LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire

Cours : L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2022  •  Cours  •  6 417 Mots (26 Pages)  •  416 Vues

Page 1 sur 26

L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire

  1. Introduction : qu’est-ce que l’environnement ?

A : Une construction historique, sociale et politique

  1. Environnement et espèce humaine
  • Le terme « environnement », dans son usage actuel, est très récent. « Environnement » peut signifier « ce qui se trouve autour ».
  • Dès le départ, la notion d’environnement met en jeu le rapport de l’homme à la nature. Selon une vision qui se consolide à l’époque de l’humanisme, l’homme est placé au centre du monde. L’environnement apparaît alors comme le cadre dans lequel il évolue, ce qui est autour de l’homme. La notion rejoint celle de « milieu », le plus souvent utilisé en biologie ou en géographie. Le terme désigne ainsi tous les éléments naturels indispensables à la vie humaine : sol, air, eau, climat, relief, végétaux, animaux…
  • Mais cette vision tend à placer l’homme hors de la nature. L’homme est vécu comme une espèce à part, capable de transformer, adapter, dominer la nature en fonction de ses besoins. La nature n’est plus qu’une ressource dans laquelle l’homme peut puiser.
  • A partir de la seconde moitié du XXème s, la conscience écologique amène à réviser cette vision humano-centrée. La prise de conscience des dégâts causés par les activités humaines se fait progressivement. Elle invite à une vision plus humble, qui place l’homme comme un des éléments parmi les nombreuses interactions qui constituent un milieu.

  1. Une question devenue un enjeu planétaire majeur
  • Cette prise de conscience se fait à une époque où la pression anthropique devient plus forte. Le prélèvement des ressources et la transformation de l’environnement se fait dès la préhistoire. Le passage à l’agriculture au Néolithique accentue les transformations et permet d’amorcer une croissance démographique.
  • Or, la croissance démographique s’accélère à partir du XVIIIème s, incitant à accroître aussi la pression sur les ressources pour satisfaire les besoins d’une population qui atteint son premier milliard d’habitants aux alentours de 1800, passe le second milliard vers 1900, pour dépasser 7 milliards un siècle plus tard. C’est la période de l’industrialisation.
  • Après la 2nde GM, les alertes sur les dégâts environnementaux se multiplient, dans les pays industrialisés (USA, Europe, Japon…) en premier lieu, car les plus touchés. Dans un rapport de 1972, le club de Rome (qui réunit à partir de 1968 des scientifiques, des économistes, des industriels et des fonctionnaires de divers Etats et organismes internationaux inquiets des questions environnementales) préconise la décroissance : ralentir l’activité économique pour qu’elle pèse moins sur l’environnement.
  • L’ONU se saisit de la question. Dès 1972 elle crée son Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), à l’image du PNUD (1965) pour le développement, qui devait se pencher sur la question des inégalités. Faisant la synthèse des questions de développement et d’environnement, le rapport Brundtland consacre en 1987 la notion de développement durable. Le rythme trop rapide de transformation environnementale (réchauffement climatique, épuisement des ressources, pollutions) peut mettre en péril la présence de l’espèce humaine elle-même.
  • Des politiques de protection de l’environnement se mettent en place à diverses échelles. Depuis les années 70, des conférences internationales ont régulièrement lieu sur ces questions. Mais l’action reste dépendante du bon vouloir des Etats. Le principe de souveraineté leur permet de mener activement des politiques environnementales (législations protectrices, parcs naturels) comme de rejeter ou de ne pas respecter certains accords comme celui de la COP21. Enfin, l’échelle locale (villes, régions) est parfois plus efficace et peut même prendre le relai de l’Etat (cas de la Californie aux USA).

B : L’environnement, objet historiographique

  1. La naissance d’une branche de l’histoire
  • L’histoire de l’environnement est une branche de l’histoire. Elle naît aux USA dans les années 70. Le contexte est alors celui d’une forte agitation sociale et de revendication des catégories opprimées : les femmes, les Noirs. Les éléments naturels apparaissent comme d’autres formes de dominés dont il faut aussi faire l’histoire. L’émergence des sensibilités politiques écologistes se fait en parallèle et contribue à l’apparition de ce courant.
  1. Une historiographie riche et active
  • L’histoire de l’environnement se développe dans l’historiographie à l’échelle mondiale. Elle est reconnue désormais dans les universités et dans les laboratoires de recherches. En France, l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie fait figure de pionnier en s’intéressant au climat comme facteur explicatif des évolutions sociales des campagnes. (L’Histoire du climat depuis l’an Mil, 1967)

