Lecture linéaire : « Spleen » (LXXVIII), Les Fleurs du mal, Baudelaire
Fiche de lecture : Lecture linéaire : « Spleen » (LXXVIII), Les Fleurs du mal, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Wiggsou • 17 Mars 2022 • Fiche de lecture • 1 441 Mots (6 Pages) • 1 673 Vues
Séance n°9- Lecture linéaire n°4 « Spleen » (LXXVIII), Les Fleurs du mal, Baudelaire
(1857)
Poème constitué de cinq quatrains en alexandrins aux rimes croisées, « Spleen » traduit
des impressions d'étreinte, d'oppression lugubre et d'étouffement. L'emprunt par Baudelaire du
mot « spleen » à la langue anglaise (très familière à ce traducteur d'Edgar Poe) pour donner un
nom à son mal est par ailleurs significatif, « spleen » est en effet intraduisible en français si ce
n'est par un jeu de périphrases aux accents du deuil et de la souffrance.
Mouvements :
1er mouvement → les 3 premiers quatrains : l'évocation de l'emprisonnement et de
l'enfermement du poète.
2e mouvement → les 2 derniers quatrains : le constat d'échec, l'enfoncement dans l'angoisse et
la folie.
Problématique : Comment Baudelaire représente-t-il son spleen ?
Analyse linéaire :
1er mouvement : L'évocation de l'emprisonnement et de l'enfermement du poète.
→ La première strophe est construite sur deux propositions subordonnées circonstancielles de
temps introduites par la locution « quand » et « que » qui s'amassent et créent dès le départ un
effet de lourdeur, de poids, de pesanteur renforcé par la présence d'enjambements qui traduisent
la continuité. A noter que les trois premières strophes sont quasiment construites ainsi, ce qui
contribue à accentuer l'effet sur tout le poème.
Puis, la comparaison « comme un couvercle » (v. 1) permet de visualiser le sentiment
d'enfermement.
On remarque en outre que le sentiment d'emprisonnement est lié à une situation météorologique
précise ainsi qu'en témoignent le groupe nominal « ciel bas et lourd » (v. 1), et l'oxymore « jour
noir » (v. 4) qui annulent toute idée de luminosité. De plus, la métaphore créée par le verbe «
verse » traduit la pluie qui tombe.
On notera que le terme «couvercle » (v. 1) évoque la verticalité pour signifier non l'évasion
mais la limite, et le terme « horizon » n'est plus l'immensité puisqu'il devient « cercle » (v. 3)
renvoyant directement au sentiment d'engloutissement, de claustration. L'enfermement est donc
total.
La présence du pronom personnel « Nous » (v. 4) montre que le poète est encore lié à
l'humanité, il n'est pas exclu.
Enfin, l'hyperbole au v. 4 « plus triste que » ajouté au pluriel du substantif « nuits » permet de
comprendre qu'il s'agit du noir absolu. D'ailleurs, le groupe nominal « les nuits » et le substantif
« ennuis » (v. 2) sont à la fois rapprochés par la rime et le pluriel mais aussi par une forme
d'homophonie.
Pour finir, le recours aux rimes croisées renforce cette idée d'emprisonnement.
=> Dès le début du poème, Baudelaire décrit un état de mélancolie profonde à travers un
paysage dysphorique.
→ La seconde strophe, repose sur la même construction syntaxique que la première (à la
différence qu'il n'y a pas une deuxième proposition subordonnée circonstancielle) et évoque le
même sentiment, la même atmosphère que précédemment citée.
La comparaison au v. 5, introduite par le verbe « est changée » perpétue l'idée
d'emprisonnement avec le substantif « cachot ».
Ensuite, « L'Espérance » au v. 6 personnifiée par la majuscule (on peut même parler
d'allégorie), est comparée à une chauve-souris, animal nocturne aveugle qui bat des ailes
énergiquement, ainsi le poète évoque une nouvelle fois la verticalité puisqu'elle « se cogn[e] »
à des plafonds pourris » (v. 8). C'est l'image de l'impossibilité de se sortir de cette situation,
l'impossibilité d'aller vers le beau aussi puisque la comparaison est banale voire dévalorisante.
On remarque que l'eau, amenée dès la strophe 1, indirectement par la description d'un paysage
orageux ou pluvieux « ciel bas et lourd », commence progressivement à s'emparer des lieux «
cachots humides » et « plafonds pourris » évoquent un monde en déliquescence.
Enfin, le champ lexical de l'obscurité est bien présent à travers les termes « cachot », « chauve-
souris» (car vit la nuit), « pourris ». Il participe à représenter les circonstances extérieures qui
suscitent le spleen.
=> Les lieux évoqués dans cette strophe sont clos comme si progressivement le poète était
enfermé, en outre le « nous » disparaît. C'est l'enfermement dans la solitude de l'être qui est
marqué ici.
→ La troisième strophe s'élabore de la même manière que les précédentes. L'évocation de la
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