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Sommes Nous Plus Heureux En Possession De Nombreux Objets ?

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Par   •  11 Mars 2015  •  522 Mots (3 Pages)  •  1 053 Vues

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Contrairement au doux illuminé, le fanatique est prêt, pour imposer sa loi, à tuer et à sacrifier sa propre vie. Sa foi dans son dieu, son parti, son chef, sa patrie, sa famille (la vendetta ne relève-t-elle pas du fanatisme ?) est exclusive; en même temps qu'elle est quête d'un absolu, elle est corsetée dans la certitude d'avoir raison, l'imperméabilité à tout raisonnement critique et ne peut s'accomplir que par la destruction (ou la conversion) de celui qui pense différemment. Rien d'étonnant, donc, à ce qu’on ait commencé à parler de fanatisme au siècle des Lumières, quand la tolérance pointait son nez. Il fallait penser la tolérance pour pouvoir penser le fanatisme.

Rien d'étonnant non plus à ce que les philosophes aient englobé tous les monothéismes dans le fanatisme. Car les religions juive, chrétienne et musulmane ont peut-être, plus que toute autre, chauffé en leur sein cet égarement : fondées sur une révélation (celle de Moïse, de Jésus ou de Mahomet), elles veulent désigner la vérité, le chemin du salut. Elles opposent le « vrai » Dieu aux « faux » dieux, le « peuple de Dieu » (le peuple juste) aux autres.

Mais aujourd'hui, alors que la ferveur religieuse semblait s'assoupir, comment expliquer le retour en force des fanatismes ? justement à cause de cette éclipse du religieux, de ce que certains auteurs, après Max Weber, appellent le « désenchantement du monde » : l'effacement des religions comme mode d'explication du monde. Et, plus largement, la faillite des idéologies. Le terrorisme recrute parmi ceux que terrorise ce « désenchantement », ceux qui veulent désespérément se raccrocher à une certitude dans un monde en changement chaotique.

La recherche d'un absolu, d'une foi, de certitudes, de la pureté (n'oublions pas que, dans la Marseillaise, nous souhaitons « qu'un sang impur abreuve nos sillons »), d'une vérité pour nous rassurer face à la mort, au non-sens de l'existence, ne saurait aboutir. D'où tant de frustrations meurtrières.

Le fanatisme se nourrit du changement, des ébranlements provoqués par l'histoire récente : les séquelles de la colonisation, les guerres (Pol Pot aurait-il existé sans la guerre du Vietnam ?), la « modernisation » brutale (l'Iran ne l'a pas supportée), les crises économiques, la faillite de tous les modèles de développement. […]

Et aujourd'hui, [il se dresse face à ce qui lui apparaît comme] la plus inquiétante des évolutions : l'essor de la démocratie. Car la démocratie, c'est non seulement la tolérance, mais, par essence, la fin des certitudes, des vérités révélées et éternelles.

La démocratie dans un monde « désenchanté », c'est l'acceptation de l'autre, de la différence, du doute. Mais la démocratie est également « perte du sens », qu’il soit religieux ou marxiste. Adieu les explications globales, les réponses toutes faites. L’homme et les institutions restent seuls devant leurs responsabilités. Dur ! [...]

La démocratie est comme la science : elle pose plus de questions qu'elle n’en résout. Le scientifique, comme le démocrate, n’a pas de réponse préétablie. D'où l'angoisse.

B.

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