Le royaume du Mitanni
Commentaire de texte : Le royaume du Mitanni. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lilaslilas36 • 26 Décembre 2017 • Commentaire de texte • 3 696 Mots (15 Pages) • 637 Vues
Séance 11. Le royaume du Mitanni
« Lettre de Tusratta, roi du Mitanni, retrouvée à El-Amarna » (E29, extraits)
Dans cette lettre de Tusratta, roi du Mitanni de -1380 à -1350 av. JC - selon la chronologie moyenne –adressée au pharaon Akhenaton, celui-ci déclare : « Nimmureya, mon frère, n’est pas mort. Naphureya, son fils aîné, exerce maintenant la royauté à sa place. Absolument rien ne va changer ce qui était auparavant. »
Ainsi, on comprend d’ores et déjà, que le roi du Mitanni était profondément lié au neuvième pharaon de la XVIIIème dynastie égyptienne, Amenhotep III, qui régna vers -1391 à -1353 avant notre ère. A la mort de ce dernier, son fils Amenhotep IV (plus tard Akhenaton) monte sur le trône d’Egypte ; cette succession laisse ainsi espérer au Grand Mitannien, une continuité de la politique entreprise auparavant par le souverain défunt, par son fils devenu pharaon. Mais ces propos mériteront que nous y revenions.
En effet, alors qu’en 1887, une habitante de la région creusait pour ramasser des matériaux servant de combustible ou d’engrais agricole, celle-ci découvre plus de trois cent tablettes cunéiformes, aujourd’hui désignées sous l’expression des Lettres d’Amarna. Ces lettres, principalement en langue akkadienne, désignent des correspondances diplomatiques entretenues par les souverains Amenhotep III et Amenhotep IV avec des représentants politiques étrangers.
L’extrait de la lettre que nous avons à commenter a donc été retrouvée à Amarna (ou Akhenaton ou Tell el-Amarna), il s’agit du nom contemporain désignant le site archéologique regroupant les ruines de la ville que le pharaon Akhenaton, fils de Amenhotep III, avait fait construire en hommage au dieu Aton, sur la rive Est du Nil dans la province moderne de Minya, en moyenne-Egypte.
Ces lettres diplomatiques entre « Grands » nous renseignent sur le contexte politique de cette période, mouvementé, bien que le pharaon semble être plus spectateur qu’acteur des relations politiques entretenues entre les différents royaumes.
Si de fortes incertitudes demeurent au sujet de la chronologie, certains évènements nous permettent d’avoir le squelette d’un récit historique relativement cohérent.
En Anatolie, le roi Tarundaradu d’Arzawa rencontre des difficultés, ce dernier en appel à l’aide de Amenhotep III par l’intermédiaire de deux lettres mais le roi hittite Suppiluliuma Ier s’empare rapidement du territoire Anatolien.
Par ailleurs, le roi hittite exerce une pression sur le royaume du Mitanni, un allié solide de l’Egypte, depuis que la sœur puis la fille du roi Mitannien Tusratta se sont mariées aux pharaons égyptiens.
C’est dans ce contexte de crise diplomatique que le dirigeant mitannien, Tusratta, fait parvenir cette lettre par l’intermédiaire de son messager, au pharaon d’Egypte, Amenhotep IV.
Les sources dont les historiens disposent sont relativement maigres pour comprendre l’organisation du royaume émetteur de la présente missive, d’ailleurs, les relations internationales entretenues par le royaume nous sont décrites grâce à des sources provenant d’autres royaumes, exceptées ces lettres d’Amarna et notamment celle-ci envoyée par Tusratta vers l’Egypte, qui les évènements de la période d’un point de vue mitannien.
L’intérêt d’un tel document réside également dans le fait qu’il constitue un exemple pertinent puisqu’étant écrit directement par le protagoniste, nous est offerte la possibilité de rentrer dans le « cerveau » de son émetteur, afin de tenter d’en déchiffrer la pensée.
Cet extrait est un appui fondamental dans la compréhension des enjeux des relations diplomatiques du Proche-Orient.
En quoi, cette missive diplomatique du roi Mitannien, Tusratta, en prétextant l’expression innocente de « l’amour commun pour un ‘Grand’ homme défunt », nous permette-elle d’appréhender, d’accéder et de comprendre certaines pratiques diplomatiques exercées entre deux royaumes, dans l’espoir de concourir à un résultat politique majeur, fondée sur une ancienne confiance d’Etat à Etat ?
I/ Les modalités d’une ambassade
II/ Une ancienne connivence entre deux royaumes, héritée des mariages diplomatiques
III/ Une minutieuse rhétorique à la faveur d’une stratégie diplomatique
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I/ Les modalités d’une ambassade
Dès la ligne 1 de la lettre, le roi Tusratta charge un représentant de son royaume, de rapporter au palais du pharaon égyptien, un message adressé de sa part au souverain « qu’il aime et qui l’aime ».
- L’exemple d’une lettre retrouvée à el-Amarna
Ces lettres provenant des archives d’Amarna, la capitale disparue, fondée par le pharon Akhenaton, nous renseignent sur la tonalité des relations internationales au XIVème siècle avec JC au Proche-Orient. Celles-ci, rédigées dans la langue internationale de l’époque, l’akkadien et écrites en écriture cunéiforme.
Ces lettres d’Amarna rapportent de nombreux détails notamment au sujet des étapes ayant menées à une négociation, des stratégies diplomatiques imaginées par les souverains, des présents échangés entre les royaumes voire même de l’émotion de certains dirigeants.
Cette lettre dont nous disposons est la 29ème d’une partie des missives des correspondances diplomatiques d’Amarna. Elle répond aux codes des lettres sur lesquels les historiens s’entendent à savoir : un émetteur, un destinataire, le fond d’un quelconque sujet. Le premier paragraphe de la lettre révèle les vœux, les souhaits de diplomatie qu’un souverain voue toujours au souverain destinataire qu’il appelle son « frère » (lignes 1 et 2)
Le fait que Tusratta explique ce dont lui parlait régulièrement Amenhotep III révèle l’importance de la pratique des lettres.
Toute la subtilité de cette lettre diplomatique d’un roi à un pharaon réside dans l’action de « dire sans dire ». D’une part, afin de ne pas froisser les relations entre deux royaumes de peur d’un conflit militaire, d’autre part, afin de ne rien confier de trop confidentiel par écrit. Son déchiffrement s’avère ainsi compliqué, comme le reflète cette lettre, à la lecture de laquelle, il est difficile de repenser l’arbre généalogique évoqué.
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