Les femmes guides de haute montagne : modes d’engagement et rapports au métier

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Dans une étude très intéressante de 2005, « Les femmes guides de haute montagne : modes d’engagement et rapports au métier », la sociologue Mennesson expliquait que l’initiation à la montagne des femmes guides se faisait de deux façons. Elle apportait des éléments d’analyse socio-culturels qui renvoient à l’évolution de la place des femmes dans la société et la pratique de loisirs.

L’initiation peut se faire tôt, dans un cadre familial caractérisé par un capital culturel élevé car la montagne est une activité favorisée par les CSP+. Sinon, elle arrive plus tard, vers la vingtaine, en compagnie de pairs masculins, dans un milieu social plus diversifié.

Toutes les femmes guides interrogées ont fait l’apprentissage de la socialisation dans un contexte masculin. Elles se considèrent comme des « garçons manqués » ou des « filles normales » mais dans ce dernier cas, il s’agit de familles à fort capital culturel, égalitaire, comme témoigne Laure :

Six femmes guides ont débuté les activités de montagne entre 18 et 20 ans (voir tableau 1, p. 123). Leurs origines sociales sont plus diversifiées que celles des femmes du groupe précédent. Trois d’entre elles sont issues des classes favorisées (Josiane, Aude et Julie) tandis que les trois autres sont issues des milieux populaires (Mireille, Chloé et Danielle). Ici encore, leurs trajectoires scolaires correspondent globalement à leurs origines sociales (niveau bac +2 à bac +5 pour les premières, BEP à bac +2 pour les secondes), sans que le sport apparaisse comme un élément central de leur cursus scolaire et universitaire. À l’exception de l’une d’entre elles, toutes ont vécu dans des villes du sud-est de la France.

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L’absence de socialisation "montagnarde" précoce caractérise l’ensemble de ce groupe. Les femmes sont initiées à l’âge adulte par des étudiants poursuivant le même cursus universitaire ou des collègues exerçant dans le même milieu professionnel :

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"En fait, moi, j’y suis venue assez tard à la montagne, vers 23 ans. À l’origine, je ne faisais pas du tout un métier en rapport avec la montagne, j’étais enseignante de sciences physiques. En fait, j’ai commencé la montagne avec des amis, et ces amis ont voulu devenir guides de haute montagne, ils s’entraînaient pour ça et ils m’emmenaient avec eux. Finalement, j’ai fini par me dire pourquoi pas ?" (Aude).

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Les deux modes d’accès aux pratiques de montagne révèlent ainsi certaines différences dans les processus de socialisation des femmes guides. Au-delà de l’initiation, la conversion en activité professionnelle dans un milieu masculin pose la question des dispositions sexuées et renvoie à l’analyse de leur socialisation sexuée primaire.

Une socialisation au sein du groupe des pairs masculins

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Toutes les guides déclarent avoir participé pendant leur enfance à des "jeux de garçons" en leur compagnie, témoignant ainsi d’une certaine distance à l’égard des modes de socialisation spécifiques aux groupes féminins (Maccoby, 1990). Même s’il est difficile de repérer un type de configuration familiale spécifique, l’existence d’une relation privilégiée avec un ou plusieurs frères, parfois de substitution (cousin par exemple) dans le cas des fratries exclusivement féminines (2 femmes interrogées), constitue un élément central de leur mode de socialisation. En compagnie des garçons de la famille, elles s’investissent dans des pratiques de plein air, qui se différencient symboliquement des jeux de filles :

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"Jouer à la poupée, ça me gonflait au bout de 5 minutes. C’était plutôt sortir avec les garçons, aller faire

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