La nuit de Cristal

9-10 novembre 1938 : la Nuit de Cristal

Dès l’arrivée au pouvoir du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands), aussi nommé « parti nazi », en Allemagne en janvier 1933, les juifs vont subir une violente discrimination raciale. En effet, Adolf Hitler adopte une politique antisémite forte, qui passe notamment par le boycott des commerces juifs, mis en œuvre le 1er avril 1933, ou six jours plus tard par l’exclusion des juifs de la fonction publique. Le 4 octobre 1933, ce sont les journaux qui sont obligés de licencier leurs journalistes juifs, afin de pouvoir imposer une propagande antisémite. En effet, à l’aide d’affiches, de journaux, de films, radio, et tout autres moyens d’information, le gouvernement nazi va diffuser une idéologie antisémite.

Le 15 septembre 1935, l’adoption des lois de Nuremberg légalise la discrimination raciale envers les juifs. Ces lois et les décrets qui en découlent interdisent ainsi le mélange de sang entre les citoyens dits « de sang allemands » et les juifs, ce qui passe par l’interdiction des mariages entre juifs et non-juifs. Elles privent également les juifs de leur citoyenneté allemande et de leurs droits politiques, comme par exemple le droit de vote. En janvier 1937, ce sont de nombreuses professions qui leurs sont interdites, comme celles de professeurs, de médecin, de comptable, etc… Au début de l’année 1938, les passeports des allemands juifs sont confisqués, puis en avril de la même année, ils sont obligés de faire enregistrer tous les biens en leur possession.

Ainsi, les juifs sont peu à peu exclus de la société allemande. Cette exclusion n’est cependant pas uniquement dû à la politique nazie mais également à la population allemande qui, poussée par le régime, va devenir de plus en plus antisémite. Ainsi, les juifs sont victimes d’actes de terreurs commis par le reste de la population allemande. Ils sont exclus de certains villages et on leur interdit l’entrée dans certains magasins. (document 2)

Le 7 novembre 1938, Herschel Grynszpan, un jeune juif polonais, d’origine allemande et âgé de 17 ans se rend à l’ambassade d’Allemagne à Paris et tire sur Ernst vom Rath, un secrétaire nazi Cet acte fut motivé par le fait que les autorités allemandes avaient expulsé récemment des milliers de Juifs polonais d'Allemagne, et que parmi eux se trouvaient les parents du jeune homme.

2 jours plus tard, le 9 novembre 1938, Ernst vom Rath décède de ses blessures. Cet assassinat servit de prétexte au régime nazi pour le pogrom qui suivit. (Pogrom : violences et émeutes sanglantes dirigées par une partie de la population contre des minorités ethniques, religieuses ou d'origine différente de cette population). En effet, si le régime nazi décrit la Nuit de Cristal comme un déchainement de violence inattendu et spontané de la part des citoyens allemands en colère suite à cet assassinat, il n’en est rien. En effet, le pogrom est voulu et préparé par le régime nazi. En effet, d’après les historiens Rita Thalmann et Emmanuel Feinermann (La Nuit de Cristal, Robert Laffont, 1972), un plan aurait été préparé à l’avance, détaillant la manière dont il fallait s’en prendre aux synagogues et aussi le nombre d’arrestations à prévoir. De plus, alors que le parti nazi était assemblé à Munich pour célébrer le jour anniversaire du putsch de la Brasserie de 1923, date importante du calendrier national-socialiste, le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, l'un des principaux instigateurs des pogroms, annonça que « le Führer a décidé que les [...] manifestations ne devraient pas être préparées ou organisées par le Parti, mais ne devraient pas être entravées si elles venaient à éclater spontanément ».

Dans la nuit du 9 au 10 novembre commence alors la Nuit de Cristal. Ce pogrom tient son nom des éclats de verres qui jonchèrent les rues, venu des vitrines brisées. Il commence dès la fin du discours de Goebbels, quand les membres du parti mettent feu à la synagogue de la Herzog-Rudolf-Strasse, à Munich. Le pogrom s’étend ensuite rapidement dans tout le Reich. Les émeutiers détruisent des centaines de synagogues et d’institution juives sont détruites. La plupart furent incendiés et brulèrent toute la nuit, les pompiers ayant reçu l’ordre de n’intervenir que si le feu menaçait les bâtiments voisins. On estime à 271 synagogues détruites. Environ 7500 magasins juifs sont saccagés par les Jeunesses Hitlériennes et la SA, leurs vitres sont brisées et l’intérieur est pilier. Les juifs essayant de défendre leurs biens sont arrêtés par les officiers qui ont reçu l’ordre de ne pas intervenir. Les cimetières juifs sont eux aussi saccagés. (documents 3 et 4)

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