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Commentaire linéaire Indiana, George Sand

Cours : Commentaire linéaire Indiana, George Sand. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2022  •  Cours  •  2 248 Mots (9 Pages)  •  2 098 Vues

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Commentaire Linéaire

Indiana, George Sand

Introduction :

  • Présentation auteur :
  • Présentation œuvre :
  • Présentation extrait :
  • Situation dans l’œuvre : Un matin Raymon de la Ramière, de retour d’un bal, trouve Indiana chez lui. Elle lui demande de la cacher parce qu’elle ne veut pas partir à Bourbon avec son mari. Malgré toutes ses promesses, Raymon la chasse et c’est son cousin Ralph qui la reconduit au domicile conjugal.
  • Contenu de l’extrait :
  • Problématiques possibles : Tout questionnement portant sur la remise en question par le personnage du mariage tel qu’on le conçoit à l’époque, ou sur la révolte du personnage.

  1. Delmare accueille Indiana au retour de son escapade
  1. Delmare est impressionné par sa femme
  1. Dès le début du texte, le rapport de soumission est inversé  et Delmare placé en situation d’infériorité :
  1. L’arrivé d’Indiana anéantit instantanément tout effort pour adopter une attitude censée imposer son autorité :
  • l.1 :  « Quand son mari l’aborda d’un air impérieux et dur, il changea tout d’un coup de visage et de ton »
  • + vocabulaire de la soumission :   « contraint », « maté ».
  1. La  tentative de Delmare pour garder une contenance reste  infructueuse :
  • L.2-3 : « Il essaya d’être digne et froid ; mais il n’en put jamais venir à bout ». Ici, le lien de juxtaposition marqué par le point virgule met en relief  l’échec de Delmare.
  1. Cette soumission est aussi sensible dans le ton qu’il adopte, qui marque l’effort fait pour garder son calme :
  • L.4-5 : « Daignerez-vous m’apprendre » = « aurez vous la bonté de m’apprendre ». Delmare semble demander une faveur à sa femme, ce qui le place d’emblée dans une situation d’infériorité. + apostrophe  « Madame » = marque de politesse
  1. Le sang-froid d’Indiana
  1. Indiana est elle immédiatement montrée comme une personnalité charismatique. En effet on parle de « la supériorité de son caractère » (2), de son attitude « Digne et froid(e) » (3).
  2. A l’inverse de son mari, et alors qu’elle est techniquement en faute, elle a suffisamment de vivacité d’esprit pour savoir maîtriser ses expressions et profiter du flou qui plane sur la durée de son absence,
  • L.6.7 : « Ce « peut-être » apprit à Mme Delmare que son absence avait été signalé assez tard. Son courage s’en augmenta. »

Transition I/II : le courage d’Indiana est donc sa marque de fabrique, alors que Delmare, lui,  est d’emblée montré comme d’un caractère inférieur à celui de sa femme. Cette faiblesse du mari - qu’il tente pourtant de dissimuler -  et la supériorité d’Indiana, se confirment dans l’affrontement qui suit. Affrontement qui met à jour le rapport homme/femme dans le mariage.

  1. Une confrontation révélatrice du rapport homme/femme dans le mariage

L’utilisation de la forme dialoguée (discours direct) supprime tout intermédiaire entre les personnages et le lecteurs :

  • Il a l’impression d’assister à la scène et peut ainsi mieux ressentir la personnalité des deux personnages et la violence du débat.
  • L’auteur peut ainsi faire passer directement ses idées par l’intermédiaire de l’héroïne en jouant sur l’émotion du lecteur qui est conduit à éprouver de l’empathie pour la jeune femme.
  • Le lecteur se trouve contraint de prendre parti entre deux personnages qui s’affrontent : la jeune femme courageuse et maîtresse d’elle-même VS Delmare qui ressemble aux vieux barbons des comédies de Molière (Arnolphe), qui n’a d’autres moyens pour imposer son autorité que la menace ou l’insulte.
  1. Indiana, affirme ses convictions  avec force et tranquillité
  1. Elle veut dénoncer le rapport homme/femme dans le mariage et affirmer sa liberté de conscience.
  1. la relation entre le mari et la femme est une relation de domination, exprimée en termes très clairs : « maître » (14), « esclave », « seigneur » (17)

l’utilisation de ce vocabulaire renvoie à des systèmes sociaux abolis (l’esclavage et la féodalité) L’héroïne l’utilise pour souligner l’injustice et l’anachronisme d’un système légitimé par la loi : le Code Civil (Code Napoléon de 1804 : qui précise - entre autre - que « les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes, les criminels et les débiles mentaux »). Elle évoque cela dans les lignes 17 à 19 :

  • « La loi de ce pays vous a fait mon maître (…) vous avez le droit du plus fort et la société vous le confirme. »

Il peut la contraindre par la force, ce qu’Indiana rappelle à la ligne 18 « Vous pouvez lier mon corps, garrotter mes mains, gouverner mes actions » : ici le rythme ternaire insiste sur le caractère absolu et total de l’aliénation de la femme par son mari.