  1. Exploiter, préserver, protéger

A : Exploiter et protéger une ressource naturelle : la forêt française depuis Colbert

  1. Le temps de la « forêt ressource » (Moyen-Age-vers 1850)
  • L’Etat montre un intérêt majeur pour la protection de la forêt depuis la fin du XVIIème s. L’édit adopté par le roi Louis XIV en 1669, sous l’impulsion de son ministre Colbert, est un jalon important dans l’histoire de la forêt française. Le texte instaure des règles et des contrôles plus stricts, mais marque surtout un effort de protection : un quart des forêts du royaume est mis en réserve, l’âge de coupe des arbres est repoussé. Cette ordonnance s’applique aux forêts royales et, pour la 1ère fois, à celles de l’Eglise, des seigneurs et des communes.
  • La Restauration crée l’école royale forestière de Nancy en 1824 et organise une administration dédiée qui repose sur le code forestier adopté en 1827.
  • Entre le XVIIème s et la Révolution industrielle, la forêt est un espace de ressources convoitées par une multiplicité d’usages, d’acteurs et de conflits. La consommation du bois s’explique par une diversité de facteurs souvent convergents. La forêt est d’abord un gisement d’énergie et une réserve de matériau de construction.
  • Avec les progrès de la démographie et l’urbanisation, les besoins en terres cultivables sont toujours croissants. La vie dans les campagnes repose alors sur un système agro-sylvo-pastoral : les forêts sont toujours intégrées dans les modes de production et de consommation des villages de paysans. La forêt subit surtout la pression des hommes et des animaux avec le défrichement et le pâturage principalement. Elle est dégradée dans toutes ses dimensions, en tant qu’espace horizontal (le couvert forestier) et vertical (utilisation des grands arbres, du sous-bois, jeunes pousses ou bois morts). La forêt est donc un objet naturel, spatial mais surtout économique et social.
  • De nombreux acteurs exploitent la forêt ce qui provoque logiquement une multitude de conflits d’usages. L’Etat tout d’abord, s’impose comme un protecteur. C’est d’ailleurs la signification du mot latin foresta : les bois interdits aux « commun des mortels ». Les grandes forêts royales deviennent forêts domaniales avec la Révolution française. Avec la fin des grands domaines aristocratiques ou ecclésiastiques, le nombre de propriétaires privés se multiplie, le domaine forestier se morcelle. Les propriétaires sont soucieux de protéger leurs biens contre des petits paysans ou divers braconniers qui la considèrent comme un « bien commun ».
  1. Une vision productiviste de la forêt (1850-1985)
  • L’Etat demeure un acteur incontournable de la gestion de la forêt : il concilie le souci de protection et une vision productiviste de la forêt. Il encourage le reboisement par une série de lois entre le XIXème et le XXème siècle : le Second Empire en 1860 (reboisement des Landes et de l’Ariège), la 3ème République avec la loi de « restauration de la forêt » de 1882 et, la 4ème République qui crée le fonds forestier national (FFN) en 1946. L’ONF (Office National des Forêts) est créé en 1964 (5ème Rép), sous l’impulsion du ministre de l’agriculture Edgard Pisani.
