Bulle Speculam

Commentaire Bulle Speculam

Honorius III fut le pape de l’église catholique de 1216 à 1227. Le 16 novembre 1219, il rédige la bulle d’excommunication « Super Speculam ». Elle est scellée par le sceau papal et a pour but l’intérêt public. Cette décrétale va interdire l’enseignement du droit romain à Paris et ses environs. Ce texte intervient dans une période déjà particulière dû à la découverte récente du Corpus Juris Civilis qui suscite alors un engouement pour l’étude du droit civil représentant une menace pour le droit canonique. Le droit romain est donc perçu comme étant en opposition au droit canonique, régit par l’autorité ecclésiastique. Il va alors dans cette décrétale interdire l’étude du droit civil, c’est à dire le droit romain et contrer son expansion à Paris qui était son principal lieu d’enseignement, afin de protéger la pérennité du droit canonique. Alors comment Honorius III parvient à interdire avec fermeté la pratique du droit romain ?  Il faudra d’abord étudier le pouvoir de l’Église à l’époque grâce au droit canonique et dans un second temps, l’interdiction ferme du droit romain synonyme de menace.

I- La puissance et l’autorité du droit canonique

Le pape souhaite protéger l’enseignement de la théologie en contrant celui du droit romain et en s’appuyant sur son caractère moral car tout exception à la règle ferait objet de sanctions.

  A- L’étude indispensable du droit canonique

Dès les premières lignes, on peut relever « Salut et bénédiction apostolique », faisant référence aux apôtres ; et pour marquer le caractère universel de la foi chrétienne face au droit romain. Ainsi elle doit se propager et être la seule à être enseignée dans les universités grâce au droit canonique. Le pape Honorius III met aussi en avant la supériorité de l’enseignement du droit canonique face au droit romaine en mentionnant les « lois séculières » qui appartiennent au domaine laïc et non à l’église et donc par cette ligne discrédite le droit romain qui, contrairement à la théologie, ne reçoit pas de « salut et bénédiction ». Ces critiques peuvent s’expliquer par l’engouement pour le droit civil récent et donc la peur de cette nouvelle concurrence du droit canonique, ce qui va se traduire par des sanctions en cas de non-respect.

  B- Le caractère morale de l’Église

La bulle d’Honorius III contient un caractère moral et solennel car c’est une décrétale, à l’initiative du pape. Ainsi, durant cette période l’Église possédait une grande autorité et influence sur le peuple et notamment son représentant : le pape. Il va se définir comme étant « serviteur des serviteurs de Dieu », décision à respecter dans le cadre de la décrétale. On retrouve également l’expression « salut et bénédiction » qui octroie un caractère officiel de l’étude de la théologie dans les universités, car elle provient de Dieu. Alors, cette bulle s’adresse aux étudiants mais aussi professeurs qui pourraient s’égarer dans leur choix d’étude de Droit car le pape s’adresse à « ses chers fils du chapitre de Paris ». Il y a aussi le caractère menaçant du non-respect de ces lois, alors l’Église possèderait une autorité morale considérable qui l’autorise et lui donne le droit de sanctionner l’irrespect décrétale. Ainsi, le droit romain détourne de nombreux élèves de l’étude du droit canonique ce qui résultera de l’interdiction du droit Romain.

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