  1. Indiana montre qu’elle conserve sa liberté intérieure envers et contre tout. Alors que la loi fait du mari « le seigneur » et « le maître » de sa femme, son pouvoir est finalement assez limité.  Ainsi la contrainte physique imposée par Delmare est sans effet car elle n’agit pas sur l’esprit qui demeure libre.
  • L. 19 à 22 « Sur ma volonté, Monsieur, vous ne pouvez rien…Cherchez donc une loi, un cachot, un instrument de supplice qui vous donne prise sur elle ! C’est comme si vous vouliez manier l’air et saisir le vide. »
  • L. 24 : « Vous pouvez m’imposer le silence, mais non m’empêcher de penser. »

Ainsi en affirmant cette liberté de conscience, Indiana nie à son mari toute autorité morale sur elle. La seule autorité morale qu’elle reconnaisse est celle de Dieu :

  • L.20 : « Sur ma volonté (…) vous ne pouvez rien, Dieu seul peut la courber et la                 réduire »

  1. La force d’Indiana réside dans sa ferme détermination à affirmer ses convictions.
  1. Elle veut affirmer son droit à la liberté morale à défaut d’une liberté physique et matérielle. Cette résolution s’exprime fermement à travers les réponses franches et sans détours qu’elle fait au colonel qui la questionne ou la menace :
  • L.8 : « Non Monsieur, mon intention n’est pas de vous le dire. »
  • L.11 : « J’y tiens fort peu »
  • L.28 : « Je ne vous conseille pas de le tenter »
  1. Elle affirme sa volonté :
  • vocabulaire de la volonté : « intention » (8), « volonté » (19)
  1. La force de cette conviction  est aussi sensible dans le recours fréquent
  • aux formes négatives qui dépouillent son mari de ses droits sur elle :
  • L.12 : « vous n’avez pas le droit »
  • L.20 : « vous ne pouvez rien »
  • L.24 : « vous pouvez m’imposer silence, NON m’empêcher de penser »
  • Et aux marques de refus :
  • L.8 : « Non, monsieur, répondit-elle, mon intention n’est pas de vous le dire.
  • L.11 : « J’y tiens fort peu » ; « je refuse de vous répondre »
  1. Il ne s’agit pas pour elle de se justifier, elle considère qu’elle n’a aucun compte à rendre à son mari :
  • L.11-12 : « Si je refuse de vous répondre, c’est absolument pour la forme »
  1. Elle veut prouver la justesse de ses revendications d’où l’utilisation du vocabulaire de l’argumentation : « convaincre » (13).

       C’est donc elle qui a des leçons à donner à son mari et non pas l’inverse.

  1. On peut aussi dire qu’Indiana trouve des armes dans le caractère même de son mari qui apparaît comme ridicule dans sa colère. Elle sait jouer de la vanité de Delmare en lui montrant que la démonstration de force qu’il tente en utilisant la menace le dévalorise à ses propres yeux et à ceux des autres :
  • L.28 «  Je ne vous conseille pas de le tenter, votre repos en souffrirait et votre dignité n’y gagnerait rien »

        « Votre dignité n’y gagnerait rien » = litote : « vous y perdriez votre dignité. »

  1. Sa force réside enfin dans l’impassibilité et la froideur qu’elle oppose à la colère et à la violence de son mari : alors que Delmare « verdit de colère et de surprise » et parle d’une « voix chevrotante », altérée par l ‘émotion, Indiana lui répond « d’un ton glacial ». De la même façon, quand il « lui meurt(rit) la main » elle répond encore une fois « sans changer de visage ».

  1. A l’inverse Delmare apparaît comme la caricature du mari borné et s’abaisse devant sa femme
  1. Les réponses de Delmare à Indiana révèlent la conception qui est la sienne du rôle de la femme et l’image qu’il en a :
  1. La femme est considérée comme mineure à vie : elle ne serait pas capable de se diriger           elle-même car elle reste un être imparfait, inachevé : ceci est sensible dans l’apostrophe « femmelette » (16) où le suffixe dévalorisant peut évoquer la faiblesse du personnage mais aussi qu’Indiana a un statut encore inférieur à celui de la femme.
  • Elle est infantilisée par l’adjectif « impertinente » (23) qui signifie « insolente », « effrontée »
  • Elle est déshumanisée et devient un animal qu’on peut « dompter » (26), « un vermisseau » (25), c’est-à-dire une larve, un être insignifiant et faible, « une créature » (23) qui désigne un élément de la Création non doté du statut de personne mais qui peut être aussi employé pour désigner une prostituée, une femme de petite vertu.
  1. Pour affirmer son autorité, Delmare se cache derrière l’argument d’une prétendue supériorité naturelle des hommes : « Prétendez-vous m’ôter la barbe du menton ? » (15-16). La encore il rappelle le sermon qu’Arnolphe fait à Agnès dans l’Ecole des femmes (III,2) :

                        « Votre sexe n’est la que pour la dépendance,

                           Du côté de la barbe est la toute puissance »

La seule attitude envisageable pour une femme est donc la soumission et l’obéissance : ainsi, il refuse à Indiana le droit à la parole : « taisez-vous » (23)

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