  • La forêt s’impose comme un espace transformé, utilisé et progressivement protégé. Le couvert forestier est transformé par l’action de l’homme. Le reboisement a pour objectif notable la lutte contre l’érosion et les inondations, qui sont une menace croissante face à l’ampleur de siècles de défrichements.
  • La forêt est à cette période l’objet d’un changement dans les représentations : vue jusqu’ici comme une simple ressource, elle s’impose comme un havre de paix à préserver. Les écrivains romantiques et même les peintres de l’école de Barbizon jouent un rôle prépondérant dans la conversion des élites au concept de « patrimoine forestier ». Naît alors une perception urbaine et bourgeoise de la forêt associée à la paix et la tranquillité, dans une société marquée par les ravages de l’industrialisation et de l’urbanisation.
  1. Vers une gestion durable de la forêt (1985 à nos jours) ?
  • La forêt française est aujourd’hui un espace en pleine reprise et aux usages variés. Grâce à cette politique volontariste, la superficie de la forêt française progresse régulièrement depuis le XIXème siècle : elle passe de 9 millions d’hectares en 1862 à 14,6 en 1981 et         atteint près de 30% de la surface de l’hexagone aujourd’hui- dont 25 millions d’hectares en métropole et 8 millions dans les territoires d’outre-mer, pour l’essentiel en Guyane. Les Landes, le Nord-Est de la France, les forêts vosgiennes, les régions de montagne comme les Alpes, les Pyrénées et le Massif central, ainsi que le département du Var, restent les régions les plus boisées.
  • Ses usages écologiques deviennent aujourd’hui un enjeu majeur. Avec la priorité donnée aux énergies renouvelables, la forêt pourrait retrouver sa fonction de fourniture en énergie avec le développement du bois de chauffage. Dans un contexte de réchauffement climatique, elle pourrait jouer le rôle de « puits de carbone », les arbres captant le dioxyde de carbone présent dans l’air. La forêt française représente également une réserve de biodiversité : elle abrite plus de 120 espèces d’oiseaux et près de 30 000 espèces de champignons et d’insectes, qui sont par ailleurs particulièrement menacés sur le reste du territoire à cause de l’utilisation massive de pesticides.
  • La forêt française bénéficie d’un effort de protection et de « sanctuarisation », avec la création des parcs nationaux à partir des années 60 (surtout localisés dans les zones de haute montagne et les territoires d’outre-mer), puis avec celle des parcs naturels régionaux, formule plus souple, qui concilie protection de l’environnement et activités touristiques.
  • La loi relative à la gestion, la valorisation et la protection de la forêt adoptée le 4 décembre 1985 établit ainsi les critères du « développement durable forestier ». Les spécialistes de l’écologie prônent aujourd’hui une gestion plus ambitieuse qui mise sur la « résilience » (capacité de la forêt à résister aux catastrophes naturelles) et la biodiversité (préservation des zones humides et des bois morts, diversification des essences d’arbres).

