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Explication linéaire Le Soleil, Baudelaire

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Par   •  19 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  1 440 Mots (6 Pages)  •  688 Vues

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“Le Soleil”

Introduction

  • Apollon, dieu grec représentant entre autres la poésie et la lumière du soleil,
  • constitue une figure d'inspiration majeure chez de nombreux auteurs, en particulier Charles Baudelaire.
  • Ce poète du 19e siècle s'approprie en effet cette figure divine dans son poème “Le Soleil",
  • situé dans la section "Tableaux Parisiens".

  • Ce poème invite alors le lecteur à prendre part à une balade,
  • tout en révélant la réalité telle qu’elle est.
  • Le Soleil est à la fois présenté comme un censeur sévère mais également décrit de manière laudative. Derrière cet éloge de l'astre du jour, se révèle une analogie entre le poète et le soleil  

  • Nous nous demanderons alors comment Baudelaire caractérise le pouvoir poétique par le biais de la figure du soleil. 
  • Nous verrons d'abord l'aspect révélateur du soleil dans la première strophe,
  • puis nous analyserons l’éloge dont il est le sujet dans le deuxième huitain.
  • Enfin nous étudierons l'action universelle du poète et du soleil sur le monde dans le dernier quatrain.

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures

Les persiennes, abri des secrètes luxures,

Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés

Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,

Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,

Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,

Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,

Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,

Éveille dans les champs les vers comme les roses ;

Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,

Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.

C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles

Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,

Et commande aux moissons de croître et de mûrir

Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir!

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,

Il ennoblit le sort des choses les plus viles,

Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,

Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

I -

  • Le poème débute avec une promenade de l’énonciateur dans le faubourg citadin comme à la recherche de l’inspiration.
  • Ce dernier nous dresse alors une Esquisse de l’univers de la ville
  • Paris en travaux est représentée comme une ville misérable, soulignée par par l’épithète « vieux » 
  • le lecteur est aussitôt plongée dans une ambiance sinistre, renforcée par le mot péjoratif “masure” et le verbe pendre
  • La balade se déroule dans l’ombre par l’occultation de la lumière du soleil, comme décrit le 2e vers : les persiennes, abri de secrète luxures
  • Les faubourgs sont donc le lieu où règne une activité immorale et de péchers

Ensuite Soleil représenté sous différents aspects :

  • CC de temps au vers 3 annonce la première apparition “d’un soleil cruel”.
  • C’est un châtiment divin que le soleil inflige aux humains immoraux, soulignée par le verbe « frappe » qui suggère une violence du comportement dénonciateur du soleil.
  • Par ailleurs, cette punition est universelle puisque la métonymie des « toits » désignent la ville et des « blés » les champs
  • L'intervention universelle de l’astre révèle et dénonce les péchés des hommes
  • tout en les purifiant par ses rayons.

Nous pouvons observer une Énonciation particulière du poète-soleil

  • La formulation de la première personne au vers 5 crée un effet de retardement de l’apparition de la voix poétique.
  • En effet, les actions du poète et du soleil sont en concomitance, puisqu’ils rapprochés  par le présent descriptif
  • La métaphore « fantasque escrime »
  • d’une part désigne l’activité poétique du poète
  • renvoie à la métaphore filée des « traits » du soleil

  • V.6  poète devient un limier par le participe « flairant »
  • et par la synesthésie du « rimes » qui est comparé à une odeur
  • « trébuchant »,  « heurtant » : suggère que la promenade est inattentive
  • La comparaison avec les “pavés” donne une une matérialité aux « mots »

  • Dans ce premier huitain, Baudelaire crée également  une corrélation
  • entre un soleil vengeur et purificateur et le poète,
  • en entraînant le lecteur dans une balade dans les rues de la ville de Paris.

