Les frontières, une ressource ?
Dissertation : Les frontières, une ressource ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar K. D. • 4 Janvier 2021 • Dissertation • 1 840 Mots (8 Pages) • 610 Vues
Géographie dissertation : Les frontières, une ressource ?
« La frontière est une discontinuité, une rupture apparaissant dans l'espace ou dans le temps. » Par cette citation, Roger Brunet met en avant le terme de discontinuité renvoyant par définition à une absence de continuité. De ce fait, la frontière marque une multitude de différences entre deux Etats.
Tracer une frontière, c’est donc non seulement reconnaitre l’exercice de sa souveraineté sur un espace donné mais aussi marquer sa différence politique, administrative, culturelle, cultuelle ou encore paysagère vis-à-vis de son voisin. Les frontières terrestres ou maritimes impactent les territoires sur lesquels elles passent. Ils sont en effet générateurs de ressources.
La ressource créée et non découverte obéit à un besoin. Il convient de distinguer trois types de ressources. Tout d’abord, la ressource naturelle se définit comme un bien présent dans la nature potentiellement exploitable par l’Homme. Elle comprend des matières premières comme le pétrole, le bois, l’eau et des espèces vivantes comme les poissons, les fleurs. Les ressources immatérielles concernent des biens intangibles comme des capitaux financiers. Enfin, les ressources humaines concentrent les hommes et leurs capacités.
Dans un contexte de mondialisation il serait alors intéressant de se demander en quoi la frontière peut-elle jouer un rôle de ressource ?
Pour répondre à cette interrogation, notre plan s’articulera autour de trois parties. La première intitulée « Les espaces transfrontaliers européens » tentera de démontrer que les ressources jouent un rôle primordial dans le dispositif de Schengen. La deuxième partie de notre objet d’étude aura pour objectif de montrer que les convoitises suscitées par les Etats conduisent à des conflits géopolitiques dans lesquels les frontières ressources occupent une place centrale. Nous terminerons enfin ce devoir en mettant en évidence l’économie légale ou illégale que peut générer une frontière ressource.
- Les espaces transfrontaliers européens : coopération et partage des ressources : le rôle de l’espace Schengen
- Coopération et exploitation des ressources naturelles : l’exemple de l’hydroélectricité rhénane
- Frontières et ressources financières et salariale ou comment jouer sur la discontinuité monétaire. (Exemple des délocalisations en Europe de l’Est)
- Investissement européens et marges redynamisées : la frontière comme source de désenclavement (hôpital de Cerdagne)
- Les frontières maritimes : entre exploitation stratégique et ressources économiques
- Les ZEE et les richesses de la mer : l’exemple du conflit en mer de Chine
Au contraire des frontières terrestres, les frontières maritimes sont aujourd’hui peu délimitées. Seules quelque 160 d’entre elles l’ont été sur près de 450 frontières potentielles soit 30 % du total.
Avec la moitié du tonnage marchand transitant par cette mer, la mer de Chine est la deuxième voie maritime mondiale pour le commerce. Elle constitue également l’un des espaces maritimes les plus prisés de la planète. En effet, cette zone géographique étendue sur 1,35 millions de km², fait l’objet d’un conflit entre la quasi-intégralité des acteurs de la région à savoir le Japon, la Chine, Taïwan, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et l’Indonésie. Plus qu’une simple étendue d’eau, la mer de Chine méridionale incarne un ensemble d’enjeux dont chaque Etat tente d’en tirer parti.
Afin de comprendre ce conflit et montrer que la délimitation des frontières maritimes constitue l’un des principaux défis du XXIème siècle, la mer de Chine doit être présentée comme un espace maritime concentrant une multitude de ressources. Ces dernières sont réparties inégalement sur le territoire. En effet les ressources d’hydrocarbures sont principalement présentes au sud de la mer bien que des gisements soient progressivement découverts entre la Chine et le Japon. Les ressources halieutiques surexploitées au large de la Chine et du Vietnam sont abondantes dans la péninsule philippine et au nord de l’île de Bornéo. Alors que la Chine est le deuxième consommateur et importateur mondial de pétrole, on comprend aisément tout l’intérêt que ce dernier peut susciter à cet espace maritime. Les ressources halieutiques sont également essentielles pour les pays de la région puisqu’il s’agit non seulement d’un produit de base dans la gastronomie asiatique mais aussi une importante source de richesses pour les Etats. Ainsi, la pêche représentait 7% du PIB du Vietnam en 2014. Des crustacés aux cabillauds, du thon, aux harengs, les ressources halieutiques de la mer de Chine sont diverses et abondantes. Il est par conséquent difficile, voire impossible de satisfaire les revendications de chaque Etat en mer de Chine.
Le cas des revendications territoriales du récif de Scarborough entre la Chine, Taïwan et les Philippines illustre cet état de fait. Situé à 220 km des côtes philippines, cet atoll possède un lagon d’une superficie d’environ 150 km² dont 2 hectares émergent des eaux de la mer. Bien que son étendue soit dérisoire avec celle des trois Etats cités précédemment, ses alentours regorgent de ressources halieutiques et géologiques. Jadis aux mains des philippines et accaparé par la Chine, le récif coralien a fait l’objet d’un arbitrage par la Cour internationale de Justice. D’un côté, les Philippines prétendent que ce récif fait partie de sa zone économique exclusive. De l’’autre, la Chine défend l’idée que l’atoll possède une zone économique qui lui est propre. La convention de Montego bay de 1982 ratifiée par les Philippines et la Chine, stipule que les îles situées en dehors de la mer territoriale d’un Etat ont droit à une mer territoriale et à une zone économique exclusive (ZEE) à la condition que celle-ci soit peuplée et ait une vie économique suffisante. En l’absence de population et d’une vie économique minimale, le tribunal considère le territoire comme un rocher donnant alors droit à une mer territoriale mais pas à de ZEE. En juillet 2016, le tribunal international de La Haye reconnaît aux Philippines des droits souverains sur une zone économique exclusive de 200 milles marins. S’il ne statue pas sur la souveraineté du récif de Scarborough, il confirme que la Chine a bien violé les droits de pêche traditionnels des Philippines dans cette zone. Un arbitrage que Pékin rejette totalement.
...