B : Le rôle des individus et des sociétés dans l’évolution des milieux

  1. La révolution néolithique
  • La révolution néolithique (10 000-5000 av. J.-C.) est une révolution technique marquée par le nouvel âge de la pierre polie, utilisée notamment pour les haches, outils qui facilitent le défrichement. Cette révolution technique conjuguée avec une maîtrise des céréales conduisent à la naissance et à la diffusion de l’agriculture.
  • Très longtemps, les archéologues ont pensé que la révolution néolithique était née au Proche-Orient pour ensuite se propager en Europe. Les récentes découvertes penchent plutôt pour une multitude foyers, sur un temps long, qui s’étale de 10 000 à 1000 avant J-C : le Proche-Orient, la Chine du Sud, le Mexique et les Andes, la Nouvelle-Guinée et l’Océanie et l’Afrique subsaharienne.
  • La révolution néolithique a des conséquences massives et directes sur l’environnement : c’est le début de l’anthropisation. Elle se manifeste tout d’abord par une dégradation du couvert forestier. La coupe des bois entraîne plus généralement un processus d’érosion, de transfert des sédiments et d’appauvrissement des sols au fil des siècles. La biodiversité est touchée : les grands mammifères des zones tempérées de l’hémisphère Nord (les grands cerfs, bisons d’Europe, auroch) disparaissent.
  • Les effets de la révolution néolithique sont amplifiés et accélérés sur un temps plus long. Dans l’Antiquité, elle est renforcée par la maîtrise du cuivre puis du fer, qui permet un perfectionnement des outils agricoles.
  • Au Moyen-Age, l’Europe de l’Ouest est touchée par une nouvelle augmentation de la pression humaine sur l’environnement, marquée notamment par les grands défrichements. De nouveaux outils agricoles permettent la mise en culture de nouvelles terres. 2 types de paysages s’imposent ; l’openfield (forme de vastes champs ouverts) et les bocages (champs clos).
  • Avec la colonisation (XV-XXème siècles), les Européens modifient l’environnement à l’échelle mondiale. Lors du « grand échange colombien », la circulation des plantes, des fruits et des légumes sur les 5 continents, s’accélère. De vastes exploitations de culture coloniale (sucre, café, cacao, coton) couvrent les Antilles, le continent américain, puis l’Afrique et une partie de l’Asie.
  1. La révolution industrielle
  • Le concept de « révolution industrielle » a été théorisé pour désigner la révolution technique qui touche la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIème siècle. La date retenue est le dépôt du brevet de la machine à vapeur par James Watt en 1784. Elle permet une explosion exponentielle de la production, accompagne la révolution des transports et stimule un vaste processus d’industrialisation, d’urbanisation et de croissance économique inédite dans l’histoire.
  • La première révolution industrielle (charbon et chemin de fer) est suivie d’un 2ème épisode dans la seconde moitié du XIXème siècle (acier, chimie et électricité). Née en Angleterre à la fin du XVIIème siècle, elle se serait diffusée à l’échelle de l’Europe avant de toucher le continent nord-américain puis le Japon. Cependant, la pluralité des rythmes et des modèles invite souvent à lui préférer le terme « d’industrialisation » qui, au-delà d’une révolution brutale, en fait un processus lent et graduel, aux facteurs souvent complexes et changeants selon les pays concernés. Les historiens spécialistes de l’environnement commencent à lui préférer les termes de « révolution thermo-industrielle » ou « d’anthropocène » pour pointer ses conséquences irréversibles sur l’environnement.
  1. La révolution « thermo-industrielle »
  • La notion de révolution « thermo-industrielle » précise un aspect majeur de cette révolution industrielle : l’utilisation toujours croissante des énergies fossiles. Elles sont consommées de manière exponentielle par un nombre de nations et d’individus toujours croissant tout au long des XIXème et XXème siècles.
  • Le premier tournant est celui de la substitution du charbon de terre au charbon de bois au début du XIXème siècle. Pour exemple, la production britannique de charbon passe de 4,3 millions de tonnes par an au milieu du XVIIIème siècle à 287 millions de tonnes en 1913.
  • La découverte du moteur à explosion au tournant du XXème siècle fait du pétrole la nouvelle énergie préférée des nations industrialisées. Il accompagne l’essor d’une « civilisation automobile » qui permet l’étalement des villes (périurbanisation). Un mode de vie très énergivore s’impose dans les pays industrialisés, puis dans les pays émergents. La part des énergies fossiles reste écrasante dans le monde et continue encore à croître de nos jours.
  • La notion d’anthropocène, qui tente de définir et d’analyser les rapports irréversibles de l’humanité et de l’environnement, s’impose aujourd’hui dans le langage des spécialistes. Elle est au croisement de plusieurs disciplines : la biologie, la climatologie, l’histoire, la géographie et surtout la géologie.
  • La paternité du terme est attribuée au prix Nobel de chimie Paul Crutzen en 1995. La notion pointe la forte empreinte, et plus généralement la responsabilité des activités humaines (anthropiques) à l’échelle de la Terre, notamment en termes géologique. L’homme aurait ainsi donné naissance à une nouvelle ère.
  • Plusieurs indicateurs sont retenus. Le climat et la concentration en CO2 d’abord : la concentration en GES dans l’atmosphère a plus que doublé de l’ère préindustrielle à l’ère industrielle (après 1780). Le net recul de la biodiversité sur la planète ensuite : la disparition massive d’espèces fait craindre une 6ème extinction de masse après les grands cataclysmes observés dans les couches géologiques (l’extinction la plus connue restant celle des dinosaures).
  • Si sa définition est relativement consensuelle, l’anthropocène pose un problème de datation et de chronologie. Paul Crutzen la fait remonter à 1784, date retenue comme le début de la révolution industrielle. D’autres spécialistes n’hésitent pas à la faire remonter à la révolution néolithique, il y a près de 10 000 ans, quand les hommes ont commencé à transformer radicalement leur cadre de vie avec les progrès de l’agriculture.

