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Tristan Corbière, Le crapaud

Commentaire de texte : Tristan Corbière, Le crapaud. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 412 Mots (6 Pages)  •  312 Vues

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Le Crapaud

Dès les premiers vers, on est placé dans un cadre romantique : on se trouve une nuit d’été, « sans air » où « la lune » éclaire de façon assez vive un espace naturel aux teintes d’un « vert sombre », où se trouve également « le massif ». C’est un cadre classique, presque stéréotypé pour une promenade romantique.

De plus, l’ambiance est agrémentée de musique : « un chant », en anaphore au début de chaque tercet (v.1, v.3 et v.11) , crée une atmosphère romantique.

Cependant, on est poussé vers un romantisme noir par l’évocation d’une souffrance qui transparaît notamment dans la répétition du mot « horreur » accompagné de points d’exclamation et d’interrogation.

La promenade romantique se veut lyrique : cet aspect du poème est souligné par les sensations évoquées.

En effet, tous les sens semblent sollicités :

♦ L’ouïe dès le premier mot du poème (« un chant ») et tout au long de celui-ci (« un écho », « il chante») ;
♦ La 
vue avec l’utilisation du verbe voir à deux reprises (« vois-le », « vois-tu ») mais aussi les éléments rappelant des nuances de couleurs (« métal clair », « vert sombre », « dans l’ombre », « son œil de lumière ») ;
♦ Le 
toucher avec la sensation de « froid, sous sa pierre »
♦ Le 
sens olfactif avec « une nuit sans air ».

En outre, le poème « Le crapaud » est présenté comme un dialogue entre le poète et une femme dont il est proche : il la tutoie. On note également l’impératif qui marque une certaine proximité entre les deux : « Viens, c’est là », « Vois-le ».

Par ailleurs, le poète se place comme un chevalier servant vis-à-vis d’elle : il l’invite à venir « Près de moi, ton soldat fidèle ! ».

Cependant, si cette promenade est romantique et ce poème lyrique, il n’en demeure pas moins que le poète y a ajouté une dimension peu sécurisante.

Certaines expressions trahissent une atmosphère lourde, angoissante, qui met mal à l’aise.

L’obscurité est soulignée par une lumière de la lune très tranchée : « plaque en métal », « découpures » et crée une ambiance inquiétante.

On trouve également le thème de la mort : « enterré », « l’ombre », « sous sa pierre » (qui pourrait être tombale).

 En créant une ambiance angoissante dans un cadre lyrique, Corbière propose une critique de l’esthétique romantique et crée un poème très original qui s’affranchit de l’esthétique romantique et du lyrisme.

Le poème « Le Crapaud » adopte la forme d’un sonnet inversé : deux tercets suivis de deux quatrains. Il semble vouloir commencer un sonnet par la fin.

On note que le mètre utilisé est l’octosyllabe, moins noble que l’alexandrin, mais qui reflète bien la volonté de Corbière de se démarquer des poèmes romantiques classiques.

Tout au long du poème, on observe une série de tirets que l’on peut associer à un dialogue entre le poète et une femme qui observent un crapaud dans la nuit.

Cependant, ce dialogue est confus et il est parfois difficile d’attribuer les paroles à l’un ou à l’autre.

Ainsi, le codage de la ponctuation est brouillé par les nombreux points de suspension qui entrecoupent le dialogue, comme aux vers 10-11 : « Rossignol de la boue… – Horreur ! – // … Il chante. » ou les tirets sont séparés et les points de suspension entament la phrase.

Tristan Corbière opte pour un ton assez ironique.

La ponctuation hache le texte et montre des paroles confuses autour du crapaud.

Le langage est familier et oral avec une tournure grammaticalement incorrecte : « Vois-tu pas son œil de lumière » (au lieu de « Ne vois-tu pas ») où il manque même le point d’interrogation remplacé par des points de suspension.

De plus, les images qu’il crée, pour évoquer poétiquement le crapaud, sont plutôt triviales : « poète tondu, sans aile » est une métaphore peu flatteuse pour parler d’un crapaud. Quant à l’oxymore « rossignol de la boue », il ne le valorise pas davantage.

Le poète semble vouloir défendre et glorifier l’animal sans y parvenir. La réaction est sans appel : un crapaud est une « horreur ».

Enfin, l’étude des sonorités du poème montrent des assemblages assez discordants. L’auteur crée par exemple des allitérations en associant la consonne liquide -l aux occlusives -p, -k, -t, -d :
♦ « 
– Llune plaque en métal clair
Les découpures»

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