Fusillés pour l'exemple et liberté de conscience
Synthèse : Fusillés pour l'exemple et liberté de conscience. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jean-Paul Charaux • 9 Mars 2022 • Synthèse • 614 Mots (3 Pages) • 342 Vues
Les fusillés pour l’exemple de la 1ère guerre mondiale
Il y a un peu plus de 107 ans, le 6 septembre 1914 se mettait en place des conseils de guerre d’exception dans lesquels il n’existait pratiquement aucun droit de la défense, de témoins contradictoires ni de recours en révision ou de pourvoi en cassation. Cela devait répondre clairement, selon Philippe Pétain, à l’époque général, à la préoccupation suivante, je le cite : « Pour maintenir l’esprit d’obéissance et la discipline parmi les troupes, une première impression de terreur est indispensable. ».
Avant même qu’elle ne commence réellement, les pouvoirs politiques et militaires décidaient que rien ne saurait entraver la guerre ! Ce conflit, tous les historiens s’accordent à montrer et démontrer sa sauvagerie. Henri Barbusse écrivait dans son livre « le Feu » : « Ce ne sont pas des soldats, ce sont des civils déracinés…chacun sait qu’il va apporter sa tête, sa poitrine, son ventre, son corps tout entier, tout nu, aux fusils braqués d’avance, aux grenades déjà prêtes et à la méthodique et presque infaillible mitrailleuse. »
Alors devant tant de carnages organisés presque scientifiquement, tout homme a le droit de réfléchir, le devoir de penser et d’aller au plus profond de lui trouver ce qui lui semble être le plus juste et d’agir en conséquence.
Sur le front qui n’était qu’un immense charnier, sous les obus et la mitraille, des hommes ont souffert, douté ou ont eu peur, ont refusé de partir à l’assaut et d’obéir à des ordres imbéciles donnés par des officiers incapables de les protéger. Ces hommes ont été jugés. Les derniers travaux de recherche évaluent à plus de 140 000 jugements et plus de 2500 condamnations à mort dont 650 pour « crimes militaires » selon la terminologie de l’armée c’est-à-dire de désobéissance militaire. Ces hommes qui n’ont pu ou pas voulu supporter la violence d’u conflit qui broyait par millions les corps et les esprits sont entrés dans la mémoire collective sous le terme des « fusillés pour l’exemple ». A ce jour, le ministère de la défense annonce le chiffre officiel de 639 fusillés pour l’exemple. A ce déni de la liberté de conscience, il faut ajouter la stigmatisation des familles dans les années qui suivirent, vouées à l’opprobre par une partie de la société.
Comme tout droit, la liberté de conscience doit être inscrite dans des textes, qu’ils soient des Déclarations, des Constitutions, des Lois ou des éléments juridiques.
Au début du XXème siècle l’objection de conscience n’existait pas. Peu à peu en avançant dans ce siècle qui connut tant d’atrocités légalisées, les conditions historiques, sociales et culturelles émancipèrent peu à peu l’individu et rendirent plus difficilement acceptable la mise en veille de l’entendement comme disait Kant dans « Qu’est-ce que les lumières ? » quand il parlait de l’état de tutelle volontaire. Le tournant est sans doute à l’issue de la 2nde guerre mondiale lors du procès de Nuremberg dans lequel des responsables militaires sont condamnés en vertu de principes universels et reposant sur la notion de crime contre l’Humanité. Les conflits suivants en France, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie posèrent à leur tour la question de cet éveil des consciences face à l’obéissance habituelle à la hiérarchie militaire. C’est en 1963 que le statut de l’objection de conscience est reconnu.
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