  1. Le changement climatique : approche historique et géopolitique

A : Histoire du changement climatique : une lente prise de conscience

  1. Faire l’histoire du climat
  • La température moyenne au niveau de la surface terrestre varie depuis au moins 2 millions d’années. Ces variations sont à l’origine de l’alternance régulière de périodes glaciaires et interglaciaires. L’astronome M. Milankovitch identifie des cycles astronomiques qui expliquent ces variations sur des périodes longues. Au cours des 700 000 dernières années, on compte 4 périodes dites « glaciaires », interrompues par des périodes interglaciaires plus courtes. Sa théorie, née dans la 1ère moitié du 20ème siècle, est admise dans les années 70.
  • De nombreuses sciences s’intéressent à l’évolution du climat. Outre les climatologues et les paléoclimatologues, les historiens du climat retracent les variations du climat à l’appui de sources variées. Elles sont d’origine naturelle (analyse des glaciers, épaisseur des anneaux des arbres…) ou humaine (dates des vendanges, prix des céréales, témoignages…) La climatologie est l’étude du climat sur Terre alors que la paléoclimatologie est l’étude des climats du passé.
  • Il devient plus facile de faire l’histoire du climat à partir du Moyen-Age. En effet, les historiens disposent de nouvelles sources écrites, plus nombreuses parce que mieux préservées, qui permettent de saisir de façon plus fine les variations climatiques et ainsi d’en écrire l’histoire.
  1. Le climat de l’an Mil au XVIIIème siècle
  • L’optimum climatique médiéval correspond à une 1ère phase de réchauffement climatique. Qualifiée par les scientifiques « d’anomalie climatique médiévale », elle s’étend de 900 à 1300 environ et se caractérise par un climat anormalement chaud : étés un peu plus chauds et hivers plus doux. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les régions de l’hémisphère Nord, mais n’empêche pas de fortes variabilités, avec parfois des hivers très rigoureux qui provoquent des famines. Cette période plutôt favorable à l’homme lui a permis de s’installer dans des régions aujourd’hui considérées comme trop difficiles sur le plan climatique.
  • Au cours du XIVème siècle, le climat se rafraîchit : c’est le début du Petit Age Glaciaire. Cette période climatique plus froide touche l’Europe et l’Amérique du Nord et s’étend avec de fortes variabilités jusqu’au milieu du XIXème siècle. Marqué par des étés plus frais et des hivers plus neigeux, cet épisode correspond aussi à une avancée importante des glaciers. Ce refroidissement a des conséquences sur les sociétés. Ces pluies peuvent provoquer des inondations plus nombreuses et des épidémies qui ont un impact sur la mortalité.
  1. Les fluctuations du climat depuis le XIXème siècle
  • Le changement climatique que nous connaissons aujourd’hui se caractérise à la fois par sa rapidité et sa brutalité. En effet, depuis la fin du XIXème siècle la température moyenne à la surface de la Terre augmente de façon irrégulière. La décennie 2002-2011 est la période des 10 années consécutives la plus chaude depuis 1850 et le début des mesures instrumentales. En 2016, la température moyenne sur la planète Terre était d’environ 1 à 1,5°C au-dessus des températures moyennes de l’ère préindustrielle.
  • Cette hausse des températures a des conséquences importantes sur le climat : réchauffement et élévation du niveau des océans, fonte des glaces, augmentation des pluies et sécheresses, amplification des phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes) qui bouleversent la vie et les activités des hommes. En 2005, le terme de « réfugié de l’environnement » est utilisé pour la 1ère fois dans un rapport de l’ONU. On estime que le nombre de « migrants climatiques » sera de 140 à 250 millions d’individus d’ici 2050.
  • Les scientifiques sont les premiers à lancer l’alerte : en 1958, Charles Keeling, scientifique américain, observe que l’augmentation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère est liée à l’activité humaine. Dès la fin des années 70, les scientifiques évoquent les rejets de CO2 comme cause probable du réchauffement climatique. Cette aggravation est liée à l’augmentation de la concentration de GES naturellement présents dans l’atmosphère, parmi lesquels le CO2. Le CO2 est le premier responsable de cet effet de serre additionnel et donc du réchauffement climatique.

B : Quelles politiques pour lutter contre le changement climatique ?

