Les titulatures impériales
TD : Les titulatures impériales. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hugo Margoulin • 18 Octobre 2018 • TD • 2 893 Mots (12 Pages) • 752 Vues
Les titulatures impériales
Dans le monde romain, les inscriptions sur pierre furent extrêmement nombreuses, en particulier celles concernant les empereurs, indiquant la place singulière que possédaient les empereurs sur le plan politique. Une titulature est un titre ou l’ensemble des titres que porte une personne ou une maison, les titulatures impériales sont donc l’ensemble des titres que porte un empereur.
Lorsqu’une inscription mentionne ou honore l’empereur elle le désigne généralement par la série plus ou moins longue de ses noms et ses titres. Ceux-ci permettent souvent d’assigner à la pierre une date plus précise à l’intérieur du règne.
L’empereur Titus, fils de Vespasien et membre de la dynastie des Flaviens, règne sur un lapse de temps très cours de 79 à 81 de notre ère. Il est resté célèbre pour avoir réprimer la grande révolte du peuple juif du vivant de son père ainsi que pour sa reprise de Jérusalem. Malgré une jeunesse agitée notamment par ses amours pour la princesse orientale Bérénice, fille du roi de Judée Agrippa Ier, l'Orient est généralement mal vu par les romains et l’amour que Titus porte à Bérénice l'est encore plus. Il est confronté à deux choix : soit, il renvoie son amante en Judée ce qui permettrait à Titus de régner, soit il choisit de l’épouser mais devrait donc renoncer au trône. Titus est cependant considéré comme un bon empereur.
L’empereur Domitien est évoqué car il est le frère de Titus, également membre de la dynastie des Flaviens et lui succède lors de son décès. Son règne se trouve être plus long que celui de son prédécesseur car il règne de 81 à 96 de notre ère. Surnommé « Le Néron Chauve » il aurait laissé un souvenir particulièrement mauvais au peuple romain.
Nous avons ici deux inscriptions, la première est une inscription trouvée en Ombrie (région actuelle d’Italie centrale) et tirée du recueil d’inscriptions latines Inscriptiones latinae selectae constituée à la fin du 19e siècle et au début du 20e par l'historien et épigraphiste allemand Hermann Dessau et paru en 5 fascicules. La deuxième inscription fut trouvée sur un pont de la route de Lystres à Derbé en Lycaonie (zone située en Asie mineure dans la Turquie actuelle) et fait partie du recueil d’inscriptions latines Corpus Inscriptionum Latinarum (3e volume) constitué par l’Académie des sciences de Berlin-Brandebourg à la fin du 19e siècle et parue en 17 exemplaires (les deux derniers datant du 20e siècle). Ces inscriptions sont en général des titulatures impériales (elles donnent le nom complet de l'empereur mais aussi ses titres et ses pouvoirs) et sont présentes dans la quasi totalités de l’empire.
De nombreux et divers supports sont utilisés pour ces inscriptions comme des monuments attachés à l'empereur ou des statues, des lieux de passages ou autres. Ici, on ne sait rien sur le support de la première inscription hormis son lieu de découverte tandis que sur la seconde, on sait qu'elle a été gravée sur un pont entre Lystres et Derbé, en Lycaonnie (Turquie actuelle, limitée par Cappadoce et Galitie). Les monuments routiers sont de forme parallépipédique jusqu’au règne de Tibère mais prennent généralement une forme plus cylindrique par la suite.
Si le document vient de l’empereur lui-même (édit impérial) les noms et titres sont au nominatif (exprime la fonction de l’acteur) et dans le cas d’une dédicace honorifique ils sont au datif (exprime l’acteur indirectement).
Les inscriptions et plus généralement l’épigraphie permet à l'historien d'accéder à des informations auxquelles il n’aurait pas accès dans les sources littéraires. La première inscription ouvre à une considération qui n'intéresse pas les historiens de l'époque et permet d'appréhender la compréhension des fondements du pouvoir impérial. La seconde inscription évoque en plus l'intérêt d’une carrière sénatoriale brillante, celle de Galus (consul). L'épigraphie est devenue fondamentale pour connaître complètement le déroulement d'une carrière que ce soit d'un sénateur ou d'un chevalier car les historiens mettent en place une série d'inscriptions retrouvées qui vont faire apparaître des magistratures, charges, qui ne sont pas toujours évoquées dans les sources ainsi que leur disparition, leur ordre ou leurs fonctionnements.
Cela nous amène alors à nous demander en quoi ces titulatures impériales permettent-elles la compréhension du système politique romain. Nous étudierons tout d’abord les éléments du nom de l’empereur, puis, dans un deuxième temps nous étudierons les fondements du pouvoir politique et l’hérédité dynastique.
I) Les éléments du nom de l'empereur
Le but étant de comprendre les fondements, le nom de l'empereur montre que la dimension charismatique est très importante. Les noms distinctifs de l’empereur sont précédés de la formule Impator Caesar qui annonce le pouvoir légal principal. Titus est présenté comme étant l'empereur dans les deux inscriptions : « l’empereur Titus César ». La traduction peut cependant s’avérer trompeuse, le terme latin présent à l'origine est imperator (Néron est le premier à l’utiliser), ce qui n'a rien à voir avec ce que l'on entend aujourd’hui par empereur, on ne devrait pas le traduire car il ne désigne pas un statut ou une position dans l'état. Il fait partie intégrante du nom de tous les empereurs depuis Auguste. Seulement 3 empereurs n'ont pas ce terme dans le nom : Tibère, Caligula et Claude.La formule officielle est suivie du cognomen disctintif de chaque princeps par exemple Imp. Caesar Vespasianus Aug. (Vespasien). Imperator fait également fonction de prénom officiel qui est une référence à un titre déjà existant car sous la République, il pouvait être décerné aux généraux ayant remporté des victoires considérables, ils étaient alors acclamés imperator par les soldats sur le champ de bataille, ce qui pouvait être validé par le Sénat. En s'octroyant ce titre et en l'incorporant à son nom, l'empereur marque donc une des caractéristiques essentielles du pouvoir à Rome : le repos sur la victoire, un empereur légitime est un empereur victorieux. Son premier devoir étant d'assurer la gloire de l'empire et sa protection.
Seul Titus a indiqué son vrai prénom avec Imp. Caesar car lui aussi s’appelait Vespasianus et souhaitait être distingué de son père. Titus devient donc son premier cognomen pour entretenir la confusion : Imp. Titus Caesar Vespasianus.
La deuxième composante du nom de l'empereur, après son nom de naissance, est César. A l'origine, César correspond avant tout à un surnom (cognomen). C'est le surnom de Jules César (Caius-praenomen – Iulius-nomen – Caesar-cognomen). César adopte Octave en 43 qui abandonne ensuite son ancien nom de Caius Octavius et reprend du vivant de son père adoptif le nom Caius Iulius Caesar en y ajoutant Octavianus. Il a désormais deux gentilices, Iulius et Caesar. César fait partie de son nom, à la faveur du caractère héréditaire du pouvoir à Rome et ce nom va être désormais conservé par les différents empereurs. C’est d’ailleurs ainsi que les anciens désignaient les empereurs, d'où vient l'appellation du livre de Suétone, La Vie des Douze Césars.
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