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Molière, Le Bourgeois gentilhomme, scène IV, acte 3

Fiche de lecture : Molière, Le Bourgeois gentilhomme, scène IV, acte 3. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Juin 2023  •  Fiche de lecture  •  3 497 Mots (14 Pages)  •  279 Vues

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Explication de texte

Molière, Le Bourgeois gentilhomme

Acte IV, scène 3 jusqu’à « … avec les plus grands seigneurs de la terre. »

Introduction

Je vais étudier un extrait du Bourgeois gentilhomme, une pièce de théâtre de Molière créée en 1670. L’extrait se trouve dans la troisième scène du quatrième acte.

LECTURE

directement avant : la scène du dîner de Jourdain avec Dorimène et Dorante, ce dernier le trompe en lui enseignant une modestie qui sert à Dorante et ses prétentions à lui auprès de la marquise

thème de la tromperie est repris dans l’acte étudié, sous un autre angle

important pour la scène étudiée : Acte III, Scène 13 où Covielle (valet de Cléonte) annonce une « mascarade », cad une comédie de masques ; la situation est donc qu’on joue une comédie dans laquelle le protagoniste croit qu’il s’agit de la réalité, car « avec lui on peut hasarder toute chose, il n’y faut point chercher tant de façons, et il est homme à y jouer son rôle à merveille »

comédie constitue réaction au refus de Jourdain que sa fille soit mariée à Cléonte parce qu’il n’est pas gentilhomme. Cette scène est celle où commence le déguisement à la turque pour tromper le bourgeois et pour se moquer de lui.

tonalité : satirique

2 mouvements (thématiques selon les deux grandes informations apportées au bourgeois) :

I. du début à Jourdain qui dit « Quel sujet vous amène ? » : le père noble

II. à la fin : la noblesse turque

problématique : dans la perspective de la noblesse française, comment le bourgeois est-il dévalorisé par la comédie turque ?

  1. la fiction du père gentilhomme, l’anoblissement occidental du bourgeois

  1. l’écart de connaissances, fondement de la ruse

le bourgeois montre une naïveté, ignorance face au monde noble

la formulation de la première question de Covielle témoigne d’une soumission bienséante du messager : au lieu de poser une question il assume son ignorance : « je ne sais pas […] ». la formule passive « être connu de vous » sert pourtant à montrer que c’est le bourgeois qui est ignorant, car c’est lui qui ne se rappelle pas du messager d’où sa réponse « Non, monsieur. » par conséquent, le personnage fictif se positionne dès le début de la scène dans une posture supérieure tout en faisant croire que M. Jourdain soit le puissant.

cette supériorité est renforcée par une minimalisation de Jourdain : « Je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela. » (cette phrase présuppose un mouvement de la main qui indique la petite taille) – cad il est en position du vieux sage tandis que Jourdain représente la figure du jeune ignorant

en se positionnant dans une génération ancienne, l’écart d’âge est encore souligné : « feu monsieur votre père » (mort) connu par le personnage joué par Covielle -> il sait davantage

dans tout l’extrait, Covielle dit 10 fois « Oui. » – pour vérifier la compréhension de Jourdain qui répète ce que dit Covielle (ce qui donne l’impression d’un monologue)

le caractère répétitif se vérifie quand Jourdain dit : « Comment dites-vous ? » - soit pas bien entendu soit veut l’écouter une autre fois pour se rassurer et pour être flatté

dans le même sens : « Mon père ! » (exclamation), « Et vous l’avez connu pour gentilhomme ? » (question répétitive qui n’a aucun sens car déjà dit) -> processus de réassurance de la réalisation d’un désir a posteriori (post mortem même), il suffit que Covielle joue son rôle bien pour que Jourdain soit convaincu (il doute, certes, mais son orgueil commande qu’il accepte « l’anoblissement ») – questions inutiles, pour vérification – démonstration exagérée de l’ignorance du bourgeois

Covielle, au contraire, montre une fermeté, sûreté : répétition de « fort »

réponses de Corvielle donc toujours affirmations « Oui », « Assurément », « Je dis que… », « Sans doute. » - il détend la connaissance/le pouvoir discursif de la scène

répétitions/échos cf. dialogue avec le maître de philosophie et Acte III, Scène 3 où il répète à sa femme – schéma similaire qui témoigne d’un apprentissage mécanique de M. Jourdain

puis, le dialogue atteint un nouveau contenu/poids : Jourdain exprime son ignorance suite au savoir acquis : « Je ne sais donc pas comment le monde est fait. »

Covielle : « Comment ? » sert à prolonger le discours de Jourdain (qui est en train de se développer à partir de celui de Covielle), alors pour lui donner la parole

lui donner la parole donne lieu à l’expression de son égoïsme

  1. le bourgeois égoïste et ambitieux

pronoms/déterminants personnels P1 : « Moi ! » « Pour me baiser. » « De feu monsieur mon père. » « Mon père ! »

la flatterie de Covielle comme conséquence de savoir plus que le bourgeois : « je ne sais pas si j’ai l’honneur d’être connu de vous. »

« vous étiez le plus bel enfant du monde et toutes les dames vous prenaient dans vos bras […] »

  • correspond aux aspirations (car termes nobles)

affirmations absolues de Covielle : « le plus bel enfant du monde » (superlatif), « toutes les dames » (totalité)

il s’appelle « grand ami » du père - s’approche du bourgeois – en fait, c’est le serviteur d’un bourgeois qui se masque comme un supérieur/noble pour satisfaire l’ambition du bourgeois ; l’orgueil de Jourdain l’aveugle, il semble voir la noblesse en tout ce qui lui est inconnu

dans l’écho de « pour vous baiser » - « Pour me baiser ! » on peut soupçonner qu’y manque le tranchement entre le présent et le passé : car l’allusion aux dames qui baisent l’homme peut avoir une connotation amoureuse ou érotique qui semble trouver sa parallèle dans la relation désirée avec la marquise, cette allusion justifie la prétention du bourgeois adulte aux dames nobles

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