  1. De la prise de conscience mondiale de l’accélération de la hausse des températures…
  • Il faut attendre 1972 et la 1ère conférence des Nations unies sur l’environnement pour que sa protection soit énoncée comme priorité internationale. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) est créé à l’occasion du premier sommet de la Terre à Stockholm. En 1979, la 1ère conférence mondiale sur le climat fait l’état des lieux des connaissances sur le climat, et sur l’impact de sa variabilité et de son évolution sur les sociétés humaines.
  • En 1988, le PNUE et l’organisation météorologique mondiale (OMM) donnent naissance au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cet organisme est fondé sur l’idée d’une coopération entre des scientifiques et des représentants gouvernementaux de chaque Etat membre. Sa mission est d’évaluer les risques liés au changement climatique. Le GIEC ne conduit pas de recherches, mais réalise un état des lieux de la recherche et des connaissances sur les différents aspects du changement climatique. Le premier rapport est publié en 1990.
  1. … à la mise en place d’une coopération internationale (années 80- années 2010
  • La lutte contre le réchauffement climatique n’est envisageable qu’à l’échelle de la planète. Cela nécessite la mise en place d’une coopération efficace entre tous les Etats. La convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC), 1er traité international sur le climat, ratifié en 1992 par la quasi-totalité des pays, met en place une gouvernance politique mondiale. Elle comprend des principes innovants comme la responsabilité commune mais différenciée des Etats selon leur niveau de développement. Elle est complétée par des protocoles. Ces derniers sont discutés lors des conférences des partis (COP), réunion annuelle des Etats ayant ratifié la convention. Les COP font le point sur l’avancement du processus et déterminent les mesures à prendre.
  • Le protocole de Kyoto est le 1er traité international. Il est signé en 1997, au cours de la COP3 et tente de répondre au défi climatique en imposant aux pays industrialisés de limiter leurs émissions de GES de 5,2% entre 2008 et 2012, par rapport à 1990. Le protocole, aujourd’hui ratifié par 195 pays, est entré en vigueur en 2005. Ses objectifs ont été atteint avec une réduction supérieure à 20%, masquant des différences selon les Etats. Toutefois, certains pays ont fait défaut. En 1997, le sénat américain vote à l’unanimité son refus de l’accord de Kyoto. Les sénateurs contestent l’absence d’obligation pour les pays en développement, pourtant amenés à devenir de gros émetteurs. En 2011, le Canada se retire à son tour en raison d’un coup jugé excessif pour son économie.
  1. L’accord de Paris et les enjeux géopolitiques actuels
  • En 2015, se réunit à Paris la COP21, dont le but est de parvenir à un nouvel accord universel. Il engagerait, à partir de 2020, l’ensemble des Etats et particulièrement les plus grands émetteurs de CO2 que sont la Chine et les USA. L’accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre 2016, est universel et différencié. Son objectif est de limiter la hausse des températures à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle et de s’efforcer de tomber à 1,5°C.
  • Mais chaque Etat doit prendre des engagements à la hauteur de ses responsabilités. L’accord cherche à établir une répartition juste des efforts entre pays industrialisés, pays émergents et pays pauvres. Les premiers, considérés comme responsables historiques du réchauffement, se sont engagés à débloquer chaque année 100 milliards de dollars à destination des pays en développement d’ici à 2020 pour les aider dans leur transition. Ce montant, considéré comme plancher, est destiné à augmenter dans les années à venir. Le 1er juin 2017, le président Donald Trump met l’accord en danger en annonçant le retrait des USA. L’argument avancé est essentiellement économique.
  • Les enjeux géopolitiques diffèrent selon le niveau de développement des Etats. Pour les pays industrialisés, les enjeux sont culturels et économiques. Il s’agit de changer de mode de production et de consommation, mais aussi de s’assurer la sécurité énergétique. Dans les pays émergents, les émissions de CO2 sont en pleine croissance depuis la fin du XIXème siècle. La Chine est le 2ème pollueur mondial.
  • Les pays émergents, divers dans leur niveau de développement, souvent très touchés par les conséquences du réchauffement climatique, sont au centre des négociations sur le climat. Ils ont à la fois tout intérêt à contrôler la hausse des températures mais, touchés encore fortement par la pauvreté, ont du mal à s’investir et ont intérêt à faire peser les efforts sur les pays développés. D’autant plus qu’ils voient dans certaines politiques une volonté des pays du Nord de restreindre leur développement.
  • Les pays les moins avancés, bien qu’ayant une faible part au réchauffement climatique, sont les plus vulnérables. Situés dans des zones qui subissent de forts impacts (montées des eaux pour les Etats insulaires), ils sont aussi trop fragiles économiquement pour assumer les efforts demandés. L’enjeu est donc de savoir comment les pays du Nord, responsables historiques du réchauffement et qui maîtrisent les technologies et les capitaux, peuvent accompagner les pays du Sud dans leur politique de lutte contre le réchauffement climatique.

  1. Les Etats-Unis et la question environnementale : tensions et contrastes

A : L’environnement aux USA : entre protection, exploitation et transformation des milieux depuis le XIXème siècle

...

Télécharger au format  txt (43 Kb)   pdf (305.6 Kb)   docx (385.7 Kb)  
Voir 25 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com