La Vanoise : vers une gestion durable de la haute montagne

La Vanoise : vers une gestion durable de la haute montagne.

Un parc national a pour but de protéger rigoureusement la nature et ses écosystèmes, mais on peut constater que cet espace est partagé entre protection et gestion. Cette dernière relève de l'élevage essentiellement bovin laitier, qui en été vient utiliser les prairies d'altitude. Ces troupeaux produisent du lait pour la fabrication de fromage (dont l'AOC Beaufort en Savoie). Ainsi, y compris dans les espaces où la protection est importante, il faut mêler utilisation et protection. Cependant, cette association ne s'effectue pas toujours aisément, et elle est bien souvent source de conflits ou de choix politique de gestion. L'étude de cas envisage la gestion durable de la Vanoise.

I. Un milieu anciennement exploité.

La notion de milieu est synonyme de celle d'environnement : elle désigne non seulement un cadre physique (milieu montagnard) mais également les relations qui existent entre cet aspect concret et les usages qu'en font les sociétés. Le milieu se définit donc par ces composantes matérielles (pente, sols, climats, eau, végétations) utilisées, modifiées, et parfois même dégradées par les sociétés humaines. Ces milieux sont donc anciennement modifiés pour faciliter la vie de l'être humain. On peut néanmoins distinguer des milieux plus ou moins transformés par les sociétés. La Vanoise, qui se situe entre deux grandes vallées (Tarentaise et Maurienne) permettant de pénétrer les Alpes françaises, est un massif montagneux de haute altitude qui atteint environ 3800 m. Cela explique l'étagement des formations végétales et des usages en fonction des conditions climatiques. La vallée, avec ses premières pentes et étages collinéens, abrite les villages et les cultures. Quand on s'élève en altitude, le climat devient plus frais et les précipitations s'effectuent ainsi beaucoup sous forme de neige en hiver, dont la quantité variera selon l'altitude et les années. Ce climat convient particulièrement bien aux arbres, puisqu'en effet, la forêt est très présente, associant des arbres à feuilles caduques (chênes ...) et des conifères (pins, sapins ...). Au-dessus de 2000 m en moyenne, le climat devient de plus en plus rude, et les arbres sont remplacés par les alpages (espace dans lequel les troupeaux s'installent en été). Puis la prairie cède peu à peu la place aux rochers, à la neige et enfin aux glaciers.

Ces différents étages sont utilisés pour le tourisme et des stations de différentes générations sont implantées soit aux limites des étages collinéens forestiers (Chamonix), soit à très haute altitude (Val Thorens à 2 300 m d’altitude pour profiter d’un enneigement régulier et long dans l’année). La neige a contribué au développement de ce tourisme, et la pénétration facile grâce aux grandes vallées permet aussi un accès simple à ces massifs. Un grand nombre de stations de sport d’hiver se trouvent dans la zone d’adhésion du parc national : Champagny en fait partie (à environ 1500 m du parc). L’aménagement touristique de la montagne, qui prend naissance à la fin des années 1950, entraîne des modifications des milieux montagnards (bétonisation, déforestation locales…) et des dégradations. Les contraintes du milieu, mais aussi leurs potentialités (caractères d’un milieu qui peuvent être valorisés ou non en fonction de la société et des facteurs techniques), sont très largement utilisées à partir des années 1950-1960 dans le cadre de la mise en tourisme de la haute montagne avec le «plan neige». Ces possibilités sont liées à la pente et aux différents milieux qui composent la montagne (collinéen, montagnard, milieu des alpages) cela justifie l’existence de ressources en bois, de prairies et de ressources en eaux abondantes. Certains potentiels qui aujourd’hui justifient les usages de la montagne (tourisme d’hiver) n’étaient pas perçus comme des aspects positifs dans le passé où la neige fermait la montagne, l’isolait du monde, où la pente rendait l’agriculture difficile.

Le milieu montagnard de la Vanoise a subi de nombreuses transformations au cours de ces dernières années, ainsi une quantité importante de stations de sport d'hiver a récemment vue le jour, dans le but d'augmenter l'activité économique de la région par le tourisme de masse. Ces stations ont une capacité d'accueil de plus en plus grande et permettent ainsi de recevoir de plus en plus de touristes, contribuant donc à l'essor financier du secteur. La création de gares SNCF et de nombreuses routes a également permis l'augmentation des voies de communication et rendu l'accès à la montagne beaucoup plus aisé qu'il ne l'était auparavant. Enfin, pour pallier un enneigement irrégulier, notamment dans les stations de moyenne altitude, des canons à neige ont été implantés et multipliés .Ils sont dénoncés par les écologistes ou par des utilisateurs des ressources locales en eau dans lesquelles il faut prélever pour fabriquer la neige. La neige artificielle est aussi considérée comme polluante. Si le réchauffement climatique s’affirmait, le recours aux canons à neige pourrait être plus important encore… L'artificialisation du milieu a donc permis d'augmenter considérablement la puissance économique de la Vanoise, puisqu'elle a donné à la région des caractéristiques qui en font une attraction majeur dans le monde du tourisme.

II. Vers une gestion durable de la Vanoise.

Un parc national est un espace classé par l'état dans un but de protection en raison de ces paysages remarquables et de sa biodiversité exceptionnelle. Les parcs ont été créés par la loi de 1960 qui distinguait la zone centrale, soumise à une protection rigoureuse, et la zone périphérique où la protection est moindre et l’accueil du public plus large. La réforme de la loi de 1960 a conduit en 2006 à redéfinir les deux espaces composant les parcs et à élargir les objectifs qui les caractérisaient en associant plus étroitement protection et usages de ces espaces. Le parc est un espace de développement durable car en conciliant gestion et protection, il permet le développement économique et le développement social tout en ménageant le milieu. Les usages de la montagne sont divers avec par exemple l’élevage bovin d’été en altitude et la zone d’appellation contrôlée Beaufort sur les alpages. D’autres utilisations sont liées à l’exploitation forestière de l’étage montagnard, et d'autres encore sont

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