inférieur de la femme. = critique anticléricale implicite. Ici la femme est placée à un rang inférieur par l’homme. | ||
ironie | Marque sa dérision à l’égard de l’Église. | |||
« craignez-vous… » | Question rhétorique qui reprend les noces de Cana | Le législateur adopterait la même attitude que celle du Christ à Cana. | ||
« Craignez-vous » | Tournure interrogative | Remet en cause la crainte des autorités | ||
« cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique » | Métaphore comparant la morale à un animal ou à une plante | ODG montre la persistance de cette morale biblique dans la politique de l’État non laïc qu’était la France. Les nouvelles institutions politiques reproduisent la même oppression que celle de l’Église. | ||
« N’est plus de saison » | Négation forte | Signale la séparation des pouvoirs : les femmes n’ont plus rien à craindre de la justice divine ni de celles des hommes | ||
« Femmes » | Apostrophe au pluriel | Relance le discours avec la dernière question rhétorique. Ton véhément. (= grande force expressive) | ||
« Femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? » | Question rhétorique // Intertextualité | Rappelle les paroles de Jésus à Marie. Le christianisme est vu comme une religion oppressante pour les femmes. « Et le troisième jour, il se fit des noces à Cana en Galilée; et la mère de Jésus y était. Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples. Le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit: "Ils n'ont plus de vin." Jésus lui répondit: "Femme, qu'est-ce que cela pour moi et pour vous? Mon heure n'est pas encore venue." Sa Mère dit aux serviteurs: "Faites tout ce qu'il vous dira." (Jean 2, 1-5) » | ||
« Répètent : » | Discours direct | Montre la volonté d’O de G de reprendre leurs propos et de montrer leur mépris des femmes. Crée un // entre le christianisme et l’Assemblée nationale. | ||
« Qu’y a-t-il de commun ? » | Question oratoire | Semble annoncer une réponse en « rien » mais celle de De Gouges est « tout » | ||
« Tout » | Pronom indéfini | Reprend tous les points communs entre hommes et femmes, les différences physiques entre hommes et femmes n’ont aucune incidence sur les capacités morales et sur les droits civiques. | ||
« Auriez-vous à répondre » | conditionnel | Elle souffle aux femmes leur réponse et offre une projection dans l’avenir. Elle met en scène leur confrontation inévitable avec les hommes et donne un conseil de répartie. Les femmes doivent défendre leur égalité ! | ||
Par un dialogue fictif OdG tente de détruire progressivement et systématiquement les réticences des femmes à regarder leur sort en face ainsi que les usurpations dont elles ont toujours été les victimes. | ||||
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« Obstinent ; faiblesse ; inconséquence ; Vaines prétentions.. » | Lexique péjoratif | Dresse un portrait sans complaisance de la gent masculine. Les femmes doivent s’opposer à l’entêtement ridicule des hommes en montrant un courage et une détermination sans faille. | ||
« S’ils s’obstinent » | Subordonnée circonstancielle hypothétique | De Gouges prodigue des conseils aux femmes au cas où les hommes continueraient de leur refuser la considération qu’elles méritent. | ||
« Opposez ; réunissez-vous ; déployez » | Trois verbes d’action à l’impératif | Donnent des conseils ; invitent donc les femmes à une sororité (=fraternité) pour mener ce combat contre les injustices des hommes | ||
« Faiblesse / force » | Antithèse | Permet d’opposer les hommes aux femmes | ||
« courageusement » | Cc de manière | Met en évidence la façon dont le combat devra être mené : avec courage car cela ne sera pas simple, mais le courage leur permettra d’affronter les obstacles. | ||
« La force de la raison » | COD | Rappelle l’objet des luttes des Lumières | ||
« Vaines prétentions de supériorité » | Pléonasme | Crée un effet d’insistance sur le pédantisme masculin. | ||
« Sous les étendards de la philosophie » | Cc de lieu Métaphore | Indique un endroit fédérateur : la sagesse, la réflexion qui est leur arme à brandir dans ce combat (=l’intelligence) | ||
« Déployez toute l’énergie de votre caractère » | métaphore | Exprime ce désir de les voir exposer leur personnalité | ||
« Vous verrez » | Futur de certitude | OdG les exhorte à la confiance car ceci va se réaliser, l’emploi de ce temps est une belle note d’espoir. | ||
« bientôt » | Adverbe | Certitude d’une victoire rapide | ||
« Ces orgueilleux » | Lexique péjoratif | Stigmatise ce défaut, un péché capital | ||
« Adorateurs, l’Être suprême » | Lexique de la religion | Exprime que face à Dieu, les hommes et les femmes sont égaux. | ||
« Fiers de partager » | apposition | Met en évidence une idée essentielle du texte : l’égalité ! | ||
« Fiers » | Lexique mélioratif | Montre que les hommes ne seront plus injustes ou méprisants, il permet de conclure ce passage sur l’image positive d’une société égalitaire. | ||
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« Quelles que soient » | Conjonctive circ de concession | Rappelle les difficultés que les femmes rencontreront sur leur chemin mais affirme qu’elles vaincront | ||
« barrières » | Pluriel | Elles seront nombreuses mais franchissables | ||
« Il est en votre pouvoir » | Présent de vérité générale | Indique une réflexion atemporelle | ||
« Affranchir, vouloir » | Verbes à l’infinitif | Participent à la volonté d’universalité de la réflexion. | ||
« vous » | Répétition de la 2e personne du pluriel | Permet de bien impliquer femmes. | ||
« N’avez qu’à » | Négation restrictive | Réduit les difficultés face au pouvoir de la volonté. | ||
« vouloir » | Dernier mot | Laisse le mot de la fin à une action souveraine : la volonté qui peut nous rappeler la devise des Lumières, formulée par Kant « Aie le courage de te servir de ton propre entendement » | ||
OdG remet aux femmes la clé de leur combat : c’est à elles qu’appartient de décider si elles veulent obtenir l’égalité. |
Conclusion : Olympe de Gouges est une femme combative qui appelle avec force les femmes à se soulever. Elle signale leur part de responsabilité dans leur propre situation, les bouscule pour obtenir un mouvement de révolte et de combat pour leurs droits. Elle bâtit aussi un raisonnement qui montre son appartenance au mouvement des Lumières tant sur la réflexion, le ton, que sur la méthode.
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