II -

  • En parallèle, dans le 2e huitain, on constate une dimension bienveillante du soleil.
  • Il n’est pas explicitement mentionné, mais l’isotopie peut s’appliquer à ce dernier.
  • Il est désigné par le groupe nominal “père nourricier”,
  • Le soleil est alors personnifié par cette périphrase laudative, qui souligne une dimension paternelle, notamment par l’adjectif
  • Une figure divine est aussi présente en arrière-plan puisque le “Père” désigne Dieu, dans la religion chrétienne.

→ Cela donne l’impression d’une célébration des vertus du Soleil sous sa forme bienveillante et paternelle  à l’égard de l'être humain.

  • ce qui est contraste avec le premier huitain.

  • L’ensemble du 2e huitain est centré sur un lieu bien précis et localisé :
  • un monde rural et pastoral des champs:
  • Ce monde s’oppose au 1er huitain où il y a une prédominance de la ville.
  • Le mot "chloroses" rime avec le mot "roses" du vers suivant. Ainsi, le soleil guérit des maladies et des faiblesses.
  • Au vers 11, même si le souci est omniprésent, l'énonciateur a la volonté de s'élever vers l'idéal.
  • On constate aussi une antanaclase et une syllepse de sens du mot “vers” : il peut à la fois désigner l’animal, à la fois l’énonciation de la création poétique. C’est donc une forme d’humour noir.

  • Une impression de rupture et d’excès poétique nous est donnée :
  • En effet, A partir du vers 12, un certain vocabulaire est employé de manière si brutale, que cela peut presque prêter à sourire :
  • Tout d’abord La conjonction de coordination "et" donne une impression de mouvement et de répétition :
  • il y aurait une accumulation de miracles accomplis par le Soleil qui donne une tonalité épique.
  • La comparaison de “porteurs de béquilles” en “jeunes filles”, qui sont des images hyperboliques et initialement opposées, révèle une forme de dérision
  • Par des périphrases mises en rimes, le soleil transforme donc la maladie en joie et jeunesse.
  • Ce sont les rayons du soleil qui produisent ce miracle de guérison
  • La poésie réalise cette transformation par les mots, alors que le poète, auteur de ce texte, est le “faiseur de miracle”.
  • Il éclaire le lecteur et révèle la beauté du mal.

III -

  • Enfin, la 3e strophe fondée sur une analogie entre le Soleil et le Poète. Elle rejoint directement les 2 strophes précédentes et fait office de synthèse.
  • La figure du Soleil à son zénith punit les hommes lorsqu’il « descend dans les villes ».
  • Cette descente est d’abord symbole de chute, mais aussi d’une courbe mimétique de celle du Soleil, comme du poème que nous allons clore

→ Cela accentue les faits d'analogie et de confusion entre les 2 acteurs du poème que sont le Soleil et le Poète.

  • Par ailleurs , le verbe « ennoblit » permet d’évoquer l’idée d’une transformation du mal en beau, tout en démontrant la figure d’un Soleil royal .
  • Au vers 20 sont exposés et rassemblés des lieux antithétiques : l’hôpital et le palais.
  • Cela montre que le Soleil a une action universelle sur le monde. Il a la capacité d’explorer tous les lieux du monde et d’y dévoiler des secrets : des sujets poétiques aux sujets les plus modestes et bas.
  • Ainsi, est célébré le pouvoir poétique du poète : celui qui est capable de visiter tous les domaines, de les éclairer (mais aussi de les magnifier).

Conclusion

  • Dans " Le Soleil ", Baudelaire crée une analogie entre le poète et le soleil tout en multipliant les tonalités.
  • Le soleil, est tout d'abord présenté dans une dimension dénonciatrice
  • Ensuite, il est mis en valeur comme étant un thaumaturge universel, c’est-à-dire un " faiseur de miracles ".
  • Par ailleurs, L'omniprésence des jeux de mots rend le poème plus vivant,
  • traduisant une volonté de montrer les pouvoirs salvateurs de la poésie au lecteur par le biais d'une promenade dans Paris et la campagne.
  • Ainsi, Baudelaire devient un alchimiste des mots qui transfigure la boue en or poétique.

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