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Lecture linéaire 2 « Une Charogne », Les Fleurs du Mal, Baudelaire

Commentaire de texte : Lecture linéaire 2 « Une Charogne », Les Fleurs du Mal, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 508 Mots (11 Pages)  •  454 Vues

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Travail 1e9 – Lecture linéaire 2 « Une Charogne », Les Fleurs du Mal, Baudelaire

CORRECTION 🡪 LECTURE LINEAIRE COMPLETE

        B) Quatrain 2 : Vers 5 à 8 

        Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,

        Brûlante et suant les poisons,

        Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique

        Son ventre plein d’exhalaisons. 

  

  • La correspondance entre la femme et la charogne, déjà annoncée au V4 est reprise par la comparaison v5 « comme une femme lubrique ». La charogne est personnifiée. On le voit aussi au vers 7 : « d’une façon nonchalante et cynique ».

  • Eros et Thanatos sont à nouveau mêlés : 

a) Dans cette deuxième strophe, Eros est particulièrement présent. Le poème devient sensuel :

  • Grâce à l’apposition au v5 « Les jambes en l’air » qui évoque la femme en position amoureuse et est reprise tout au long de cette deuxième strophe « Brûlante et suant les poisons », « Ouvrait son ventre ».
  • A la comparaison au même vers « comme une femme lubrique ». Rappelons que « lubrique » signifie « qui a un penchant pour la luxure, les plaisirs sexuels ». On est loin de l’exaltation de la beauté de la femme classique.  

b) Pourtant, Thanatos se mêle à Eros, le Spleen se mêle à l’Idéal, la mort se mêle à la vie. Grâce à la poésie, à l’alchimie poétique, le poète mêle les contraires. En effet, 

  • A l’amour sensuel v6 « suant » sont associés « les poisons ».
  • Les mots péjoratifs se multiplient : « suant ; poisons ; nonchalante ; cynique ; exhalaisons ».
  • Le poète, grâce à son art, sublime la charogne. Elle est V7 par ironie  « cynique », elle méprise les conventions, elle est provocante tout comme le recueil de Baudelaire censuré pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. 

II. V. 9 - 16: La description d’une carcasse en décomposition

        A) Quatrain 3 : Vers 9 à 12 

             Et le ciel regardait la carcasse superbe

        Comme une fleur s’épanouir.

        La puanteur était si forte, que sur l’herbe 

        Vous crûtes vous évanouir. 


  • La conjonction de coordination « Et  » qui commence le v9 change le point de vue. Il s’agit d’un « et » consécutif (qui fait suivre des idées sans interruption). Alors que c’était le couple formé par le poète et la femme qui regardait la charogne, il s’agit maintenant V9 du « ciel ». On peut remarquer que le temps du verbe est l’imparfait dont la valeur est la description.

On peut se demander ce que signifie la métaphore du « ciel » :

- Ce peut être le ciel lié à la religion ou du moins une transcendance.

- Ce peut être le ciel des idées, celui du poète, de « L’Albatros », « vaste oiseau des mers » « Qui hante la tempête et se rit de l’archer ». 

• Quelle est la figure de style dans l’expression « carcasse superbe » ? En quoi ce groupe nominal est-il en soi une alchimie poétique ?   Dans l’expression « carcasse superbe », on peut reconnaître un oxymore, figure de style qui consiste à coller deux expressions normalement opposées. Ici, Baudelaire se fait alchimiste en transformant le laid (la carcasse), en beau (carcasse superbe).


  • Cette expression « carcasse superbe » est introduite par une série d’amplifications :
  • L’hyperbole méliorative V9 « superbe »
  • L’adverbe d’intensité V11 « si »
  • Qui annonce, dans la principale, la proposition subordonnée de conséquence hyperbolique « que sur l’herbe / vous crûtes vous évanouir. »

Ces amplifications montrent que la mort est gagnante. La « carcasse » semble être un monde et pas seulement un objet. 

  • La comparaison de la carcasse : 
  • « la carcasse superbe » est comparée à « une fleur ».

Quelle que soit l’association, Baudelaire nous renvoie à la thématique du « memento mori » que l’on trouve chez Ronsard. On ne peut s’empêcher, en lisant cette comparaison, de penser à son poème « Mignonne allons voir si la rose » qui associe la femme à une rose qui fane et nous présente la thématique de la fuite du temps.

Le poète est un alchimiste qui transforme :

  • Le laid en beau « Et le ciel regardait la carcasse superbe » : une « charogne infâme » va devenir un poème. Cet oxymore montre que Baudelaire extrait la beauté de la laideur, du mal. Selon lui, tout thème peut devenir un objet d’art et de beauté.  
  • Le beau en laid car, en rime interne, Baudelaire fait rimer V10 « fleur » avec V11 « puanteur ». 


  • Par la deuxième personne du singulier V12 « Vous », Baudelaire s’adresse directement à femme aimée et lui montre l’importance de cette charogne qui représente la mort. L’amour semble relégué à quelque chose de futile et de bien faible à côté de la vérité de la mort. La femme est faible et manque de faire un malaise V12 « vous crûtes vous évanouir », ce que le sujet lyrique raconte au temps du passé simple, temps utilisé ici pour raconter une action ponctuelle.


        B) Vers 13 à 16

         Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,

        D’où sortaient de noirs bataillons

        De larves, qui coulaient comme un épais liquide

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