Que vous inspire cette formule d'Alain Juppé : « Un bon mode de scrutin c'est un mode de scrutin qui dégage une majorité de gouvernement, mais qui, en même temps, donne la parole aux minorités »

Le débat sur les modes de scrutin en France est présent depuis de nombreuses années et ce à cause des deux grands avis sur ce sujet. Ce sujet fait encore partie des débats actuels car il faisait partie des programmes électoraux des présidents élus ces dernières années.

Le mode de scrutin n’est pas simplement le moyen de représentation du peuple, mais bien plus. En effet le mode de scrutin peut, "faire ou tuer la démocratie" comme le dit Michel Debré. La démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple, et pour que la souveraineté appartienne au peuple plusieurs éléments sont requis, comme le suffrage universel ou le référendum.

Le mode de scrutin est le système qui permet de représenter la volonté du corps électoral par le moyen du suffrage universel. Le choix de l'un ou l'autre mode de scrutin sera un élément clé pour l'issu du vote et pour la répartition des sièges. Il existe deux grands modes de scrutins que sont la représentation proportionnelle et le scrutin majoritaire. Le scrutin proportionnel réparti les sièges proportionnellement en fonction du nombre de votes de chaque parti tandis que le scrutin majoritaire, qui peut être celui-ci à deux tours donne tous les sièges au parti ayant remporté le plus de voix.

C'est à cette idée que vient s'ajouter la citation d'Alain Juppé. Les deux modes de scrutin connaissent des principaux avantages et sur cette citation, Alain Juppé, présente un mélange qui est un sorte de mode de scrutin « idéal ».

Une question se pose alors qui est de savoir dans quelle mesure il est possible d’affirmer l'existence d'un bon mode de scrutin, d’un scrutin idéal?

Il convient d'analyser l'efficace mais discutable scrutin majoritaire (I), ainsi que le soutenable scrutin proportionnel (II).

I. L'efficacité du discutable scrutin majoritaire

Le scrutin majoritaire tient sa place de part son efficacité indiscutable (A), cependant, il peut venir s’opposer à la conception de démocratie (B).

A. L'efficace scrutin majoritaire

A son origine, la V ème constitution est faite pour renforcer le rôle du chef de l’État, et diminuer le rôle de l’assemblée nationale, afin de permettre au président en place de diriger le pays en une plus grande liberté.

En effet, pour que le gouvernement puisse gouverner efficacement il est nécessaire qu’il soit légitime en ne perde pas de cette légitimité face au reste des concurrents. Le meilleur moyen afin d’éviter que ce ne se produise est d’avoir une majorité au gouvernement et cette majorité s’obtient plus facilement avec le mode de scrutin majoritaire. Cette majorité est « Une majorité qui exprime un rassemblement d’électeurs au-dessus de leurs particularismes ». Par cette citation Michel Debré évoque implicitement le bipartisme que provoque le scrutin majoritaire, et qui permettrait d’unir un plus grand groupe de personnes afin de réunir une majorité pour le bien du gouvernement, de l’état, plutôt que les diviser en petits groupes selon leurs particularismes, qui celui-ci est l’une des caractéristiques principales du mode de scrutin proportionnel.

Ce système favorise la souveraineté de l’état, du gouvernement en place et lui permet donc d’imposer sa volonté car sans celle-ci il devient très difficile d’avancer en tant qu’état et de diriger un pays. Le mandat va se résumer comme tout un ensemble de choix, lois, une direction précise que va mener le gouvernement en place, dans un but précis envisagé depuis le début d’un mandat et qui s’achève en ayant laissé à ce gouvernement la liberté de ces choix, ce qui semblerait être plus logique. Un des mots le plus souvent employé pour définir ce mode de scrutin est « la stabilité ». En effet les électeurs ne vont pas virer dans un sens ou l’autre sans vraiment de sens.

Le scrutin majoritaire pourrait se présenter alors comme antidémocratique (B).

B. Le système antidémocratique du scrutin majoritaire

En effet, le fait de tout prendre lors de la « victoire » et ne rien laisser aux partis ayant « perdu » donne beaucoup de fois l’impression aux électeurs que leur vote n’aura servi à rien. Alors ce désengagement de grande partie de la population est un facteur de perte de démocratie d’un état où la souveraineté n’appartient plus au peuple mais qu’à une réduite partie de la population. Ainsi la population n’est pas fidèlement représentée, par exemple si au premier tour uniquement 40 % du corps électoral vote pour un parti, il aura le 100 % des sièges, et le 60 % restant ne sera pas représenté. Dans ce cas là, la souveraineté n’appartiendrait plus au peuple mais à une majorité relative.

Le vote des personnes sera souvent « stratégique » et pas pour affirmer leur position politique. Puisque le fait de voter un parti minoritaire n’aura pas de réel sens, les citoyens vont voter pour la personne « moins mauvaise » parfois ou pour s’opposer à un certain candidat. Nous pouvons évoquer à cette idée les exemples des élections américaines entre Joe Biden et Donald Trump, où le vote était dans beaucoup de cas contre Donald Trump. On peut encore évoquer un exemple en France de la récente réélection d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, ou encore la très récente élection de Lula Da silva face à Jair Bolsonaro. Ces votes seraient consacrés à la non-élection d’un candidat radical plutôt que de voter dans le sens d’un caractère politique. Cela empêche le multipartisme, en ayant plus d’idées

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