« D’après votre lecture des Fleurs du mal de Baudelaire, des lectures du parcours associé et de vos propres lectures, peut-on dire que dans toute laideur réside de la beauté »
Dissertation : « D’après votre lecture des Fleurs du mal de Baudelaire, des lectures du parcours associé et de vos propres lectures, peut-on dire que dans toute laideur réside de la beauté ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yelan • 10 Avril 2023 • Dissertation • 2 170 Mots (9 Pages) • 321 Vues
« D’après votre lecture des Fleurs du mal de Baudelaire, des lectures du parcours associé et de vos propres lectures, peut-on dire que dans toute laideur réside de la beauté ? »
Pour commencer, Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, qui est un poète français du XIXème siècle (1821-1867.) Cette œuvre est composée de six sections : « Au Lecteur », Spleen et Idéal, Tableaux Parisiens, Le vin, Fleurs du mal, Révolte et La mort. C’est un ouvrage qui aborde différents thèmes comme : Le spleen (la première section est composée de quatre poèmes intitulés « Spleen » et c’est au sein de ces textes que Baudelaire décrit cet état de mélancolie, d’ennui profond, mais aussi d’angoisse), L’idéal (Le poète cherche à trouver la perfection), La condition du poète (le spleen s’oppose à l’idéal, le poème « L’albatros » permet d’illustrer ce thème) et La mort (c’est le sujet principal de la dernière partie, mais aussi, elle nous accompagne tout au long du recueil ; dans la première partie, c’est une source d’angoisse pour l’auteur, or elle est présentée comme une solution finale pour échapper au spleen.) Afin de composer cet ouvrage, Baudelaire a trouvé l’inspiration dans la beauté mais aussi la laideur. Or, peut on retrouver de l’esthétique dans la hideur la plus totale ? Tout d’abord, nous verrons pourquoi Baudelaire trouve la mort laide, mais sublime à la fois. Puis, nous nous concentrerons sur l’opinion de la société et des poètes sur ce sujet.
Premièrement, La Charogne est un poème qui appartient à la partie «Spleen et Idéal» des Fleurs du mal. Ce poème est composé de douze quatrains, de rimes croisées, d’octosyllabes et d’alexandrins. Il évoque (très précisément) la description d’une carcasse en décomposition, mais aussi plusieurs thèmes comme la mort, la vie et l’amour. Dans ce texte on peut remarquer trois mouvements : La beauté dans la mort (v1 à 16), La vie qui s’épanouit à travers la mort (v 17 à 36) et La comparaison entre la femme aimée et la charogne (v37 à 48.) Par exemple, le vers 1 évoque un souvenir positif « Rappelez-vous » mais aussi une idylle amoureuse « mon âme ». Cela va se poursuivre jusqu’au vers 2, ou l’on peut remarquer un contexte de séduction/souvenir agréable « ce beau matin d’été si doux ». Or au vers 3, le sujet principal apparaît « une charogne infâme » qui met en place un sentiment de dégoût. Le vers 4, « sur un lit semé de cailloux », est une métaphore qui donne l’impression que la charogne bel et bien vivante. Le vers 5 personnifie (personnification) la charogne tout en la comparant (comparaison), cela va semer le doute chez le lecteur (intention du poète) mais le mot « comme » indique qu’il ne s’agit pas d’une femme (pourtant, il utilise le mot « lubrique » qui renforce la dimension érotique de cette charogne.) Au vers 6, la thématique du désir associée à la mort est toujours présente « suant les poisons ». Les vers 7 à 8 font une référence au ventre, qui possède un double sens. L’aspect charnel car le ventre fait sortir la vie (naissance/insectes), mais le ventre est mis en relief avec le mot « exhalaisons » qui sous-entend que le corps dégage une odeur putride (immonde.) Les vers 9 à 10 comparent la charogne à de la viande « le soleil étant le moyen de cuisson » ce qui renforce le dégoût du lecteur. Les vers 11 à 12 présentent le cycle de la vie (la mort donne naissance à la vie, ce qui valorise le rôle de la nature.) Le vers 13 est un oxymore « carcasse superbe » qui montre l’admiration du poète. Baudelaire semble fasciné par ce qu’il voit , même les cieux perçoivent la beauté dans cette charogne (personnification = « le ciel regardait »). Or, la comparaison au vers 14 entre le corps et la floraison d’une fleur montre bien que la mort naît de la vie. Enfin au v15 à 16, le lecteur comprend que cette scène relève de l’horreur car la jeune femme accompagnée du poète est proche de l’évanouissement ,ce qui prouve qu’elle est à la limite du supportable (spectacle assez morbide.) Pour continuer, le poète va évoquer l’idée selon laquelle la mort est propice à la vie et que les deux sont indissociables. Les vers 17 à 18, « mouches bourdonnaient » et « noirs bataillons », sont des métaphores et hyperboles qui vont traduire la multitude d’insectes présents ce qui fait référence à la décomposition. Le vers 19 « comme un épais liquide » est une comparaison qui indique que les insectes s’unissent entre eux pour ne former qu’un, mais aussi un état de décomposition avancé « épais liquide » (sang coagulé). Le vers 20 « vivants haillons » est une personnification car la charogne semble être vêtue, or cette idée de vêtements qui bougent donne l’impression que le corps prend vie. Les vers 21 à 24 évoquent une comparaison à une vague, ce qui laisse penser que le corps se met à respirer et à reprendre vie. Ce dernier est « vivant » car il est habité par les insectes. Or le mot « pétillant » donne une note festive à la décomposition, et la répétition du verbe « vivre » évoque l’idée que la vie émerge de la mort. Pour continuer, la comparaison du bruit des insectes à « une musique » ou au « grain » d’un vanneur (personne qui vanne les grains) montre que le son produit par la vermine est associé à une mélodie, le poète exprime donc le caractère agréable de ce spectacle. Mais aussi, le poète décrit sa fonction : il cherche, à travers la métaphore de la création, à lutter contre la destruction causée par le temps, il tente donc de reconstituer à l’aide de ses souvenirs ce que le temps détruit. Le texte évoque un chien en train de dévorer une charogne, c’est une description assez réaliste et permet d’avoir une vision crue du cours de la vie (vie qui s’épanouit à travers la mort) ; les mots « squelette », « morceau » renvoient au champ lexical de la viande. Ensuite, Baudelaire va s’adresser à sa bien-aimée en utilisant l’ironie puisqu’il compare sa propre beauté à de la « pourriture », mais aussi à une « ordure ». Cependant, il va rester dans une attitude de séduction, car c’est aux vers 39 à 40 qu’il va lui déclarer ses sentiments. Le poète parle de manière romantique à sa bien-aimée en utilisant « ô reine des grâces », mais lui rappelle au vers suivant son destin qui ne peut pas être évité : il prédit son état « derniers sacrements », « moisir parmi les ossements » (qui est une référence à l’amour courtois où il réalise un éloge de la femme mais lui rappelle également qu’elle va mourir un jour.) Baudelaire montre ici que la beauté et la laideur, que la vie et la mort sont indissociables et qu’il sera le témoin mais aussi le conservateur de ces souvenirs. Il compare sa bien aimée à une charogne. Pour conclure , Baudelaire parvient à sublimer la mort dans ce poème, tout en amenant le lecteur à réfléchir et à s’ouvrir à la vision du poète. Le poète commence par la description d’un spectacle morbide mais au final, révèle un tout autre aspect en montrant la vie s’épanouir après la mort. Baudelaire permet au lecteur de s’identifier à la bien-aimée de l’artiste grâce au lieu établi entre la femme et la charogne.
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