De quelle manière le roi - seigneur féodal - parvient à assoir sa suzeraineté dans un royaume morcelé, favorisant les pouvoirs locaux, les principautés et seigneuries?
Documents Gratuits : De quelle manière le roi - seigneur féodal - parvient à assoir sa suzeraineté dans un royaume morcelé, favorisant les pouvoirs locaux, les principautés et seigneuries?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lineco • 3 Novembre 2012 • 2 171 Mots (9 Pages) • 2 056 Vues
Dans l’Europe féodale, la place de la monarchie, à première vue, n’apparait pas primordiale : le cadre essentiel est constitué par les seigneuries, souvent groupées grâce aux liens féodaux dans d’importantes principautés - le Pape et l’Empereur dominant l’ensemble. Dans le royaume de France, les premiers Capétiens, dont les débuts ont été modestes et prudents, ont réussi à se faire peu à peu leur place dans un monde auquel l’institution monarchique paraissait étrangère.
Après l’échec de la dynastie carolingienne, au IXe siècle, le royaume de France est partagé en trois par le traité de Verdun. S’en suit un phénomène de morcèlement territorial où le pouvoir se concentre autour des seigneuries, des principautés. C’est celui qui possède la terre qui a le pouvoir, d’abord militaire, puis financier et judiciaire. On assiste à la montée en puissance des seigneurs, des princes, des grandes familles, descendants de la royauté et grands propriétaires terriens. Au début de la période féodale, le pouvoir royal est très faible, voire inexistant. Au Xe siècle, les derniers Capétiens et les Robertiens se disputent la couronne et l’autorité royale se dégrade de façon continue… effacée durant un siècle, la dynastie capétienne, dont l’autorité ne s’exerce réellement que sur son domaine d’Ile-de-France, assemble lentement ses forces. A partir du XIIe siècle, la royauté tente d’assoir son pouvoir, d’abord en Ile-de-France, puis dans le reste du royaume.
Cette période de l’histoire de France est très intéressante car elle nous dépeint les débuts d’une monarchie que nous idéalisons presque aujourd’hui. En effet, quand on pense monarchie, on pense souvent, à tord, à Versailles, au « Roi-Soleil », à Marie-Antoinette… rarement à la monarchie balbutiante des Capétiens. De plus, cette période nous montre comment s’amorce le passage d’un système politique à un autre, d’une culture (féodale) à une autre (monarchique), et, plus précisément, comment le pouvoir royal s’appuie sur les éléments d’une culture pour finalement la dépasser, comment, dans un système qui l’écrase, le roi arrive-t-il à s’imposer en tournant les règles féodales à son avantage.
A partir de ce constat, il convient de se demander de quelle manière le roi - seigneur féodal - parvient à assoir sa suzeraineté dans un royaume morcelé, favorisant les pouvoirs locaux, les principautés et seigneuries.
Dans ce cadre, il convient d’étudier la place du roi dans le système féodal avant d’expliquer de quelle manière le XIIe siècle fut un tournant pour la royauté.
I. Le roi, un seigneur affaibli dans le système féodal
Après avoir expliqué comment le territoire de France s’est morcelé au profit du pouvoir seigneurial, nous étudierons le seul attribut du roi le différenciant des autres seigneurs : le sacre.
A. Un territoire morcelé, favorisant le pouvoir seigneurial
Les temps féodaux (9e-12e siècle) connaissent un système politique particulier, où il n’y a plus d’autorité politique supérieure ni de système juridique unitaire. La pouvoir a éclaté entre de nombreux titulaires plus ou moins puissants, les seigneurs, qui sont à la fois des propriétaires et des chefs politiques.
Ceci s’explique d’abord par l’échec de l’ordre carolingien. L’ordre carolingien n’a pas été compris, aussi bien au sommet qu’à la base de la société. Les sujets ne comprennent pas l’idée supérieure de l’Etat, ils en sont restés à l’idée barbare du lien personnel d’homme à homme, du lien qui impose l’obéissance en échange de la protection. De plus, la famille de Charlemagne ne veut pas abandonner la conception patrimoniale du pouvoir, d’où le partage de l’empire carolingien en 843 par le Traité de Verdun. C’est l’acte de naissance de la Francie occidentalis, royaume que reçu Charles le Chauve.
La décomposition de l’Etat carolingien aboutit à la construction d’une société marquée par un extrême morcellement territorial et politique (fiefs et seigneuries). A côté de cette division du territoire, la vie économique s’organise de plus en plus autour des grands domaines. Le grand domaine (fief, seigneurie, principauté), à la fois unité économique et cadre de la vie sociale, a sa propre autonomie administrative et va jouer un rôle dans la vie publique. Le pouvoir royal s’y exerce encore par l’intermédiaire du grand propriétaire (prince, seigneur) qui, au nom du roi, convoque les troupes, rend la justice et lève les impôts, dont il est autorisé à en garder le produit. L’autonomie administrative qui leur est reconnue va conduire à leur indépendance publique car, progressivement, le pouvoir royal est de moins en moins reconnu. Les seigneuries s’émancipent du roi de France qui n’exercera plus son autorité que dans son propre domaine.
L’expérience carolingienne lègue tous les éléments (personnels, juridiques, politiques) pour la période féodale, en faisant resurgir le cloisonnement de la vie politique, sociale et économique, en faisant glisser le pouvoir dans les mains des grands seigneurs qui s’approprient les prérogatives de l’institution royale, les droits régaliens. La seigneurie devient un domaine foncier qui prolonge les grands domaines carolingiens, elle est devenue un territoire de puissance, c’est-à-dire un mode d’exercice du pouvoir, au détriment du pouvoir royal. La seigneurie est dirigée par un seigneur qui exerce en plénitude les droits de puissance publique : un pouvoir judiciaire, militaire et financier sur les sujets. Ainsi, le roi, seigneur d’Ile-de-France, n’exerce ses droits régaliens que sur son territoire. « Le roi doit vivre du sien » est l’adage de l’époque.
Une nouvelle géographie politique s’impose, la seigneurie se substitue à l’Etat, mais l’institution royale subsiste.
B. Le roi, un seigneur « sacré »
Le sacre est un rite qui perdure depuis Pépin le Bref, premier roi carolingien. Cette cérémonie, qui est d’abord instaurée pour légitimer son usurpation (Pépin le Bref évince le dernier roi mérovingien), va transcender la désignation du roi. Pendant la période féodale, et jusqu’au 12e siècle, le roi n’est qu’un seigneur banal parmi d’autre, cependant, il continue à être sacré. Le sacre, moment le plus grave et le plus grandiose dans la vie politique, comporte plusieurs étapes, symbolisant les attributs divins du Roi.
Il y a tout d’abord le serment du roi, il fait
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